Di Rupo a le pompon.
Revoilà Di Rupo avec son attirail de mots hyper employés, ses tables rondes, ses lieux communs, son humilité feinte, dans une interview à la Libre, à l’occasion d’un anniversaire peu glorieux, celui d’une année sans gouvernement légitimement élu.
On croirait entendre le président Ben Ali à deux heures de ficher le camp après avoir rempli ses valises de devises fortes : Il y a eu un volume de travail considérable. Je vais le dire avec humilité, les francophones, et le PS en particulier, ont été inventifs. Ils n’ont pas cessé de faire des propositions dans de nombreux domaines – Emploi, Soins de santé, BHV, loi de financement. On a développé une connaissance que l’on n’avait pas il y a un an. »
Au moins, la sienne ne sera pas sortie par la porte de derrière.
D’abord la terminologie. Les Wallons ne veulent plus entendre parler du mot « table », surtout quand on y accole l’adverbe « autour ». Nos plénipotentiaires y sont allés si souvent qu’on s’étonne que ce soit De Wever qui ait gonflé à vue d’œil. Et les autres, ils bouffaient pas ? Voilà déjà une piste pour relever les maladresses. Di Rupo par sa maigreur étudiée, chipotant sur le nombre de haricots dans son assiette, a dégouté Bart du plaisir de la table.
Autre mot accablant, les Wallons hurlent d’horreur en entendant trois ou quatre fois par discours du plongeur montois, « en toute humilité ». Il n’y a pas, du naïf au plus futé, un seul Wallon qui croit encore à l’humilité de Di Rupo. L’effort qu’il fait pour paraître humble n’a jamais trompé personne. Il est le seul à y croire. Comment ne voit-il pas qu’il dépasse les bornes, que son attitude à la Léonard lui fait le plus grand tort. Exactement comme l’archevêque, ils ont, l’un et l’autre, à force de jouer les humbles, des têtes à claques.
Quand l’intervieweur de la Libre lui demande quel parti en Flandre il vise précisément comme étant celui qui empêche les négociations d’aboutir, le journaliste doit s’y reprendre à deux ou trois fois pour lui faire dire que c’est la N-VA ! Et encore, vient à la suite tout un argumentaire vieux déjà d’un an dont il a tellement de fois récité la litanie, qu’on se croirait, une fois de plus, à un prêche de Léonard. « …la N-VA est le premier parti de Flandre et dès lors il faut faire un gouvernement avec elle …la N-VA exige pour la première fois dans l’histoire du pays qu’il y ait des réformes institutionnelles avant la mise en place d’un gouvernement de plein exercice… le premier parti démocratique de Flandre a comme projet politique l’indépendance de la Flandre et donc la destruction progressive de l’Etat fédéral. Nous devons donc négocier un gouvernement fédéral avec un parti, le plus important du nord du pays, qui a pour objectif sa disparition à terme. »
Dans le convenu du discours, il y a pourtant une question qu’imprudemment l’homme le plus humble et aussi le plus prudent de Wallonie n’a pu empêcher que nous nous la posions et que l’intervieweur du Soir n’a pas relevée.
Di Rupo qualifie la N-VA de premier parti démocratique de Flandre, en quoi est-il plus démocratique que le Vlaams Belang qui ne le serait pas selon le socialiste, alors qu’ils ont tous les deux le même objectif à savoir la destruction de l’Etat belge, selon le principe marxiste des minorités agissantes ? Ne serait-ce pas plutôt parce que la N-VA est le premier parti de Flandre en voix que Di Rupo le range dans les partis démocratiques ? Filip Dewinter et quelques autres leaders du Vlaams Belang ont proposé des alliances pour les élections communales, des contacts sont constants entre la N-VA et le Vlaams Belang. Une fusion serait même envisageable si la N-VA parvient à son but initial à savoir de nouvelles élections, comment Di Rupo peut-il dire que la N-VA est un parti démocratique et sur quel argument s’appuie-t-il pour le démontrer ?
Enfin, pour en terminer avec cette déplorable interview, rien de ce que le président du PS a dit, avait quelque chose à voir avec le socialisme ! C’est Machiavel en mauvaise forme qui parle de la santé de l’Etat de son Prince.
C’est quoi, finalement, être socialiste, pour lui ?
On ne sait pas. L’a-t-on jamais su ? Le discours d’un Montebourg, et je ne parle pas d’un Mélenchon, serait un discours franchement insupportable pour le président du parti socialiste belge.
J’ai rarement vu dans un parti, premier en Wallonie, un aussi important décalage entre ceux qui ont voté pour lui et la caste de dirigeants de ce parti représenté par Elio Di Rupo et Laurette Onkelinx. Encore que des deux, c’est encore le premier qui ait le pompon.