DSK, candidat idéal ?
Prestation parisienne de Dominique Strauss-Kahn la semaine dernière.
Il n’y en eut que pour lui, au long du G 20. En sera-t-il ? N’en sera-t-il pas ? A quoi ? Au grand rallye du PS pour désigner le candidat de gauche à la présidence, pardi.
Les journaux ont écrit qu’il avait été impressionnant. L’ego du petit Nicolas a dû ne faire qu’un tour !
C’est selon on l’accepte ou on le déteste, DSK. La main en poche, l’air goguenard du type à qui on ne la fait pas, les Français, une certaine gauche qu’on dit bobo, se sont assottés du personnage. Il faut dire que l’opposition offre un triste spectacle. De travailler à Washington lui donne l’avantage de ne pas patauger rue de Solferino en attendant son heure. Mais, c’est un inconvénient aussi. Son boulot le tient à l’écart des électeurs. On n’en a plus que pour son devoir de réserve et lui en joue aussi. On ne saura qu’en dernière minute s’il se présente ou comme son ancien patron Delors, le père de Martine Aubry, s’il cale devant l’obstacle.
En attendant, il joue les vertueux et met toute son ardeur à défendre l’économie mondiale.
On ne sait pas s’il est pour la social-démocratie ou s’il la mettra en pièces dans ses discours quand il se sera décidé. Ses prestations américaines nous montrent un DSK bien amarré à l’économie capitaliste, à l’aise dans la bonne bourgeoisie d’affaires, roulant sur l’or et, ce qui ne gâte rien, époux d’une Anne Sinclair richissime. Ses directives sur l’effondrement de l’économie grecque et ses avertissements auprès des pays comme le Portugal et l’Espagne feraient plutôt penser à un capitaliste orthodoxe, ressemblant comme deux gouttes d’eau à Nicolas Sarkozy dans ce qu'il aurait fait, s’il avait été à sa place au FMI.
C’est sa femme, l’ancienne star de TF1, Anne Sinclair, qui fait la promo et qui donne des pistes afin de ménager le suspense, histoire qu’on n’oublie pas son homme. Primo, elle s’ennuie à Washington et ne désire pas qu’il prenne un nouveau mandat. Secundo, DSK est socialiste !
Bizarre, quand même, qu’elle ait été obligée d’authentifier l’opinion de son mari. C’est qu’une partie de la gauche en doute, et pas même celle de Mélenchon qui, lui, est persuadé qu’il ne l’est pas, mais au sein même du PS.
En apothéose, DSK est venu « causer » sur FR 2 dimanche soir de l’économie française, avec Delahousse, journaliste. On ne peut pas dire qu’il ait ménagé Sarkozy. L’économie française ne se porte pas bien, les mesures prises ne sont pas bonnes, etc. C’est un débinage en règle de la politique de Sarko. Le Président devrait la trouver mauvaise, puisque c’est lui qui a dégoté la place en or de DSK au FMI.
On a pu y entendre sur FR2 que la crise n’est pas finie en Europe. Voilà qui contredit Guy Quaden, le gourou de Leterme, qui assure le contraire en Belgique.
En gros, les prestations de DSK ont été décrites comme parfaites, un peu trop léchées quand même. Les réponses sur FR2 sentaient trop la préparation.Mais comme la rareté crée la valeur et qu’on ne voit pas trop souvent DSK en France, on peut dire qu’il a marqué des points.
Les mois qui viennent seront déterminants. Il a besoin pour passer l’élection au PS et gagner son ticket pour affronter Sarko, de faire du social et séduire les antis sociaux-démocrates. Justement Marianne donne à lire cette semaine, un article selon lequel six millions de salariés en France vivent avec un salaire de 750 euros par mois ! En le citant, cela lui a permis de passer pour un homme soucieux des travailleurs, à peu de frais. S’il obtient le feu vert de son parti pour se lancer dans la présidentielle, c’est l’électeur centriste qu’il devra attirer dans un raisonnement fort différent.
On connaît la souplesse d’esprit dont DSK est capable. Mais, quand même, ce n’est pas gagné.
Frédéric Lefebvre, actuellement secrétaire d'État, chargé du Commerce, de l'Artisanat, des PME, du Tourisme, des services, des Professions libérales et de la Consommation (ouf) du gouvernement Fillon, dit à qui veut l’entendre que DSK ne se présentera pas, car « on a des dossiers ». Est-ce que le rottweiler de l’Elysée fait allusion aux aventures galantes du sémillant jeune premier de 61 ans qui trompa l’année dernière Anne Sinclair ? Aurait-il des photos ? DSK a-t-il exporté le bunga-bunga de Berlusconi dans la pudibonde Amérique ?
On ne saurait dire, sinon que tous les coups sont permis. Et ça ne fait que commencer.