Le temps des prophéties !
Depuis six mois, les pouvoirs publics procèdent à la démolition d’un Etat belge vétuste, sans bien avoir en tête les plans d’une autre Belgique. Les architectes des partis ne s’entendent guère sur le modèle qui serait approuvé par une majorité. Jusqu’où ira cette transformation, par exemple jusqu’au fantomatique plan B, qui ne fait peur actuellement qu’aux moineaux ?
Cela fait penser au trou de la place Saint-Lambert à Liège. Sur le temps que tout le monde s’accordait pour la démolition, personne ne l’était sur la construction de la nouvelle place.
On démolissait, tandis que Destenay (PRL à l’époque, devenu le MR) - complètement givré - montrait les plans d’une mégapole (la maquette a été exposée à la Violette dans les années 60) qui aurait fait de la ville un gigantesque nœud d’autoroutes !
Comme quoi, nos hommes politiques jugent plus facile de faire un trou, que le remplir.
Moralité, il y a toujours un vide à l’emplacement de l’ancien Tivoli et l’Etat belge en quenouilles n’a pas non plus d’habits neufs.
C’est fou le nombre de vides qui restent dans les plans et les contreplans de la Belgique nouvelle.
Le dernier gourou en date, parmi les nombreux oracles qui prédisent notre avenir, s’est tiré de la politique avec le magot de super retraité de président du parlement wallon. C’est José Happart. Il se montre résolument optimiste quant à l'issue des négociations politiques.
Il voit un gouvernement pour la fin de l’année !
Happart n’est pas ce qu’on fait de mieux en matière de gourou. Le nom vous a un petit goût de bande à côté des autres, quelqu’un qui se méfierait du jeu collectif. Ce que confirme le goût de la chasse dans la solitude des bois loués avec quelques privilégiés.
Des images d’archives de la télé (oui, déjà dans les archives) nous le montrent peu engageant, balbutiant, incapable d’une idée autre que nébuleuse. Et voilà qu’on l’interviewe sur notre avenir !
Autant se plonger dans les délirantes inventions du calendrier de Mathieu Laensberg : « …une condition à remplir pour parvenir à cet accord. Il est indispensable que les partis flamands acceptent que Bruxelles soit une Région à part entière comme les autres », dixit J. H.
Franchement, pour publier ça, fallait-il que les rédactions n’aient plus grand-chose à écrire, peu aidées, il est vrai, par Vande Lanotte, le voyant officiel, muet comme la tombe.
Le public est crédule, il croit tout : la bague de Ré de Danielle Gilbert, pour ceux qui se souviennent de cette ancienne star de la télé, les lapins roses de Chantal Goya, pourquoi pas un père Noël bilingue pour le 25 décembre ?
Qui succédera à Happart dans l’interprétation des signes de la boule de cristal ?
Je ne parle pas des journalistes, tout de suite surpris et ravis de ce qu’a découvert José Happart dans le marc de café du réfectoire de la Libre belgique, après avoir épuisé le commentaire des sept fakirs et séché sur Vande Lanotte. Ce taciturne SP, tout universitaire brillant et unique soit-il, commence à sentir les douleurs classiques du fakir sur une planche à clous. On a même cru qu’il allait jeter l’éponge cette semaine !
Happart, le messie cosmoplanétaire complète son « devinariat » par une ode à Bart De Wever « Vous savez, moi, j'ai plutôt de la sympathie pour Bart De Wever : il dit ce qu'il fait et il fait ce qu'il dit. Ce n'est déjà pas mal pour un homme politique ».
Ceci n’a rien de neuf. Je pense avoir écrit textuellement la même chose, il y a une dizaine de jours. A croire que depuis qu’il est dans la prédiction, Happart fait également dans le plagiat.
Mais ce n’est pas grave. Cela indique qu’entre deux battues de sangliers, et après avoir graissé et accroché ses deux Winchester au râtelier d’armes, notre heureux pensionné s’est enfin mis à la lecture, en surfant sur Richard III.
Si d’ici la fin de l’année l’augure se trompe, et que rien ne se passe, il pourra toujours dire que le sort de Bruxelles n’a pas été suffisamment compris et négocié, comme il l’avait prévu.
Dans le cas contraire, il va y avoir tous les paumés de l’information qui vont se dire « Happart, tout de même, quel fin nez de la politique ! C’est dommage qu’il soit pensionné ! ».
Ce serait oublier que le « fin nez » a toujours sous le coude quelques mandats dont celui de Bierset, pour entretenir ses dons de voyance et, sait-on jamais, voler en classe affaire vers le grand canyon du Colorado, histoire une dernière fois d’offrir sa personne à la Région wallonne et aux entrepreneurs wallons !