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La Belgique du bon usage.

Vande Lanotte déchante des trémolos dans la voix. La N-VA veut des élections anticipées. C’est clair. La plus « belle intelligence » de Belgique est à deux doigts de raccrocher son tablier au porte-manteau des hommes en « eur » du roi.
Dans un mois on pourra dire « A la chandeleur, la Belgique se meurt ».
Les experts de la Banque Nationale sont pris pour des ploucs. Les rapprochements et plus si affinités se font attendre. La table des négociations est réduite à celle d’un ping-pong dont les balles ne dépassent pas le filet.
Si la tendance au pessimisme se confirme, c’est bien la première fois qu’un homme politique aura été contraint d’abandonner un projet, par celui-là même qui aurait pu en être le premier ministre, si l’on songe, non pas au socialiste-libéral Di Rupo, mais à l’icône flamande Bart De Wever.
C’est le côté « voilà ma politique et je n’en changerai pas » qui me plaît chez Bart, même si cette politique est inquiétante ; car, elle emmerde tout le monde. C’est l’occasion d’un formidable coup de pied dans la fourmilière et l’écroulement du conformisme conservateur de tous les partis de pouvoir.
Enfin voilà un homme qui dit ce qu’il fait et qui fait ce qu’il dit. Il nous change de nos ectoplasmes toujours à compter leurs sous.
A l’heure présente, il faut se méfier des intégristes belgicains qui en sont arrivés à jouer contre leur pays. La preuve, la place accordée dans les journaux à l’éventualité de voir la Belgique plonger dans le rouge et suivre le chemin de la Grèce et de l’Irlande. A les entendre, nous deviendrions le compagnon d’infortune de l’Espagne et du Portugal pour des futurs d’angoisse quant au remboursement de notre dette, parce que nous ne savons pas former un gouvernement d’union nationale contre la crise !
Quelqu’un de sérieux ne peut pas imaginer que la spéculation s’acharnerait sur notre capacité de rembourser pour cette seule raison, si ce n’est une feuille anglaise qui pourrait nous cibler pour détourner l’attention de l’endettement britannique, alors que dans la Communauté nous ne sommes pas si mal placés, par rapport à d’autres.
Les milieux libéraux, le patronat et avec eux le parti socialiste ont hâte de mettre en place un gouvernement de rigueur, afin que les citoyens paient le prix d’un redressement des finances publiques par des sacrifices.
De là à se gargariser des mauvaises nouvelles du « Guardian »…
Qu’on le veuille ou non, il faudra bien se faire à l’évidence que la Belgique comprise de façon biblique, c’est fichu. D’où l’effervescence qui gagne Namur, le futur chef-lieu d’un Etat wallon, comme Bonn fut pendant longtemps le supplétif de Berlin. On aura beau dire, à Liège et à Charleroi, on ne se fait pas à l’idée que cette chose molle au confluent de la Meuse et de la Sambre devienne définitivement la capitale d’un nouvel Etat. Sa chance, c’est qu’il n’y a pas de Berlin en Wallonie. Juste une rivalité entre les deux grandes villes du Sud. Et de cette rivalité nul n’en veut parler franchement parce qu’on y découvrirait, non pas deux villes sœurs à populations quasiment égales qui se disputent un leadership, mais deux entités recouvrant deux types distincts de Wallons, souvent aux antipodes et qui dans leurs comportements ont autant de différences entre eux qu’un Wallon, d’un Flamand !
Voilà qui pourrait compliquer dans l’avenir la vie d’un futur Etat et qui donne aux rattachistes du pain sur la planche pour une solution globale. D’où l’idée qu’eut un jour José Happart à côté d’un tas d’autres plus déraisonnables les unes que les autres, mais dont il faut cependant détacher celle-ci comme étant géniale : faire une Europe des Régions au lieu de faire une Europe des Etats. Il entendait par là autre chose que la Région Wallonne. La Wallonie en aurait compté au moins quatre.
Voilà la révolution copernicienne, la seule qui vaille !

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On en est loin, évidemment. C’est un rêve, un de plus, qui s’éloigne à grands renforts d’idées reçues, de nostalgie et de l’impossibilité à un pays aussi conservateur que le nôtre de tirer un trait et de dire : c’est fini !
Ce qui accable dans le procès actuel d’un Etat qui agonise, ce n’est pas l’incapacité de la classe politique de se mettre d’accord pour en prendre les rênes, c’est l’absence d’idées de son organisation post-mortem. C’est le mensonge déplaisant du plan B et les menaces ridicules dont Di Rupo s’est servi pour l’agiter en guise d’épouvantail et qui fit rire Bart De Wever plutôt que l’inquiéter.
C’est la permanence d’une idée fausse depuis 1831…

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