L’odeur de leur merde !
Je ne suis pas le dernier dans le rejet quasi général que la population exprime à l’égard des personnels politiques. C’est un mal aise ou un mal être qui m’a pris à la suite d’une accumulation de questions restées sans réponse et qui touche à la démocratie et à la coexistence de tous, dans un Etat équilibré, social et n’adorant le veau d’or que juste parce qu’il n’est pas réaliste de ne pas le compter dans le destin des hommes.
Aussi, je n’étonnerai personne en pensant n’être pas le seul dans le cas. Ce rejet gagne du terrain et est en passe de devenir le plus grand rassemblement jamais vu en Belgique depuis 1830.
Ce rejet vient de beaucoup plus loin des élections ratées de juin 2010. Il est fait de l’amertume des travailleurs honnêtes qui voient leurs revenus s’amoindrir et leur productivité s’accélérer, le chômage croître et le mal être s’installer. Il est le produit d’une désillusion collective devant un discours et un comportement officiels qui semblent venus d’une autre planète.
L’attitude des personnels politiques pendant ce lent cheminement des esprits est sans doute l’élément capital de ce dépérissement de la foi dans le système économique et démocratique, les deux ayant été intimement liés du temps de la guerre froide.
Bien sûr, les dernières tribulations des « élites » des trois Régions autour de la multitude de tables devant lesquelles ils se sont assis, n’arrangent rien, puisque de la mélancolie, l’opinion est en train de passer au dégoût et au rejet, comme une sorte de vomissement irrépressible.
Passons sur le show permanent auquel se livrent ceux qui se sont placés en tête des formations politiques : les Milquet, Di Rupo, Reynders, Javaux et compagnie. Ce n’est de toute manière que la frange de l’écume ; mais, plutôt, voyons comme se comportent les autres qui font le gros de la troupe et qui dévorent le gros du gâteau.
Ils paraissent de plus en plus souriant, pas gênés du tout, et – comme si de rien n’était – tiennent un discours aussi vieux que le pont Neuf et qui se résume à ceci « tout va très bien, madame la marquise », renforcé depuis les élections de juin 2010 d’une parole de flic sur une scène de crime « circulez, il n’y a rien à voir » du regretté Coluche.
Quand donc ces messieurs comprendront-ils que ni les shows à paillettes, ni les mômeries des sœurs Simplicie que sont RTL et RTBF ne sont parvenus à faire divaguer le peuple au point de le rendre à jamais infantile et immature ?
De la part de nos instances dirigeantes, croire le contraire, c’est justement montrer une débilité légère, comme aujourd’hui tous les premiers prix d’université qui se mêlent de politique et qui poursuivent leur mission, en infirmiers de « Volière » devant la folie ordinaire.
On assiste alors à ce spectacle extraordinaire de leurs turpitudes et de leur bêtise, comme un chien d’appartement qui se verrait douer d’une vive intelligence humaine et qui assisterait quotidiennement aux fautes de langage, aux bassesses et aux tromperies de ses maîtres, sans que ceux-ci, évidemment, imaginent un seul instant que leur compagnon à quatre pattes les juge !
On les surprend alors, d’autant plus à l’aise de voter des lois, puisqu’ils n’en subissent pas les contraintes. Ils vaquent à travers l’appartement, débraillés, veules, parfaitement malotrus dans le sans-gêne que devaient avoir les nobles de l’Ancien Régime devant leurs domestiques.
On les voit se vêtant selon les cérémonies et les gens qu’ils vont approcher, jusqu’au slip de bain rouge de l’éphèbe vieillissant de Mons.
Pour un peu, ils déféqueraient devant nous, comptant bien que si une chose pareille arrivait, nous serions enthousiasmés de leur confiance, et que, comme tout bon clébard, nous respirerions l’odeur de leur merde avec la satisfaction énamourée de la vieille servante de ferme décrite par Flaubert à l’égard des nourrissons de ses patrons successif, qu’elle éleva sans se plaindre sur plus de cinquante années et trois générations de maîtres !
Ils s’apparentent à un marché à terme de la Bourse, on peut acheter fictivement des tonnes de cacao sans jamais avoir vu un planteur en Côte d’Ivoire, ni même en ne sachant pas ce qu’est une fève de cacao. Ainsi, ils peuvent parler aussi bien de la misère de la caissière de grands magasins et entonner l’Internationale avec les hommes de chez Mittal, sans savoir ce qu’est la journée de travail d’un salarié, ni comment vivre avec moins de 1000 euros le mois.
Alors, vous pensez, chers négociateurs, vos impuissances conjuguées au malheur de perdre la Belgique à cause du nationalisme flamand, ça commence à bien faire…