Galant ou la parfaite belgitude !
Nous n’avons pas chez nous un Brice Hortefeux afin de donner le « la » à la connerie militante ; mais nous avons Jacqueline Galant, présidente de la Commission pour l’accès à la naturalisation, qui est tombée dans le panneau flamingant sur le critère linguistique régional.
Elle s’est justifiée de sa précipitation à faire voter les recommandations de la Commission en trouvant normal que l’on demande à un candidat de "prouver les efforts qu'il réalise en vue de s'intégrer à la Région dans laquelle il vit, cela ne veut pas nécessairement dire qu'il doive parler la langue de cette Région", comme si les Flamands n’allaient pas se saisir de cette nouvelle restriction pour serrer un peu plus la vis des Francophones établis dans la périphérie flamande de Bruxelles !
Evidemment quand on est de Tubize, on a un œil sur Mons avant tout, afin de se distinguer des rosés.
C’est ce qu’elle a fait avec son tempérament libéral, inaugurant son nouveau physique par mordre carrément dans les mollets de Di Rupo, dont le parti justement ne voulait pas sombrer dans la paranoïa à la française sur la naturalisation.
Ce qu’elle dit de la nationalité belge, c’est du Hortefeux avec un zest de Besson, pour les fines bouches nationalistes. Passe encore en France qui reste un pays, avec une culture et une langue, quoique les cons y gouvernent aussi allègrement qu’ici ; cela devient plus compliqué dans un pays comme le nôtre, qui n’en est plus un vraiment depuis quelques temps et qui est en passe de ne plus l’être du tout.
Car enfin, qu’est-ce être Belge aujourd’hui ? Pays d’apatrides par excellence ! Vivre à un carrefour n’a jamais été bon pour la spécificité d’être né quelque part. C’est pourtant à leur clocher auquel les gens s’attachent, pour la même et incompréhensible raison que les anguilles meurent en mer des Sargasses.
Les Wallons surtout, à qui les fransquillons ont volé leur langue et qui, malgré cela, sont devenus franco-français, au point que les voilà reconnaissants de défendre un riche patrimoine qui au départ n’était pas le leur. Les Flamands, c’est pire encore, à moitié Espagnol, mâtinés de Rhénans, le seul avenir de la langue, ils le devront aux Afrikanders et à l’Afrique du Sud.
Pays entièrement bricolé à la chute de l’empire, assemblage curieux d’antinomies, artificiellement convenu en dynastie, avec un roi de fortune qui hésita entre deux trônes, avant de prendre celui-ci, avec dans le lot de consolation une épouse avec qui il s’ennuya à périr.
Mais, est-ce que ce n’est pas bientôt fini de péter plus haut que son cul parce qu’on serait Belge et pas Suisse !
C’est à se demander si à côté des institutions religieuses qui admettent que l’on se fasse débaptiser, il ne devrait pas y avoir un guichet pour y rendre sa nationalité !
Parce qu’enfin, cela commence à me gêner beaucoup d’être de la même nationalité que Jacqueline Galant, comme d’autres loustics de la trempe de De Wever, mais que je ne nommerai pas ici, la liste en serait trop longue, race de Belges considérables et considérés avec laquelle je n’ai aucune affinité, que nous parlions ou non, approximativement la même langue.
Dans le vade-mecum de la connerie militante, on pourrait mettre en préface les maximes et aphorismes de la Tubizoise déchaînée.
« La nationalité belge doit se mériter et "ne se brade pas ».
Sur cette belle envolée, elle brode une série de lieux communs à faire tomber dans le fond de la calèche de son frère, en pleine épilepsie et pour une deuxième fois, Gustave Flaubert en personne, à qui la profession d’avocat ne convenait pas.
Par exemple, elle veut introduire la notion de « double peine » en excluant de la nationalité et a fortiori de l’obtenir, une personne ayant été condamnée, même dans un accident de roulage.
Mieux : « …quand on veut devenir belge et qu'on n'est même pas en ordre d'assurance avec sa voiture, qu'on roule sans permis de conduire", etc. La dame de Tubize ne veut que des citoyens exemplaires pour chanter avec elle « La Brabançonne », à croire que le compagnon de la charmante est agent d’assurances !
Paragraphe suivant la voilà hautement morale : "J'estime, par exemple, que quelqu'un qui a déjà commis un vol à l'étalage"...heureusement que les intégrés des partis politiques sont Belges depuis longtemps, parce que si on grattait un peu dans les façons de se faire du fric du côté du libéralisme-connexion, beaucoup d’entre eux seraient recalés à l’oral.
Enfin, l’axiologie faite femme, plaide pour un "stage de probation" auquel seraient soumis les nouveaux Belges "le temps de voir si la personne s'intègre vraiment".
La députée MR précise que sa proposition fait l'unanimité au sein du parti libéral. Ce qui s’est révélé faux si l’on en juge par les réactions d’Olivier Maingain.
Et de conclure "Chez nous, on n'ose jamais en parler de peur de se faire traiter d'extrémiste."
C’est fait, chère Madame, vous en avez parlé. A présent, nous savons que vous êtes vraiment en règle avec l’extrémisme : vous en êtes un des fleurons !
On savait que la Belgique allait au plus mal, il en sera même question le 24 septembre quand les ardents patriotes, comme Jacqueline les aime, parcourront les rues de la capitale afin de protester contre la lenteur des travaux des Sept.
Oui, mais, sont-ils tous bien Belges ? Et en cas de doute, madame Galant devrait en toute logique interdire l’accès du cortège aux postulants qui n’ont pas encore passé les examens d’admission à la nationalité, dans les deux langues à Bruxelles et uniquement dans la langue flamande s’ils viennent de Vilvoorde.
Mais, quand nous débarrasserons-nous des bons Belges qui commencent sérieusement à me casser les couilles ?