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Chiale pas, mec, agis !

On pourrait dire de la condition ouvrière qu’elle touche moins de travailleurs qu’avant. Est-on bien sûr que la condition « employère » vaut mieux ? Ne serait-ce pas plutôt les employés de base aux tâches tellement parcellisées qui rejoindraient aujourd’hui le travailleur manuel dans une descente aux enfers qui s’appelle disqualification ? N’importe qui avec ou sans diplôme peut dorénavant travailler dans la plupart des bureaux aux missions élémentaires. Les diplômes servent de barrage à la masse des demandeurs d’emplois, à seule fin de limiter les accès à des professions qui seraient aisément exercées par tous et d’en interdire le postulat aux sans cursus. Culpabiliser les chômeurs a été un bon moyen, jusqu’à présent, pour contenir leur fureur.
Quelles soient appliquées sur des chaînes de montage, dans la petite entreprise au capital mesuré, dans les bureaux des Administrations d’Etat ou dans les domaines du privé, les conditions de travail ont toujours été destructrices. Il y a un siècle, elles étaient plus physiques. En 2011, elles sont de nature nerveuse, psychique. Torture morale ou torture physique ? La médecine ne fait pas de distinction entre un travailleur usé physiquement ou psychiquement. Les deux causes se rejoignent pour faire un salarié de fichu, de « l’art » de la bureautique, à la chaîne de montage.
Le travail répétitif abruti. Classer des fichiers toute la journée ou acquérir des automatismes sur une chaîne de montage produisent les mêmes effets, le même rejet.
L’homme n’est pas fait pour travailler dans la perspective d’une économie productiviste, comme nous oblige le système économique, inventé par ceux qui n’en fichent pas une.
L’humain ne s’épanouit que dans l’aire imaginative et à son rythme. Ce n’est pas le consommateur qui est en jeu dans l’esprit du travailleur, mais son passé d’animal des bois, libre et toujours en danger, poussé à vivre au mieux dans n’importe quelle circonstance.
Le travail comme on l’entend aujourd’hui est contre nature. C’est un nouvel esclavage.
La « noblesse du travail », n’est qu’une invention des jouisseurs pour faire faire le terrible labeur à leur place ! Car, on le remarque facilement, il y a ceux qui travaillent vraiment et ceux dont le travail n’est en rien comparable. Ces derniers sont des chefs, des théoriciens, des ardents politiques, des imaginatifs épanouis. Leur mission, c’est de coacher les autres aux pires corvées.
Les mains manucurées, les fesses dans des falzars de cachemire, font comprendre à tout qui est un rien observateur, qu’ils n’ont jamais vraiment bossé, et qu’ils ne sauront jamais de quoi on se préoccupe dans les vestiaires d’usine.
C’est difficile à croire qu’ils sont désignés par le même mot « travail » pour faire la même chose qu’un ouvrier d’une chaîne de montage ou qu’un employé de guichet de la dernière catégorie, quand ils se vantent de bosser.
Eux, ils organisent leur journée, ils ne dépendent des autres que de façon lâche et discontinue, ce sont des entraîneurs de foule, des dispensateurs de la bonne parole. Leur spécialité les dispense de dépendre de quiconque et leur maladresse ne font souvent l’objet d’aucune critique.
L’autre quinzaine, on pouvait voir Daniel Bacquelaine, député-bourgmestre de Chaudfontaine, invité par les ineffables Maroy et Guadisseux à Mise au point. Qu’importe ce qu’il a balancé à ses fans, ce mec tenait négligemment un porte-plume réservoir entre deux doigts, un Mont-Blanc, reconnaissable à la tache ronde et blanche au sommet du capuchon. Ce stylo vaut une bonne quinzaine de jours de travail d’un salarié moyen. Je n’ai rien contre les bons stylos, au contraire… Il se pourrait même que j’en aie un aussi. Mais que ce mec vienne prêcher l’austérité, c’est quand même gonflé de sa part.
Comme écrivit Céline dans Féérie «…les doigts des ouvriers, n’est-ce pas ?... à quarante ans, ils ont plus de doigts… deux, trois, arrachés chaque main… perdus ci et là… aux scies, aux fraiseuses… ceux qui donnent pas, qui foutent rien, ils gardent leurs mains, ils gardent leurs doigts, ils gardent tout ».
Les gens du dessous sont trop bons, trop naïfs, ils croient que le sort qui les accable est mérité et qu’il faut faire des efforts pour sauver l’économie de la Belgique !
Les milliards dilapidés par les banques, le coût exorbitant des hauts personnels de la démocratie, c’est à celui qui bosse dur à qui on présente la facture.

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C’est un signe, les cadres, les rentiers, les riches, enfin ceux qui ne foutent rien de leurs dix doigts ou pas grand-chose, vivent plus vieux que les travailleurs manuels et les employés. Il doit bien y avoir une raison ?

Le gnard qui gare sa Porsche à dix heures dans le parking réservé, qui jette un œil sur l’ensemble, puis qui repart à onze glisser de la semelle sur un autre tapis plain, tandis que t’en as encore pour six ou sept heures à en prendre plein la gueule de bruits, de crasse, d’huile et des sarcasmes de l’odieux voisinage des petits chefs, celui-là, mec, en aura pour dix à quinze ans de bon de plus que toi. Tu me diras, pour ce qu’on en a à foutre d’une pareille vie ! Justement, faut pas crever comme ça, tes ancêtres les cueilleurs de la préhistoire, comment qu’ils l’auraient passé au court-bouillon, le type à la Porsche. Faut croire que les petits cueilleurs, étaient pas si cons que ça…

Commentaires

Pour moi, Richard n'est pas plus vulgaire que certains politiciens qui nous "pompent" à force de vouloir nous faire croire qu'ils travaillent beaucoup, non Richard est un type bien,, très humain le gars, c'est sûr..

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