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Des dictateurs et des hommes.

Ne sachant que penser des énergumènes qui nous promènent dans un circuit de plus en plus surréaliste, le nationalisme à fleur de peau des uns et le désarroi imbécile des autres, je brosse les cours d’éducation civique du dernier carré de patriotes belges, pour m’enthousiasmer de la jubilation des Tunisiens et de l’exaltation des Egyptiens.
Au moins, si ça foire au Caire comme à Tunis, auront-ils essayé de se dépêtrer de leurs dirigeants pot de colle.
Ce n’est pas rien d’être au pouvoir par la seule volonté de l’armée. Ils y sont, ils s’y accrochent par la seule décision des armes. Quand on s’aperçoit qu’ils squattent le pouvoir, contre la volonté des autres, et que ces autres crèvent de faim, on les prie de déguerpir. Quoi de plus compréhensible ? Ils s’obstinent, ils risquent de finir pendus. Et c’est là la difficulté de cesser ses activités, quand on est dictateur.
Ben Ali s’est réfugié en Arabie, mais il ne voulait pas y finir ses jours. Etre riche et ne pouvoir se rendre avec trois camions de bagages où l’on veut, vivre dans la paix et l’oubli avec le pactole qui a été planqué par paquet de dix briques dans trente six banques, c’est dur. Certains finissent par retourner sur les lieux de leurs crimes, poussés par une folle inconscience. Voyez Duvalier !
Sans compter les albums de photos que l’on feuillette avec les enfants. « Là, c’est papa en grand uniforme et le petit monsieur à côté, c’est Nicolas Sarkozy. »
-Vous ne vous parlez plus ?
-Je lui ai écrit afin de passer en France reprendre des vêtements que j’avais laissés dans ma villa de Ramatuelle.
-Et alors ?
-Il ne m’a pas répondu.
Sort pénible de Ben Ali et enseignement pour Moubarak qui s’accroche au pouvoir, comme un morpion à un poil de son cul.
Moubarak, on l’a vu est toujours au PC de l’armée en train de donner des ordres. Il ne se voit pas fini, contrairement à des millions d’Egyptiens qui se demandent ce qu’ils mangeront demain.
Un peu comme Adolphe dans son bunker du Reichstadt de la fin, Hosni déplace ses militaires, ses policiers, ses spéciaux sur une grande carte étalée sur la table. Il s’aide d’un petit râteau, comme le croupier d’un casino.
-Vous entourez le Caire de deux divisions. Vous faites mouvement vers Alexandrie et vous massez les spéciaux derrière la grande pyramide. A l’annonce de la grève générale vous foncez vers les quartiers pauvres. Vous rasez quelques maisons pour aider à la manœuvre, puis vous progressez jusqu’à la rue Al Azhar, là les spéciaux se déguisent en islamistes et font sauter la mosquée El-Hussein en criant au sacrilège… L’Islam s’embrase, les Occidentaux s’inquiètent, et je reprends la main.
Les généraux qui l’entourent, tous pourtant nourris par le régime depuis 30 ans, lèvent les yeux au ciel. Il faut six mois de préparatifs pour déplacer seulement dix chars et 1.500 hommes ! Israël mit jadis 200.000 hommes en fuite avec deux compagnies en tenue légère.
Quelqu’un chuchote « Hosni a beaucoup vieilli ces temps derniers ». Le plus ancien en grade se hausse sur ses talonnettes, il se voit déjà Raïs !...
On entend une vitre qui vole en éclat. Moubarak se jette sous la table.
C’était une fausse alerte. Il faudra un bon quart d’heure pour qu’il arrête ses tremblements.
Nous, en Belgique, c’est plus calme. On n’a plus de gouvernement. Les élections n’ont rien donné. Les Sept s’engueulent. Laurette fait un doigt à la N-VA. Pourtant, on ne voit pas des bandes de jeunes dans la rue qui veulent Laurette à poil et le gros au réverbère place de la Nation. On fait comme si la N-VA était un parti bien normal, avec des responsables raisonnables. Bart est un nouveau Jean Bart. Il saborderait sa goélette plutôt que la rendre aux Wallons !

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Les événements s’enchevêtrent, se juxtaposent ici et ailleurs.
Je roule vers Bruxelles. Je me sens mal à l’aise. Normal, après Waremme, on est tout de suite en Flandrie. Ils n’ont pas encore installé un poste frontière, mais on se sent en territoire hostile. Se faire « avoir » par un policier local, il y a du ragout !...
Peut-être que demain Bart De Wever sera lui aussi devant une grande table avec un petit râteau à la main poussant des chevaux-de-frise… « Si on barre ici, comme je l’ai demandé, Bruxelles sera complètement ceinturé. On masse des étudiants de Leuven derrière l’Atomium, puis des hauteurs de l’avenue Louise mes flamingants foncent sur le palais royal.
Ainsi on aura résolu BHV et tout le reste.
-Après Charles Quint, je prends le nom de Charles Sixte !
Les pointus et les anciens de la Tour de l’Yser hochent la tête, même eux, ils voient bien que Bart n’est pas dans un état normal.
Sauf qu’il est leur Raïs. Il y a dans l’âme flamande, comme dans l’âme allemande, une trop grande confiance dans les chefs. L’obéissance absolue n’est pas une vertu. C’est souvent une connerie avant d’être un drame. On les hisse sur le pavois, puis il faut vingt ans pour s’en débarrasser…
Je suis perdu. J’arrête la voiture dans un village d’Absurdie. Des jeunes passent à côté de mon véhicule. Ils voient bien à cause de l’enfoiré qui a fait de la pub à côté de ma plaque minéralogique que je suis liégeois. Ils vont au moins me casser mes essuie-glaces si je les aborde. Ils viennent vers moi. Je descends la vitre l’air embarrassé. Je baragouine un flamand comme seul Di Rupo ose. Je m’attends au pire. Ils me répondent dans un bon français et me remettent sur le bon chemin.
Merde, c’est plus compliqué la Belgique que les deux dictatures en faillite !

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