Perspective de deux jours perdus !
Le mariage de William et de Kate, c’est le 29 !
La place réservée à cet événement dans les journaux et magazines va aller croissante. Puisqu’il ne touche directement que deux familles, le bruit qu’on en fera sera assourdissant ! Les médias auraient pu consacrer l’espace occupé à des informations s’adressant à l’intelligence des gens. Le besoin d’être informé de la chose est-ce l’expression de la volonté d’une population entière qui souhaite qu’on en écrive ou l’intérêt financier d’une minorité de commerçants-journalistes ?
Si, c’est le nombre qui se lâche à propos du mariage du dernier des Windsor, la démonstration est faite que les majorités ne sont aptes qu’à vivre dans le futile.
Aimer le léger n’est pas un crime. Le théâtre a ses droits, les clowns leur public. Les mariages princiers font soupirer Margot. La civilisation des loisirs pourrait n’être pas que le prétexte du consumérisme, comme les sentiments sont les victimes de la sensiblerie. Cependant, il faut se rendre à l’évidence : la majorité des gens est de plein pied dans le people…
Oui, mais alors… c’est tout le système qui est à revoir. Les élections, l’art, les banques, le petit personnel des sommets, de l’OTAN à l’Europe, c’est tout, vraiment tout, qui ne vaut pas tripette, puisqu’il conviendrait, pour la conduite du pays, que la majorité soit sérieuse et réfléchie, alors que cette majorité s’intéresse à la longueur de la traîne de Kate Middleton et à la calvitie naissante, de William.
Et après ça, si cette majorité dévergondée ne quitte pratiquement pas les stades de football en journée et les séries télévisées en soirée, comment voulez-vous l’associer à une entreprise qui porterait sur la gravité de la situation politique, après un an de discussions et de tables rondes, sans résultat ?
Comment rester crédible dans les informations « sérieuses », quand on utilise son talent à la gaudriole !
Qui nous dit que, ce qui passe pour sérieux, ne soit en réalité qu’une supercherie mal préparée, un sketch mal agencé, complètement à côté de son projet de faire rire ?
Par exemple, l’acharnement à trainer un pédophile comme l’évêque Roger Vangheluwe dans le caca médiatique. Et si ce prêtre n’existait pas ? S’il avait été inventé par un esprit facétieux à seule fin que les fidèles désertassent les Eglises pour consacrer les dimanches aux jeux de casino ?
A qui se fier de nos jours ?
Certainement pas à Richard III me répondriez-vous !
Et pourtant, si vous voyiez des collecteurs de fonds sillonner les rues, afin de trouver des arrhes pour Maîtres Dumas et Vergès chargés de rétablir le droit de l’évêque à s’asseoir sur son fauteuil épiscopal ? Plutôt que vous lamenter sur le risque de l’enfant de chœur, vous seriez persuadés que l’évêque existe et vous seriez tout prêts à regretter vos heures perdues à soupirer au bonheur de Kate et de William.
Vous commenceriez une carrière de lecteur sceptique !
Parce qu’il y a une hiérarchie de l’événement drôle, heureux ou rigolo. Et qu’on n’amuse pas les peuples rigolards en leur faisant découvrir outre les salauds qui les entourent, l’immense tromperie qu’est l’organisation d’une élection, synthèse d’une métaphysique des classes sociales.
Et là, on se heurte à un grand principe. Les Institutions, les Banques, les Gouvernements, les Classes moyennes, les règles du libéralisme, sans oublier les Eglises, tout ce qui, enfin, ne peut jamais être mis en cause, pour la bonne raison que cela porterait atteinte à l’ordre public, est intouchable !
Par contre, tous les hommes courent le risque de finir en épouvantail à moineaux. Seuls y sont adjointes au titre d’abominations, des institutions dérangeantes, franc-tireur de l’équilibre : les extrêmes gauche ou droite, les sectes, les associations insolites...
Le grand public aura donc dans l’immédiat une date à retenir, le 29 avril pour le mariage du prince et de Cendrillon, et dans quelques temps, celui du prince de Monaco et la crawleuse Charlène .
Voilà deux jours qui pourraient utilement être consacrés à la réflexion sur la situation en Belgique. Vous me direz, on en a déjà tellement perdus depuis juin 2010 !