M’ame Lalieux et la repentance.
-M’ame Lallieux, c’est au nom du PS que vous réclamez des sanctions financières contre l’Eglise catholique ?
-Non, c’est en ma qualité de présidente de la Commission spéciale de la Chambre sur les abus sexuels.
-Je suis d’accord avec vous les notables gagnent trop, qu’ils soient religieux, dans les ministères ou en députation du peuple.
-Gardons-nous bien d’étendre des sanctions à ceux que vous dites. Nous nous écarterions des débats.
-Pourquoi pas ?
-Ici, nous avons une attitude scandaleuse d'André-Joseph Léonard à propos de Roger Vangheluwe. C’est choquant et scandaleux, au regard de la forte attente que le primat de Belgique avait lui-même suscitée.
-Ah bon ?
- L'Eglise persiste à refuser sa responsabilité morale.
-Que comptez-vous faire, Karine Lalieux ?
-Je réunis la semaine prochaine la Commission de suivi, bon nombre des septante recommandations adoptées devant être traduites en propositions. Il s'agit par ailleurs de faire pression sur le ministre de la Justice pour faire avancer certains dossiers. L'attitude de l'Eglise sera également sur la table. Il est choquant de constater que les victimes restent complètement absentes du discours de Mgr Léonard. Il fait valoir que tout a été dit, ignorant les appels à la reconnaissance par le chef de l'Eglise d'une responsabilité morale de l'institution.
-Je vous vois bien remontée contre le chef de l’Eglise belge. C’est donc en sa qualité de responsable principal qu’il aurait dû faire acte de repentance.
- Mais les enfants et les jeunes victimes abusées par Vangheluwe et d'autres, ont-ils eu l'occasion de dire adieu à l'innocence de leur jeunesse volée ?
-Certes, mais il y a de cela si longtemps…
-Un crime reste un crime et il n’y a pas de prescription pour en implorer le pardon au nom de tous…
-C’est valable pour tout ?
-Absolument ! C’est sans restriction.
-C’est embêtant ça, M’ame Lalieux…
-Ah ! oui, comment ça ?
-J’attends toujours que les socialistes fassent repentance, par exemple dans la personne de Di Rupo, l’actuel président du parti, rôle qu’il joue un peu à la manière de l’archevêque, au sujet de son prédécesseur, le président Charles De Man à la tête du POB et passé aux Allemands en 1940 !
-Mais, ça n’a rien à voir !
-Comment ça n’a rien à voir ? Par son attitude devant l’ennemi, il a appuyé une politique qui a permis la déportation, un génocide et peut-être déforcé une partie du POB qui s’était lancé dans la Résistance. Indirectement, je le tiens pour responsable de la mort de résistants.
-Mais vous êtes fou !
-Jamais on n’a entendu la moindre repentance depuis la fuite en 1941 de De Man en Suisse, d’aucun archevêque… pardon… président du POB, puis du PS. C’était bien pourtant le chef de l’église socialiste qui était en cause ?
-Vous vous rendez compte de ce que vous dites ?
-Hélas ! je ne fais partie d’aucune commission, mais si j’en faisais partie, je demanderais des sanctions financières. Vous le savez mieux que moi ce que coûtent les partis aux citoyens. Et ces gens ne sauraient même pas trouver un mot pour présenter des excuses aux parents et aux descendants des gens morts dans des camps d’extermination ! Alors qu’on fusillait et qu’on déportait des patriotes, le parti publiait un Manifeste favorable aux Allemands, estimant que pour les classes laborieuses, la défaite était l'écroulement d'un monde vermoulu et que loin d'être un désastre, elle était une Libération ! A côté de ça, votre Léonard, c’est du surfait… Notez, je suis d’accord qu’on les paie beaucoup moins, ces saints hommes, et même plus du tout… Mais vous, M’ame Lalieux, vous avez un sacré culot…