L’amère réalité belge.
Le stratège de Mons commence fort ! Il a déjà réussi à se mettre à dos Wouter Beke, président de CD&V, Bart De Wever, n’en parlons pas, Waffelman poursuit son pasodoble. On voit bien que le roi est au bout de la liste des arrangeurs et que le morceau suivant aura tout l’air d’un pot-pourri en attendant les prochaines élections.
Les Belges, cependant, continuent à croire qu’Yves Leterme assume l’essentiel et je m’étais demandé comme tout le monde, si l’idéal n’était pas d’avoir un intérimaire au pouvoir limité, de sorte qu’il nous limiterait les taxes et les ennuis également.
Cette façon de voir n’est rien d’autre que ce que nous soufflent les bonimenteurs qui n’ont pas cessé de nous tenir des discours rassurants.
Par exemple, on nous dit que les autres pays s’enfoncent dans l’endettement, tandis que nous aurions maîtrisé l’augmentation de la dette et que nous ferions, de ce fait, partie des « bons élèves ».
Sans savoir de quoi vraiment nous sommes les bons élèves, il ne faut pas crier trop vite.
Alors que l’Allemagne et les Pays-Bas ont vu leur déficit public se détériorer en 2010 par rapport à 2009, le déficit public belge est passé de 6% en 2009 à 4,8% en 2010. La Belgique a commencé la consolidation de ses finances publiques plus tôt que la plupart des autres pays de la zone euro. La situation belge serait sous contrôle.
Voilà le discours officiel.
Ce que Leterme oublie, c’est que la Belgique partait d’un niveau de dette plus élevé que la moyenne européenne. Et que si elle avait suivi le courant général, nous en serions à battre les records de la Grèce et du Portugal.
Ensuite, le gouvernement intérimaire table sur une croissance retrouvée (1) pour confirmer ses prévisions. Ce qui est moins sûr.
Pour l’OCDE, la croissance serait de 1,8 % en 2011. Pour qui étudie l’évolution de la conjoncture de manière plus objective que les économistes des plateaux de télévision, nous sommes toujours dans les suites de la crise de 2008, une nouvelle crise, plus violente encore n’est pas à exclure, puisque rien n’a été réalisé des contre-feux que l’Europe et les USA s’étaient jurés d’allumer. Comme le poison actif est toujours là, un retour à une récession économique est loin d’être improbable, notamment parce que le secteur financier belge n’est pas assaini et que du système bancaire international pourrait nous venir des tensions ou déstabilisations de Grèce, d’Espagne ou d’Irlande, qui ne manqueraient pas de faire boule de neige avec l’économie belge par interconnections.
Qui dit récession dans ces conditions pense à l’augmentation des déficits publics et donc du niveau d’endettement.
Une nouvelle crise financière aurait des conséquences énormes sur les finances publiques, nécessitant un plan de sauvetage et de nouveaux emprunts.
Le plan de sauvetage des banques de 2008, contrairement à ce que dit Reynders, n’a pas été une opération neutre, voire bénéficiaire pour l’Etat belge.
Les pouvoirs publics ont accordé aux banques des garanties pour un montant de 68 milliards d’euros et non pas de 25 milliards d’euros. Pourquoi ce mensonge ? Parce que jusqu’à présent la différence de 43 milliards n’est pas reprise dans les dépenses. Qu’adviendrait-il si les circonstances aidant, il deviendrait absolument nécessaire pour éviter une faillite des banques, comme en 2008, de la porter en compte ?
On a déjà oublié que début 2011, les trois grandes agences de notation (Standard & Poors, Moody’s et Fitch) ont averti le gouvernement belge qu’une dégradation de la note belge pourrait avoir lieu, si un gouvernement ne se créait pas rapidement.
Or, voilà bientôt cinq mois que cette menace a été faite et, fin mai, c’est toujours le Mazarin montois qui reprend à son compte le fonds de commerce de Wouter Beke sur les négociations.
Pour rappel, plus la note d’un pays est faible, plus les taux d’intérêt sur ses emprunts futurs augmentent…
Bref, sous le décor « bonnes nouvelles », la Belgique de la coulisse ne maîtrise rien du tout.
Depuis la fin des années septante, la Belgique, par ses politiques fiscales et budgétaires a cherché de satisfaire les intérêts des capitalistes, pensant que cela remplirait les zonings d’activités bénéfiques. Le fameux plan Marshall pour la Wallonie n’a pas compensé en rentrées fiscales de nouvelles entreprises, ce que les Wallons doivent payer afin de rembourser les sommes empruntées. Du point de vue financier, cela s’appelle un mauvais placement. On comprend un peu pourquoi, quand on sait que 50 grandes sociétés belges ont payé en 2009, via les différentes déductions fiscales existantes, un impôt moyen de 0.57% et non de 33,99%, taux officiel de l’impôt des sociétés, pourquoi voulez-vous en 2010 et en 2011que les entreprises « marshallisées » paient plus ?
Et si encore cette politique pouvait favoriser l’emploi ? On le saurait. Rudy Demotte nous en aurait déjà parlé..
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1. La croissance est très importante dans le calcul du remboursement de la dette. Car, elle permet par un accroissement des recettes d’établir des budgets plus équilibrés et de rembourser une partie plus importante de la dette.