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A la ramasse et à la récup…

Les quelques professionnels, qui ont un pied dans le journalisme et un autre dans les blogs, sont des êtres hybrides qui finissent par s’exprimer différemment selon qu’ils reçoivent des sous pour leurs piges dans les journaux ou paient un blog de leur poche, histoire d’avoir une appellation réservée.
C’et ainsi que commence une différence touchant aux nuances que l’on s’accorde sans arrière-pensée, selon que l’on soit sous la tutelle d’un patron ou d’une humeur indépendante et sans entrave.
L’évolution actuelle de l’opinion plaide en faveur des anonymes qui se défoulent dans l'écriture électronique, comme jadis, on avait un journal intime. Sauf qu’en 2011, on ne le laisse plus dans un tiroir. Il est lu par des internautes. On entre dans une sorte de domaine public. Tout en n’étant que le porte-voix de sa propre opinion, on risque d’influencer l’opinion des autres.
Après Sartre, le citoyen a perdu l’idée de monter sur un tonneau pour haranguer la foule.
Une fausse idée de la démocratie avait permis de faire taire la voix du peuple au bénéfice de ses délégués. Les blogs sont venus déranger la donne, brouiller les cartes, rassembler des blogueurs et des internautes. Les gens ordinaires en ont marre que l’on pense pour eux, comme s’ils étaient des débiles légers.
Du point de vue de l’éthique, l’écriture électronique est une bonne école, quand l’effort est spontané, de bonne foi et gratuit. Mais, la presse récupère les opinions multiples des blogs et s’en sert à des fins politiques et mercantiles. Pour ce faire, elle organise des forums afin de recueillir « l’opinion des lecteurs », qu’elle entremêle d’articles détachés du journal ou d’écrits spécialement conçus pour l’occasion par des professionnels de la chose écrite.
La soi-disant liberté avec laquelle les blogueurs sont accueillis dans les rubriques spécialisées est pour le moins suspecte. A côté des blogs maladroitement ficelés par des blogueurs en rupture d’orthographe – ce qui est un moindre mal – et en défaut d’imagination – ce qui est pire - rarissimes sont les blogs sélectionnés qui vont à l’encontre de la société bourgeoise, quand des clichés sur le patriotisme et le consumérisme abondent.
C’est à croire qu’il n’y a pas un seul blogueur indépendantiste, anarchiste ou simplement facétieux ! Sinon, parfois, quand il s’agit d’un texte ennuyeux ou tellement décalé qu’il en devient incompréhensible, donc publiable pour l’effet contraire produit.
Je lis tous les jours des blogs qui donnent de la situation belge une vue originale et remarquable qui ne sont jamais repris dans l’échantillonnage des journaux.
Enfin, les journalistes qui tiennent à jour la rubrique des blogs se taillent la part du lion dans l’orientation du sujet et des articles qu’ils citent. Et leur notoriété, quoique relative, rejaillit immanquablement sur l’appréciation que l’on peut avoir des faits, même si, certains jours et comme tout le monde, il leur arrive de balancer des conneries qui se révéleront comme telles dans les semaines qui suivent leur inspiration.

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Ils établissent par la même occasion des classements tout aussi arbitraires que les concours de poésie des centres culturels.
Encore une fois, influencer l’opinion n’est pas une faute quand on n’avance pas masqué ; mais, dans le cas de quelqu’un qui vit de sa plume d’un côté, et qui « balance » de l’autre, on peut penser à de la supercherie.
L’opinion, de portable en Smartphone, d’ordinateur fixe à ordinateur-valise, bouleverse la donne.
Dorénavant, il faudra compter sur ces vecteurs inédits. Ce sont eux qui font l’opinion d’une population de laquelle on ne s’inquiétait guère, celle de la jeunesse ! Une jeunesse qui s’est émancipée des circuits traditionnels de diffusion de la « bonne parole » centriste ou conservatrice.
Une jeunesse particulièrement malmenée par la société de consommation et qui n’y accède que par la bonne volonté des parents, puisque outre aller à l’école fort tard pour certains, la plupart ont des boulots mal payés, quand ils en ont.
Or, c’est cette jeunesse qui demain fera pratiquement toute l’opinion.
D’où l’urgence des élus et des gazettes de faire quelque chose dans le domaine des nouvelles communications.
Vous ne voudriez tout de même pas que nos Ben Ali prennent la poudre d’escampette poursuivis par une jeunesse du genre de celle de Tunis ?
Et déjà la sélection s’opère, le filtre du bourgeoisisme fonctionne. La récupération est en marche.
Certains blogueurs ne se recommandent pas d’un collectif et ne sollicitent pas que l’on parle d’eux sur la Toile. Et si cela survient, malgré tout, c’est à leur corps défendant, même s’ils s’en trouvent flattés. Dame quand on publie sur la Toile, c’est pour être lu !

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