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Une belle manif… de plus !

Le groupe d’étudiants qui a lancé le mouvement de ce dimanche grâce à Internet, est naïf et sympathique.
Naïf parce qu’avant de se faire récupérer, ce qui ne saurait tarder, s’il croit pouvoir en être quitte avec la politique après avoir conduit 30.000 personnes à Bruxelles pour un défilé pacifique, il se trompe. Et sympa, parce que je crois les membres du groupe sincères et qu’il n’est pas courant de monter une action comme celle-là de façon inopinée et très peu préparée, avec de petits moyens.
Ceci dit, ce rassemblement tombait à pic pour relancer les journaux et les médias qui font une idée fixe sur l’indivisibilité de la Belgique. Ils n’ont pas « suggéré » le mouvement ; mais, ils ont certainement contribué à son succès par le relais qu’ils ont assuré à l’idée rassembleuse de ces jeunes gens, comme ils le firent il y a un an et quelques pour madame Houart, l’ex-postière royaliste.
En réalité ce rassemblement réunit moins de monde que le salon de l’automobile. Il ne faut donc pas en exagérer la portée.
D’autres voix viennent quand même jeter le trouble dans ce rassemblement patriote. Ce sont celles qui, comme je l’ai écrit la semaine dernière, ne veulent surtout pas qu’un accord précipité conduise à entériner les propositions de Bart De Wever sur l’économie et sur le social.
Ici, on ne discute plus de l’usage des langues, du statut de la périphérie bruxelloise, du droit du sol et de la nomination des bourgmestres, on touche tout simplement aux pensions, à la Sécurité sociale et à la paie de fin du mois des travailleurs.
On peut regretter que ce rassemblement, de ce point de vue, renvoie indifféremment la gauche et la droite dans les cordes, en leur disant : il faut conclure un accord, laissant supposer qu’il faudrait prendre en considération des propositions sur le social et l’économie de Bart De Wever, de sorte que le PS fasse la moitié du chemin !
C’est tout bonnement impossible.
Et c’est en ce sens que la réunion de dimanche est un piège !
Et qu’il aurait mieux valu que la gauche syndicale wallonne s’assemble. Pour la circonstance, ne nous y trompons pas, une pareille alternative eût valu la sortie des autopompes avec des charges matraques levées de la police.
Le Gewif (Groupe d’Etudes pour la Wallonie intégrée à la France) vient de publier une lettre ouverte aux élus de la République française qui donne à réfléchir.
Si la dérive nationaliste flamande perdure, enfin si le CN&V poursuit un compagnonnage honteux avec la N-VA, ce qu’argumente le Gewif deviendrait prémonitoire et serait le seul plan B vraisemblable.
L’habituel contentieux sans cesse reporté dans son examen ne date pas d’hier, mais de 2005.
C’est pratiquement depuis six ans que les gouvernements font comme si… Ne résolvant rien, ce n’est plus d’un frigo dont Verhofstadt avait besoin, mais d’un surgélateur. Est-ce que les manifestants de cet après-midi ont conscience que l’Etat belge traîne les mêmes casseroles depuis autant d’années ?
A-t-on oublié que déjà en 1980, François Perin démissionna du Sénat en expliquant que la Belgique avait à compter sur le nationalisme flamand. Et qu’aucun parti politique n’a pris ses responsabilités à une époque où il pouvait encore le faire !
Le Gewif constate que 70 % de l’électorat flamand grossit actuellement le courant nationaliste.
Et de rappeler tout ce qui nous unit à la France et tout ce que nous lui devons, étant entendu que si nous n’avions pas 60 millions de francophones à l’appui de nos frontières, il y a belle lurette que nous serions tous embrigadés dans les écoles pour apprendre « la première langue parlée » en Belgique.
Enfin la conclusion du Gewif paraît logique.
« C’est pour préparer les esprits au contexte post-belge que nous avons décidé, en 2008, de préparer des Etats généraux de Wallonie, qui auraient, au départ de rapports fouillés, constitués à charge et à décharge, à se prononcer sur les trois options d’avenir possibles dans l’hypothèse de l’implosion de la Belgique : 1° un Etat wallon indépendant ; 2° un Etat Wallonie-Bruxelles ; 3° la réunion à la France. »
« …à la lecture de ces travaux, l’option d’une union-intégration à la République française, avec un statut particulier d’autonomie, était de nature à représenter, pour la Wallonie et pour Bruxelles, ce que feu le ministre d’Etat Jean Gol appelait une réponse de survie digne, raisonnable et dans l’ordre. »

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La seule chose qui me chiffonne et à laquelle je n’ai pas de réponse, c’est de savoir quelle est la position du Gewif sur la question sociale ?
La référence à Gol et Perin, plutôt qu’au MPW, à Renard et Yerna me met la puce à l’oreille !
Je suis d’accord avec le Gewif sur le caractère irréversible du nationalisme flamand. Quant au reste, je demande à voir. Je me souviens de certains discours des rattachistes fort proches des illusions du MR sur le système économique mondialisé. Si c’est tomber dans les bras de Sarkozy pour échapper à Bart De Wever, c’est un peu court et seulement changer de maître.
L’avenir est semé d’embûches pour les Francophones de Belgique. Il ne faut pas attendre que les Flamands nous aient jeté pour y réfléchir…
C’est le moment…

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