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Les salauds vont en enfer…

…pas tous quand même !

Désolé de ternir la joie débordante qui nous vient d’Amérique après l’assassinat de Ben Laden ; mais, dans le concert de félicitations et dans la liesse populaire qui a suivi, il y a quelque chose qui ne va pas et qui me choque profondément.
Comment peut-on parler Outre-Atlantique de Justice après l’exécution sans jugement de ce personnage, sur ordre des plus hautes instances américaines, probablement Obama lui-même ?
Il y a des individus qui n’ont pas droit à un procès équitable !
Dans le domaine « privé » d’abord, Mesrine en France, l’avait déjà éprouvé à ses dépens Porte de Clignancourt, en 1979 ; dans un domaine plus vaste au niveau des Etats, Che Guevara et Allende n’ont jamais vu des juges, Oufkir au Maroc a fini en chair à saucisse et Ben Barka s’est volatilisé aussi sec. Un point commun : pas de jugement.
Dans les cartons reste encore le deal sur le colonel Kadhafi, maintenant qu’une fine équipe s’est libérée au Pakistan, on pourrait quand même la déposer en douceur dans le quartier chic de Tripoli d’où le fou nargue les secours humanitaires envoyés sur les Rafale et les F 15.
Parfois, les happe-chair du secret-défense font l’impasse sur un gugusse, histoire de rendre du lustre à la justice. Tel fut le sort de Saddam Hussein, pendu, certes, mais légalement.
Il y a ainsi pas mal d’exceptions qu’on se demande pourquoi il y a encore tant de procès !
Si l’exécution de Ben Laden l’avait été à la suite d’un acte de guerre dans un pays en conflit… on pourrait trouver l’action justifiée… les armées ne sont pas à un meurtre près ; mais, dans un pays « ami » le Pakistan ?
Les partisans de la manière forte répliqueront qu’il le fallait compte tenu de la dangerosité de l’individu, de sa capacité de nuisance et du risque que sa capture pouvait susciter en laissant des talibans, ivres de vengeance, rêver de massacres et d’échanges des valises de dollars contre des innocents capturés au hasard des circonstances !
Dans ce genre de justice expéditive, la valeur d’un homme se mesure au prorata de ce qu’il représente pour ses partisans ! A partir de quel degré de nuisance un individu recherché pour ses crimes, n’a-t-il plus droit à un procès équitable ?
Dans certaines circonstances, les plus respectueux du Code Civil abandonnent la règle générale pour adopter un code spécial, non écrit et modulable selon les besoins.
D’après ce que la présidence à Washington et la CIA ont bien voulu nous dire, l’attaque a eu lieu de nuit et les occupants de la villa n’ont pas eu le temps ni de se rendre, ni de se défendre.
Ben Laden a été tué, mais encore celles et ceux qui se sont trouvés sur le chemin du commando. Admettons que Ben Laden devait être capturé « mort ou vif », mais les autres ? Qui étaient ces gens qui n’ont pas eu droit à un procès équitable ?
La raison d’Etat exige que tous les témoins ou complices d’un grand criminel soient abattus de la même manière que celui qui est recherché. C’est ce qui s’appelle un tir groupé.
Si on « oublie » la Loi pour tuer sans jugement, celles et ceux qui d’une manière ou d’une autre sont au contact, savent-ils qu’ils encourent la même peine que le criminel ? Dégâts collatéraux, certes, mais en temps de paix, dans un pays ami ?
Les juges sont priés d’aller à la pêche et la justice devient cette foutaise dont elle prend souvent l’allure dans l’autre sens, lorsqu’il s’agit de ne pas juger une criminalité financière, feutrée et toute en demi-teinte.

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L’exécution ayant enlevé la possibilité d’un éventuel procès, c’est non-seulement la justice qui en prend un coup, mais aussi ce qui aurait pu déterminer d’autres arrestations au cours d’un procès, l’établissement de complicité, la connaissance d’éventuelles collusions dans les appareils d’Etat, etc.
A moins, pour les commanditaires de l’exécution, qu’il soit souhaitable qu’il n’y ait pas de procès. Les grands maffieux paient cher les fines gâchettes pour l’élimination de témoins gênants.
Quant aux services secrets pakistanais qui auraient ignoré la présence d’Oussama à côté d’une Académie militaire pendant sept ans, ça fait rigoler !
Tout cela est dérangeant, malsain… Si une démocratie se conduit comme un Etat voyou, ce n’est plus une démocratie : c’est un Etat voyou !
Les Talibans, de n’importe quelle manière exploiteront la disparition de leur chef. Alors, autant que cette disparition se soit faite de manière exemplaire, et non à la sauvette.
Pour l’anecdote, la CIA avait baptisé l’opération Geronimo !
Nous revoilà replongé dans le génocide des Indiens et le déferlement des Européens avides de massacres et d’appropriation des terres.
Comparer Ben Laden à ce chef indien, voilà bien la preuve que depuis ce faux jeton Nordiste de Général Howard, les Américains, hélas !... n’ont encore rien compris !

Commentaires

Dans votre chronique, il y a à boire et à manger, même si le plat n'est pas ragoutant. Mais faire des comparaisons avec un Salvatore Allende et un Ben Laden, il y a de la marge, même si ce sont aussi les américains qui sont à l'origine de la mort de Allende, qui soit dit en passant c'est suicidé !!. 
« Dans le palais de la Moneda, sous les bombes putschistes, Allende trouve la mort. La question de la cause de sa mort a été controversée : le rapport d'autopsie conclut au suicide, ce que confirme son médecin personnel et ce que sa famille accepte mais ce que ses partisans refusent parfois". (Wikipédia). Quant à Pinochet, pensez-vous qu'il a été jugé équitablement ? En novembre 1998, il est arrêté à Londres à la suite d'une plainte internationale pour « génocide, terrorisme et tortures ». Il est libéré pour raisons de santé en mars 2000. Personnalité très controversée au Chili, il meurt en décembre 2006, sans avoir été jugé. »(Wikipédia)
 Je ne suis certainement pas pro-américain mais en finir avec un monstre, cela ne me gêne pas du tout et le faire disparaître est aussi un moyen d'éviter dans l'immédiat des représailles des « fous de dieu ».On ne saura peut-être pas grand chose de plus, sur les occupants de cette forteresse, mais en tout état de cause, ils étaient du même acabit et les pakistanais savaient que Ben Laden était dans leur pays !!.

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