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Ça se dégrade !

Au 291me jour de pourparlers secrets, on peut se demander si le silence, qui entoure les négociations, n’a pas été l’élément principal du pourrissement de la situation ?
Si dès le début, on avait mis à la disposition des journalistes et de l’opinion le déroulement des tractations, le public se serait senti impliqué, les médias se seraient démenés afin d’apporter des informations. On aurait vite compris qui promène qui… L’opinion flamande, comme francophone auraient probablement poussé les parties à se définir mieux.
A défaut de quoi, on assiste à une poussée de fièvre de l’extrémisme flamingant et à une contremanifestation bon-enfant des irréductibles patriotes de la Belgique d’hier, le tout sous le boisseau et en contrepoint de la politique.
Le pire des scénarios montre deux masques, au lieu de deux visages des Belges. Le premier tordu par le rictus de la flamanditude et l’autre expose le carton boursouflé du passéiste béat.
Rien de plus faux que ce trompe-l’œil. L’étranger, par raccourci et méconnaissance, appelle cela le « surréalisme à la belge »… Ceci n’est pas une pipe, etc.
Qui avait le plus urgent besoin de la chape de plomb sur les négociations ? Mais, Bart De Wever, bien sûr, puisqu’il était le seul à ne pas vouloir d’accord ! Et comme il avait raison !... comme il avait vu juste !... dans la logique de sa politique.
Ainsi, à l’abri des gens de bon sens qui existent des deux côtés de la frontière linguistique, le président de la N-VA a pu enfumer tout le monde et garder le cap sur l’indépendance.
Le secret des négociations tombe de lui-même après 291 jours de conciliabules et de réunions qui ne conduisent à rien ! C’est un échec des négociations secrètes, la claque qui manquait aux francophones.
Et même si, ô miracle ! Wouter Beke conciliait les parties, ce serait pour que survive l’Etat belge, en attendant.
Les francophones par leurs tergiversations auront été les artisans involontaires du séparatisme et de l’accélération de la poussé flamingante.
Au centième jour de désaccord, il était encore temps de dénoncer la mauvaise foi de Bart De Wever. Plutôt que d’aller bouder dans son coin montois, Di Rupo, s’il avait été l’homme qu’il fallait à la Wallonie, aurait exigé la clarté la plus absolue sur les discussions rendues publiques, au lieu d’être de mèche avec De Wever sur le silence total des tables rondes !
Une démocratie qui tombe dans le secret, n’en est plus vraiment une.
Malheureusement, le Montois n’a pas sa place dans une négociation qui exige du caractère et de l’audace. Certes, il n’est pas sans qualité, mais ses qualités tournent vite en défauts. C’est un homme qui est par nature rancunier et qui croit à l’amitié, comme celle-ci est impossible au niveau du pouvoir, il déchante rapidement sur la qualité des êtres qu’ils fréquentent. De la rancune à la haine sourde, il n’y a qu’un pas.
Pourquoi ne pas avoir dénoncé Bart de Wever à l’opinion, quand Di Rupo s’est aperçu que l’autre ne voulait pas discuter vraiment avec le préformateur ?
Manque d’audace, manque d’étoffe de ce que devrait être un homme d’Etat.
L’opinion publique, dont Di Rupo est si friand, ne se conquiert pas en essayant de parer les coups de l’adversaire, elle s’apprivoise à la raison ou à la déraison.
L’opinion publique flamande s’est faite à la déraison nationaliste de Bart De Wever, puisqu’on lui a laissé le temps du secret. Il monte encore dans les sondages.
L’opinion publique francophone ne croit plus à la sagesse, ni à la raison de Di Rupo. Le parti socialiste recule dans les sondages.

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La francophonie a un bon dossier : celui du droit des gens. Les Flamands en ont un mauvais : le droit du sol (et encore faudrait-il pouvoir le justifier). Comment se fait-il que les négociateurs francophones ne parviennent pas à en tirer profit ? Comment se fait-il que là où ils sont en force comme à Bruxelles et naguère dans les Fourons (plus aujourd’hui) ils n’en aient pas profité pour justement défendre le droit des gens ?
Ce sera un mystère jusqu’au bout. Il sera éclairci le jour où l’Europe en aura assez de voir dans son sein une nouvelle forme de nazisme qui exclut tout qui ne parle pas la langue de Vondel, non seulement sur son « sol », mais encore sur les terres voisines qu’ils revendiquent, depuis une carte des Flandres établies sous Charles-Quint !
Pourquoi les Flamands sont-ils moins farauds pour revendiquer leurs parcelles de territoire « volées » par la France ? Parce qu’ils y seraient reçus avec des pieds au cul !...
Quand, comblé d’honneurs et de fortes pensions perçues depuis ses multiples mandats, Di Rupo prendra sa retraite, il aura sa statue sur une place de Mons. Les enfants des écoles défileront devant le beau vieillard qu’il sera, au son des tambours et des orphéons locaux.
Et si une voix du PS s’élèvait pour dire « Mais quel con ! On en aura rarement vu un pareil ! ».
Mais si, voyons, par le passé, il y en eut de plus illustres. L’avenir nous en réservera encore bien davantage.
C’est ce que ne supportent plus les gens : des hommes et des partis qui ne servent à rien, sinon à dégrader les gens et les choses qui les entourent.

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