Et si on se séparait ?
Le duo, s’était transformé en Septet, puis en one man show, pour repartir en trio !
Chacun voulant couillonner l’autre, la partie de poker menteur est loin d’être terminée.
C’est comme ça.
Le patronat les presse de conclure, et c’est là que ça dérange.
Parfois, l’histoire s’accélère. Qui aurait cru qu’un petit vendeur à la sauvette allait mettre en fuite Ben Ali en Tunisie ?
Un Claude Eerdekens qui traite Bart De Wever de connard, quatre jours auparavant, Nollet résumait la pensée générale en jetant le gant. La N-VA n’est pas un parti avec lequel la négociation est possible, enfin dans les journaux on se demande s’il ne conviendrait pas d’interroger les Flamands par de nouvelles élections ou un référendum.
En Tunisie, une infamie de trop du régime, en Belgique une pénultième table « pour se mettre autour », tout semble de plomb et voilà qu’un courant d’air transforme la lourdeur en plume d’oiseau !
Bart De Wever, après ses ukases territoriaux et ses impératifs d’une Flandre sur le chemin de l’indépendance, est aussi et pourrait-on dire, surtout, un homme de droite avec des idées sur la société complètement sorties des analyses du duo d’enfer qui nous a valu la dérégulation et la destruction du modèle social : Reagan et Thatcher.
On insiste sur le personnage héros d’une certaine Flandre. On devrait s’intéresser aussi à ce qu’il pense de l’économie, aux rapports sociaux, à la fonction publique, à l’enseignement. Beaucoup de Wallons qui veulent à tout prix qu’on s’arrange, n’importe comment, mais qu’on s’arrange, reviendraient sur ce qu’ils pensent, les Flamands aussi, du reste…
Le Parti socialiste est tout ce qu’on veut, complètement avalé par la société marchande et de consommation, mais s’allier à Bart De Wever, c’est-à-dire ce qu’il y a de pire dans l’actuel concept économique, y a-t-on vraiment songé, boulevard de l’Empereur ?
Di Rupo en a-t-il conscience, lui qui se voyait déjà « en haut de l’affiche » comme chante Aznavour ?
Alors, si Vande Lanotte rallie Bart De Wever à des accords « modérés » sur la territorialité et l’économie, seraient-ils acceptables, surtout ceux qui touchent à l’économie, pour Di Rupo qui ne peut pas quand même prendre sa base – déjà tant de fois couillonnées – pour plus bête qu’elle n’est !
Personnellement, je ne le pense pas. Même si Paul Magnette et Laurette Onkelinx sont pour en finir avec le grotesque spectacle qu’offre au monde entier le Belge dans la posture du «Vicomte pourfendu » (1) coupé en deux, dont l’une moitié est tout à fait le contraire de l’autre.
Or, si comme on le pense généralement, Vande Lanotte parvient à rapprocher les parties sur le communautaire, il faudra bien que, donnant donnant, Di Rupo lâche du lest sur le social.
Comment justifier une reculade sociale « à la flamande » au peuple wallon ?
Di Rupo aura beau dire que c’est la conjoncture défavorable, la mondialisation qui est en marche, l’inquiétude patronale, et pourquoi pas, le diktat de la Chine et toutes les fariboles que son esprit pourra trouver, personne à gauche ne l’approuvera de tout lâcher pour en finir avec Bart. Dame, il a montré sa capacité de mentir avec le plan B, il a ce talent-là, malgré tout, il ne serait pas assez fort pour arriver à convaincre le petit peuple d’accepter la rigueur à la flamande !...
Si Bart De Wever réfléchit, c’est bel et bien Di Rupo qui va se trouver coincé dans l’objection quasi de conscience pour remballer le leader flamand.
Alors, clairement et définitivement, rendons-nous à l’évidence : il est impossible de faire un gouvernement avec l’extrême droite flamande.
Tirons les conclusions.
Nous ne sommes plus faits pour nous entendre dans les conditions actuelles d’approche des réalités économiques. Si Di Rupo passe outre, je ne donne pas cher de son parti aux prochaines élections, ou alors, les Wallons seraient devenus fous !
Déjà rayer BHV d’un trait de plume, sans aucune garantie ni compensation pour les Francophones, rencontrer presque toutes les revendications en matière d’attribution des compétences en faveur des gouvernements régionaux, tout ça parce qu’enfin un parti nationaliste de droite a gagné des élections perdues par un CD&V complètement à côté de ses pompes, et en oubliant tous les contrefeux placés par les partis francophones dès le début des revendications, c’est presque à ne pas croire, tant c’est inouï !...
Alors ?
C’est simple, il n’y a plus aucune construction possible dans un Etat parfaitement dichotome selon que l’on habite le Sud ou le Nord.
De nouvelles élections pourraient ne rien apporter d’autre que le spectacle navrant actuel !
D’accord, mais il faut courir le risque, même si l’élection nouvelle n’était que la consécration de la première. Alors, il faudrait bien conclure que l’Etat belge, c’est fini !
C’est plus simple de divorcer avec qui on ne s’entend plus, que d’essayer de se rabibocher entre les querelles.
Si Tunis a besoin d’un nouveau bey, on en a un à disposition. A moins que Di Rupo n’ait encore en mémoire le film « divorce à l’italienne » ?
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1. Italo Calvino, Le Vicomte pourfendu (1952).