Un dimanche à l’éros-center.
Un mystère plane sur le programme de « Mise au point » de ce dimanche 17 avril.
La RTBf l’avait pourtant annoncé, puisque les journaux spécialisés en télévision en témoignent.
En remplacement – pourrait-on dire au pied levé – un vieux machin sur l’homéopathie. Question placebo, les animateurs de « Mise au point » auront été servis ! La dose infinitésimale, ça change un peu du flux verbeux.
Y aurait-il eu un brusque désir de plage de nos deux loustics de service en cette mi-avril ensoleillée ? De la désinvolture et du sans-gêne de Philippot et consort pour les téléspectateurs ? Une engueulade qui se serait mal terminée ou bien une mystérieuse affaire, comme il s’en passe deux fois par an à la RTBF, suivie d’un départ immédiat ?
Toujours est-il que Vrebos pour « Controverse » était bel et bien aux manettes sur RTL, avec un titre prometteur : « légalisation de la prostitution », ceux d’en face étant forfait. A moins, que Croquebol et Filochard, les concurrents traditionnels de RTL, n’aient poussé la conscience professionnelle en allant aux putes afin de pénétrer leur sujet à fond, en bons artisans de l'image ?
Et qu’ils n’en seraient pas revenus !
Donc, sur le plateau de RTL, le bourgmestre Willy Demeyer explique qu’il veut doter la bonne ville de Liège d’un Eros Center en jumelage avec Seraing, en cause le sempiternel débat du racolage sur la voie publique qui fait mauvais genre, l’hôtel de passe, le mac et le poulet, le slip de la fille qui sent le graillon antiseptique, pour du fric, ou alors, la taule à Willy avec le frisson authentique dans des locaux aseptisés et confortables, toujours pour du fric, mais avec des garanties de qualité rapport-prix, de l’hygiène, et un chauffage central qui fonctionne, plus un pied de nez aux proxénètes obligés d’attendre leurs marmites en-dehors de l’établissement, mais toujours avec des poulets à tous les étages.
Sur le plateau, la magnifique Sonia, prostituée de cinquante berges, avec son franc parler et se qualifiant elle-même de pute, permet aux coincés de moins trafiquer les mots, d’appeler un chat, un chat, effort verbal qu’un usage télévisuel de la bienséance empêchait jusque là.
Et avec elle, tout le panel en défilé spécialisé dans la branlette télévisuelle et son cortège de purs et d’impurs, le flic de service et la psy interchangeable avec la pute, comme il se doit.
Côté émotion, un handicapé réclamant de la tendresse sous l’œil soudain, attendri de Sonia la vaillante et Paul Merckx, directeur d’une maison de repos qui, tout en ne voulant pas tomber dans le proxénétisme hôtelier, est heureux de voir ses lascars de plus de quatre-vingts berges qui s’arrangent pour se passer les bonnes adresses d’élégantes mères de famille qui viennent arrondir des fins de mois en leur compagnie, sous le patronage du dirlo…
Grégoire Théry de Nid-France et Pierrette Pape du lobby européen des femmes étaient là pour rappeler la morale, dans un discours un peu à côté, puisque la morale dans la société de consommation n’existant plus nulle part, ce serait un comble qu’elle eût encore une place sous les strings de la galanterie.
C’est ce qu’essayait de faire comprendre aux téléspectateurs la belle Sonia, l’air distingué comme sortant d’un séminaire place du XX Août, qui défendait le métier et son commerce avec l’âpreté d’une Sabine Laruelle aux Classes moyennes. Michèle Vilain, en face, animatrice de rue, avait l’air déglingué d’une créature qui ferme son salon après dix heures de passes non-stop.
A la place de l’handicapé visiblement en manque, je posais ma candidature pour quelques câlins de la belle Sonia et en même temps, dans le souci d’informer le public, je lui demandais de préciser ses tarifs du côté de la gare du Nord, où elle officie.
C’est du reste elle, dame de petite vertu mais au grand cœur, qui osa citer Lacan « L’argent libère du joug de la reconnaissance. » Ce qui ne veut pas dire que Lacan n’était pas un grossier personnage pour l’occasion, si, de part et d’autre, entre celui qui paie et celle qui reçoit, il n’y a rien que les quelques mots commerciaux « C’est combien le trapèze bantou – c’est cinquante plus dix si t’éjacule pas dans les trois minutes », sans que ces précisons fussent accompagnées d’une civilité d’usage, même en pareilles circonstances, du genre «Vous êtes bien aimable. Vous avez vu ? On dirait qu’il va pleuvoir ! ». Et elle de répondre « Chéri, t’as le poil soyeux comme mon labrador. »
Quant à l’éros center, il y a bon espoir de voir la ville de Liège casser les prix de location de la chambre qui varie dans les piaules à Bruxelles Nord de 700 à 1000 euros la semaine.
Que celui qui condamne le commerce infâme médite cette pensée de Saint Jean (I, 26) Medius vestrum statit quem vos nescitis (1).
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1. Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas.