Conciliabules du conciliateur.
Quoique l’opinion soit lasse des pourparlers pour un futur gouvernement, il faut bien de temps en temps se remémorer que les efforts de renouer le dialogue se poursuivent au tout haut lieu. Ne serait-ce que pour rassurer madame Houard, nous sommes toujours en Belgique. Les éminents personnages à qui nous avons délégué nos pouvoirs sont en pleine activité. Pensez que nous les paierions, s’ils étaient morts ou absents !...Cela nous vaudrait des plaintes des patriotes. Quant à savoir s’ils méritent les émoluments que nous leur consentons, c’est une autre affaire qui ne nous concerne pas. Ils fixent eux-mêmes leurs salaires. Ainsi, c’est impossible qu’ils se mettent en grève et bloquent le Parlement, pour des revendications salariales. C’est un souci en moins !
Le roi a pourvu à tout en nommant Vande Lanotte, VDL pour faire court, conciliateur, avec ordre de concilier. Nous sommes heureux d’apprendre de la bouche même « de la plus belle intelligence de Belgique » qu’il n’y a aucun obstacle à ce que les négociations soient relancées ce mercredi.
Reste la méthode. VDL la garde pour lui. C’est normal, élémentaire quand on a été prof à l’université. Il faut toujours garder ce qu’on sait pour soi, si on ne veut pas être remplacé par quelqu’un d’autre très rapidement.
Le pays ne retient pas son souffle. Tout le monde s’en fiche. A un point tel qu’il faudra bien que VDL lève un coin du voile de sa méthode, s’il veut passer à la télé et relancer les négociations et qu’on n’imagine pas que c’est un pétard mouillé de plus. Si c’est à la manière du canon sur rail des foires d’antan, qui faisait exploser le pétard au sommet de son ascension, n’importe quel rustaud à la gonflette des salles de gym ferait mieux l’affaire, même si VDL à la silhouette d’un poids welter de la salle Wagram.
Mais attention, ne battons pas des cils trop vite, la confiance n’est pas assez importante pour carrément remettre les Sept en présence. Cela leur serait fatal. Depuis le Quatre septembre, nos septembristes s’ignorent. Ils ne se reconnaissent plus.
L’odeur sui generis du leader anversois s’est perdue dans la mémoire olfactive du nouveau Jaurès… De même, Elio pourrait faire un caprice et changé de musc. Son pétale de rose, cher au Boulevard de l’Empereur, pourrait avoir été remplacé par une fragrance à la violette de Parme.
Quand ils se seront flairés aux choses de la vie et reconnus entre deux réverbères, VDL pourrait initier un match à trois. L’Ostendais contre le Montois et l’Anversois, ou l’Anversois contre l’Ostendais et le Montois. Tout dépendra des réponses que nos gloires du ring feront au questionnaire des experts de la Banque Nationale.
Le calendrier sera long a prédit le négociateur. On se demande si VDL n’est pas payé à la journée ?
Joëlle Milquet pourrait dire en préalable « in fine » et afin d’animer les débats, qu’elle n’était d’accord sur rien, mais que par esprit de conciliation, elle serait d’accord sur tout.
Les milieux branchés au patriotisme classique ne sont pas pour autant autorisés à pavoiser aux fenêtres de leur chapelle. Javaux, à la collégiale d’Amay, brûle des cierges. Il a commencé une neuvaine par une dizaine (seuls les initiés comprendront) tant un accord global actuel ne serait qu’un accord partiel, puisque VDL a laissé à la maison le dossier BHL !
Les gens l’ignorent sans doute, mais on n’a pas encore ouvert les dossiers brûlants avec le conciliateur royal. La Banque n’a traité que les chiffres de la loi de financement, le plus beau resterait donc à venir !...
Pour lister les compétences futures des Régions et Communautés, on irait jusqu’à la fin de l’année, que sera-ce avec le reste !
A la RTBF, le président de la N-VA Bart De Wever a eu le mot de la fin : "c’est monsieur Vande Lanotte qui sait tout. Il utilise un peu la méthode Dehaene, il parlait avec tout le monde mais ne convoquait pas de réunions plénières. Je pense que c’est une méthode très sage parce qu’on évite les blocages, les crises Le désavantage, c’est qu’on ne sait rien". Et de conclure : "Je pense que si monsieur Vande Lanotte n’y arrive (sic) pas, personne ne va y arriver. Alors, l’inévitable est là. Mais ce n’est pas à moi de décider".
Si notre augure national, celui par qui tout part et tout revient, agrégé d’histoire et latiniste distingué, Bart De Wever, nous rappelle entre les lignes qu’il faudra bien replonger dans l’isoloir afin que la N-VA confirme son irrésistible ascension, on se demande à quoi les palabres entre les Sept serviraient encore ?
L’Europe ne s’en préoccupe pas plus que les Belges. Tout se passe comme si le plan B lancé par le PS comme une plaisanterie n’était qu’une facétie dont il ne fallait pas tenir compte.
C’est probable.
Alors, il faut tout de suite en sortir un autre, plus crédible. Il y a urgence !