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Ça sent la barbouze !

L’affaire Woerth Bettencourt se complique des étranges vols d’ordinateurs portables dont ont été victimes trois journalistes qui enquêtaient sur cette ténébreuse histoire de gros sous.
Qu’un petit voyou de quartier s’introduise par une fenêtre ou une porte mal fermée dans un local non gardé et vole un ordinateur, quoi de plus banal ! Mais trois ordinateurs dans trois endroits différents dont les propriétaires traitent de la même affaire judiciaire, c’est trop !
Tout le monde pense aux barbouzes au service de l’Etat ou d’officines privées, pour ces dernières, elles recrutent d’anciens policiers, des créatures des RG (Renseignements généraux), des escarpes reconvertis. Ces messieurs ne font pas ce métier sans garantie, couverture et repli éventuel. Le Watergate est encore dans toutes les mémoires.
Si cette histoire a pris très rapidement la dimension d’une affaire d’Etat, c’est notamment parce qu’un ministre par tous ses mensonges y est impliqué et derrière lui le président de la République. Si l’on s’en tient aux témoignages de témoins directement au cœur de l’affaire, le président et l’UMP auraient perçu des fonds des richissimes Bettencourt pour gagner les élections et battre Ségolène Royal.
C’est gravissime et si ces faits étaient avérés, c’est tout l’Etat et la légitimité de son président qui en seraient affectés !
Le frein visible que le procureur Courroye a mis en place à Nanterre afin de ralentir la procédure et les enquêtes, son obstination à ne pas nommer un juge d’instruction, démontrent, s’il en était besoin, la complicité de la garde des sceaux et derrière elle, l’Elysée, pour que cette affaire ne sorte pas des dossiers qui s’accumulent sur le bureau de Courroye (1), au lieu de pourrir la vie publique et mettre à mal le système.
Bien entendu, tout cela sans ordre précis, papiers compromettants, juste par des bruits de couloir, des allusions sur un ton feutré et de vagues récompenses, par exemple un poste bien rémunéré et en vue plus tard… bien plus tard, pour Courroye et la clique des barbouzes. Tout cela informel et très délicat à manipuler, autant le pouvoir renâcle sur l’obstacle Bettencourt, autant il n’hésiterait pas une seconde à traîner l’imprudent journaliste devant les tribunaux si, par hasard, celui-ci avait oublié le conditionnel et les guillemets en qualité de mesures de précautions élémentaires.
Les journalistes ont porté plaintes. Si ça se trouve, ce sont des collègues de la barbouze qui a fait le ménage qui seront chargés de l’enquête !
On voit qu’en France, l’Etat de droit est devenu de la science fiction.

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Pour ceux qui auraient loupé l’info rappelons les derniers épisodes de l’affaire qui embarrassent le pouvoir.
Le premier vol d’un ordinateur portable fut celui dont fut victime le journaliste du Monde Davet, chef du service reportage. Il vient de porter plainte après un cambriolage survenu chez lui jeudi 21 octobre. Gérard Davet a récemment déposé deux plaintes pour violation du secret des sources, dans le cadre de sa couverture de l’affaire Woerth-Bettencourt. Il n’exclut pas que le vol de son ordinateur soit lié à ce travail, par une forme "d’intimidation".
« Depuis deux mois, je vais de surprise en surprise – précise Davet. J’ai appris que le contre-espionnage français avait essayé de connaître mes sources via mon téléphone portable. Ensuite, j’ai appris que l’inspection générale des services avait elle aussi cherché, toujours via mon téléphone portable, à savoir si je fréquentais la juge Isabelle Prévost-Desprez. »
Cette mésaventure est également survenue à Hervé Gattegno, rédacteur en chef au Point. Il s’est fait voler son ordinateur portable dans les locaux du magazine.
Le cable antivol de son ordinateur, situé dans le bureau du journaliste, a été sectionné net, vraisemblablement à l’aide d’une pince coupante. Les cambrioleurs étaient visiblement bien renseignés, car Hervé Gattegno venait tout juste de changer de bureau au journal.
Enfin, deux semaines avant le vol des ordinateurs des journalistes du Monde et du Point en charge de l’affaire Bettencourt, les locaux de Mediapart avaient été cambriolés. Là, deux ordinateurs portables ont disparus. Un disque dur externe contenant des données confidentielles et deux cédéroms regroupant les fameux enregistrements réalisés chez Liliane Bettencourt ont également disparu.
Il ne s’agit plus de coïncidences, mais d’une suite logique de fric-frac organisée pour autre chose que la revente de matériel électronique.
Les cambriolages viennent en surimpression d’un climat alourdi par les grèves, les lois iniques sur les pensions et l'affaire Woerth-Bettencourt.
"Cette accumulation d'événements, entre cambriolages et espionnage téléphonique, pourrait avoir une explication : la volonté de dissuader tout informateur potentiel de parler à la presse dans les affaires sensibles", écrit Mediapart. "Les autorités cherchent constamment à violer le secret des sources des journalistes. Du coup, ces mêmes sources se méfient et délivrent de moins en moins d'informations. C'est une forme d'intimidation insidieuse qui gêne considérablement notre travail", déplorait lundi Gérard Davet.
Le Ps de Martine Aubry a demandé des explications au Gouvernement via ses représentants à l’Assemblée nationale.
Sarkozy au plus bas dans les sondages commence à ressembler étrangement à Richard Nixon !
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1. Devant le scandale grandissant, le supérieur hiérarchique de Courroye l’a mis en demeure de céder les dossiers à un juge d’instruction. En attendant Courroye aura résisté aux pressions de l’opinion jusqu’à ce que la loi sur les pensions soit votée. Il sera intéressant de voir si Sarko reprendra Woerth dans le futur remaniement du gouvernement.

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