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Une légende belge…

Beaucoup de gens rêvent, comme Béatrice Delvaux, d’un monde idéalisé, en l’occurrence d’une Belgique bon-enfant et sentimentale.
Puisqu’il faut impressionner l’inconscient collectif pour que ce rêve garde une vraisemblance proche de la réalité, il est tentant de créer un mythe.
Sur le plateau de ce dimanche de la RTBF, le représentant de la NV-A incarnait ce mythe pour les uns, tandis que les autres ne voyaient en lui que celui qui l’empêchait.
Mais, on ne crée un mythe en 2010, que lorsque le héros qui l’incarne meurt. Or la Belgique aurait besoin d’un mythe vivant.
Béatrice Delvaux est l’exemple d’une force active dans la formation des mythes. Son imagination de journaliste fertilise le mythe parce qu’elle permet de l’orner d’histoires annexes qui font le prix de toutes les mythologies.
De là à imaginer l’homme providentiel qui va sortir la Belgique du trou dans lequel elle s’enlise, chacun à sa petite idée là-dessus.
Pour que le mythe rejoigne la réalité, il faut que cet homme providentiel ait des traits connus, qu’il soit en vie, proche du peuple et cependant important.
L’image que les hommes se font de Dieu, un ectoplasme surpuissant, bienveillant mais inaccessible, n’entre pas dans la légende, puisqu’il en est l’essence ; comme la qualité surnaturelle de l’homme providentiel, puisqu’on nous a fait le coup il y a plus de deux mille ans ; ou des héros modernes comme Batman.
Pour que le mythe prenne de l’ampleur et qu’on en débatte, voici quelques repères à détailler et broder autour de l’axe principal.
Le héros de la Nation doit être de descendance noble. La « noblesse » a été étendue par soucis de démocratie aux métiers à risque, mineur de fond, pompier, parfois gangster. Après une prédication funeste (entendez par là, la nécessité de se nourrir poussant une famille à émigrer en Belgique), il est abandonné (1) ou kidnappé dans sa petite enfance. Recueilli par des parents adoptifs humbles (2) (cette affirmation de modestie reviendra souvent dans sa bouche), il émerge de l’obscurité grâce à une intelligence brillante et un travail opiniâtre.
L’analogie de ces mythes avec les fantasmes infantiles saute aux yeux des gens avertis, mais, heureusement, pour la constitution d’une légende forte, elle échappe à tous les autres, sans quoi le passage du mythe à la réalité serait impossible. Il a toujours paru intolérable à un héros immature (ils le sont tous) qu’on le traitât d’enfant !

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L’humanité crée son héros d’après ses antécédents.
Certains fantasmes sont représentés dans les mythes par un symbole. L’abandon d’un enfant dans un panier voguant au gré des flots, dépeint dans l’ancien testament, est une représentation symbolique de la grossesse et de la naissance.
Béatrice Delvaux n’est pas loin de son « roman familial ». Son enfance « heureuse » est pour beaucoup dans l’ivresse d’une Belgique sublimée en compensation d’une Belgique « sordide », qu’elle découvre tous les jours dans sa vie professionnelle.
Hitschmann, psychiatre (1871-1957) voit dans le processus du mythe qui se répand à toute la Nation « l’assimilation d’un mythe qui lui plaît ». Les mythes doivent avoir un caractère entraînant et les héros qui s’y insèrent, sont les « bons » génies que les Romains conserveraient chez eux en mânes du foyer sous formes de figurines.
Si, dans un cauchemar, Béatrice voyait Albert II la prendre par derrière en hurlant des insanités, et qu’elle en faisait un roman, certes, elle aurait un succès de curiosité, mais de mauvais aloi, et certainement pas un succès d’estime.
Alors qui, en Belgique, a le plus de chance d’entrer vivant dans la légende ?
Enfant d’émigrés, fils de mineur, abandonné (si l’on étend ce terme à l’enfant noyé dans une grande fratrie), poursuivant malgré les pires difficultés des études jusqu’à un doctorat, devenant par conviction et persuasion président d’un grand parti, qu’il transforme en une force du centre alors que ce parti allait disparaître s’il était resté à gauche, enfin, une personnalité qui en plus se prévaut d’une sexualité ambivalente et à la mode…
Vous ne voyez pas ?
En évitant de prononcer son nom, d’une certaine manière, je participe à la création du mythe.
---
1. Un enfant d’émigré né dans une famille pauvre a, au moins une fois dans sa vie, ressenti la sensation d’abandon.
2. Dans les familles nombreuses, des grands-parents, voire des voisins, jouent souvent le rôle de parents adoptifs.

Commentaires

Beatrice Delvaux, j'aimerais bien la connaître... je pense qu'elle ferait exploser mon cerveau nomade:)))

(d'un conteur-ermite des routes du Canada qui se prépare à vagabonder la Belgique l'été prochain))))

www.enracontantpierrot.blogspot.com
www.reveursequitables.com

sur google
Simon Gauthier, le vagabond céleste

LÈVE-TOI PÈLERIN
dormir
sous le pont de Gatineau, une nuit froide de neige
même pas de sac de couchage, du noir au beige

gémir
en p’tit bonhomme, les g’noux dans l’manteau
le nez sous l’gilet, là ou c’est chaud

grandir
contre le mur de ciment se faire si petit
que son coeur en devient firmament

s’ennoblir
au point ou l’on devient soi-même
un immense pays entre deux océans

REFRAIN

la bonte l’humilité, l’humanité
comme vêtement de vie

lève-toi pèlerin
même si t’as froid même si t’as faim

ensemence ton pays d’un rêve
pour les jeunes de demain

ta guitare à la main
marche marche les chemins
ne triche pas ton rêve en douce
en faisant du pouce

quand un jeune t’embarque
écoute le jusqu’au matin
parce que son rêve à lui commence
là où finit le tien

TURLUTTE

COUPLET 2

manger
quand on t’a ramassé pour t’emmener souper
dans l’espoir d’une belle soirée
par ta guitare endimanchée

s’laver
la route c’est accepter
d’ètre sale en dehors
d’ètre propre en dedans
en s’guettant

s’coucher
avoir honte de ses peurs
quand y a tellement d’êtres humains
qui ont pas l’choix d’avoir peur

s’éveiller
soudain en pleine nuit
s’enfuir sans faire de bruit
après avoir écrit merci

COUPLET 3

vaciller
dans un café internet, recevoir un courriel
d’un ami de jeunesse, qui veut t’immortaliser
d’un geste bien intentionné

créer
une chanson chaque nuit
parce que la veille ce que t’écris
semble s’être évanoui

dessiner
entre ta voix et tes lèvres
tous les cris des humains
qui ont choisi d’aimer
même s’ils sont mal aimés

rêver
qu’après sa mort peut-être
de milliers de jeunes en mal d’être
reprendront ton épopée
vers ce pays oeuvre d’art à créer

FINALE
la bonté, l’humilité, l’humanité
comme vêtement
d’aimer

Pierrot
vagabond céleste

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