Les enfants rois du Parlement.
- Professeur Patrice Dutout, c’est un pseudonyme ?
-Evidemment, voyez ce qui est arrivé à Jean-Yves Hayez, blâmé par l’Ordre pour avoir traité De Wever, d’enfant roi.
-Vous avez découvert un nouvel aspect de la personnalité du président de la N-VA susceptible de nous éclairer sur sa nature profonde ?
-J’ai tout simplement élargi la réflexion du psychiatre à la condition générale des élus de notre si curieuse fin de démocratie.
-Est-ce à dire qu’ils sont tous des enfants rois ?
-Evidemment non, mais c’est de la manière dont ils ont évolué depuis l’enfance pour atteindre à la même profession, quel que soit le parti, qui est intéressante.
-Si je comprends bien, professeur Patrice Dutout, vous risquez pire qu’un blâme de l’Ordre, une suspension !
-Je parle ici d’une manière générale d’une catégorie d’individus. Venons-en aux faits. Presque tous les membres actuels de la classe politique sont des névrosés ; mais, bien évidemment, ils sont atteints à des degrés divers.
-Expliquez-vous.
-Lorsque nous parlons du choix de la profession d’un homme politique, nous devons prendre en considération un fait important : beaucoup de névrosés ne choisissent pas leur profession ; mais elle leur a été imposée.
-Par un père déjà dans la profession ?
-Bien entendu, outre l’attrait d’un travail peu fastidieux et d’un gain facile. Le père symbolise le parti, de sorte qu’on est frappé de l’aspiration à l’indépendance, par laquelle le névrosé essaye d’atteindre symboliquement la liberté par rapport à toute autorité. La contestation de l’autorité du père… la transgression. Le grand truc classique.
-C’est-à-dire que Reynders rêverait d’être socialiste et Di Rupo, libéral ?
-Quoique aujourd’hui les programmes se confondent et qu’il n’y a plus de grandes différences entre la gauche et la droite, le réalisme leur interdit de mettre en corrélation le rêve et l’objectif.
-Qui est de monter dans la hiérarchie du parti ?
-Evidemment. Recommencer au bas de l’échelle une carrière rebuterait n’importe qui. D’autant que le névrosé manifeste une tendance à gagner le plus possible avec le moins de travail possible, une tendance qui par la suite se manifeste dans une paresse névrotique.
-C’est le seul facteur qui détourne le névrosé de ses rêves ?
-Plus fort encore est le désir de s’adonner sans entrave à ses fantasmes, mi-inconscients. C’est pourquoi il est si difficile de le sortir de ses habitudes de paresse. Il ressent alors le travail avec un sentiment de déplaisir. Une intrusion dans son activité fantasmatique.
-La longueur de la crise, neuf mois, tiendrait à cela ?
-La signification de ces fantasmes tient dans la perversité polymorphe de l’enfant. Selon le psychiatre Stekel, les professions politiques, comme journalistiques, tiendraient dans le fait que ces enfants rois seraient de surcroît des enfants que Freud classe dans la catégorie du criminel universel. Faire durer la souffrance, vous savez, c’est un des premiers plaisirs de l’enfant pervers.
-Vous êtes sérieux, professeur et pas triste du tout ?
-Il n’est de crime, si cruel qu’il soit auquel ne s’adonne l’imagination de l’enfant qui sera plus tard un professionnel névrosé et obsessionnel. Ces fantasmes persistent jusque dans la maturité et forment alors la base du sentiment de culpabilité criminel du névrosé.
-Nos hommes politiques seraient à classer dans la catégorie de névrosés comme le colonel Kadhafi ?
-Bien entendu. Vous remarquerez quel soulagement pour eux la contre-offensive victorieuse de celui-ci en Libye. Et comme ils tergiversaient à voler au secours des populations qui auraient pu l’emporter. Heureusement, il n’en est rien aujourd’hui puisque le régime va avoir raison des peuples. Ils peuvent s’indigner du génocide qui se prépare et s’attendrir dorénavant sur le nombre des victimes. Kadhafi demeure, c’est ce qu’ils souhaitaient.
-Vous croyez donc que c’est en fonction de leur enfance que nos dirigeants politiques se conduisent de façon aussi abjecte ?
-Les enfants rois sont préoccupés par la question de savoir comment ils pourraient éliminer les personnes qui les gênent ; et comme ils sont souvent animés du désir d’écarter ces obstacles par n’importe quel moyen, ils pensent souvent au problème de la mort.
-D’où leur admiration secrète pour Kadhafi ?
-Les fantasmes criminels sont toutefois altérés par la répression continue dont ils sont l’objet, comme la systématisation des compromis à la belge, de sorte qu’ils n’apparaissent plus sous leur forme primale.
-Ce refoulement, par quoi se manifeste-t-il ?
-La pulsion d’agression, au sens qu’Adler l’entend, s’exprime encore dans la notion de mort politique déjà impliquée dans le mot Abfahren (partir), Vorfahren (prédécesseur) et Nachfahren (successeur), décrite par Freud à propos d’un policier viennois qui ne trouva qu’une solution à son désir de succéder à son chef, l’éliminer ! Nous avons beaucoup de cas en Belgique de morts politiques, qui ne sont pas loin d’être des morts réelles. Nous ne savons pas la réaction de Monsieur Reynders lorsqu’après le stade de prostration, il prendra conscience d’avoir perdu la présidence du MR.
- Y a-t-il un rapport entre l’enfant roi de riches et l’enfant roi de pauvres ?
- Chez les riches, même les staphylocoques sont dorés !
-Il faut donc se méfier davantage d’un riche qui fait de la politique, qu’un pauvre ?
-Pas nécessairement, puisque professionnellement ils travaillent tous les deux dans le même but. Sauf, que le riche est moins âpre au gain, puisqu’il n’a plus le sentiment de pauvreté, mais celui d’accaparement.