Ça, des socialistes !
Quand on voit le parcours des différents partis politiques pour aboutir au flop dirupéien, on se dit que s’il y avait bien un parti qui aurait dû dire « neen » le premier, c’est bien le parti socialiste !
Je reste sidéré devant l’écart qui existe entre les statuts du PS et son parcours très à l’aise dans un centre parfait du système économico-social brutal et déshumanisé de la bourgeoisie ambiante et là, sans barrière linguistique !
C’est même assez nouveau que la note refusée par De Wever ait été écrite par un socialiste !
Du point de vue de la base de ce parti, ses nombreux affiliés et sympathisants qui apportent leurs voix pour une transformation sociale en profondeur, on peut dire qu’ils se font avoir ouvertement et au grand jour sans qu’apparemment cela les gêne beaucoup.
N’était-ce pas l’occasion de profiter de l’effervescence des partis qui s’opposent violemment dans une flamandisation en marche, les uns pour la freiner, les autres pour l’accélérer, de dégoupiller la grenade sociale et de faire sauter le panier de crabes au nom d’une gauche qui en a assez de l’exploitation accélérée de l’homme par l’homme ?
Or, c’est tout le contraire qui se produit.
Les cadres du PS sont unanimes derrière leur chef de file pour que survive la société belge dans l’état où elle se trouve : une société égoïste dans laquelle s’aggrave les inégalités sociales, les injustices, les passe-droits, les atteintes à la dignité des personnes, le racisme sous-jacent quoique hypocritement combattu, bref, une société diamétralement opposée à tout ce qu’a été le rêve de plusieurs générations d’hommes et de femmes.
Et au nom d’une utopie, d’une démocratie basée sur une royauté héréditaire et un accord de circonstance des puissances alliées de 1830, voilà que les chefs du PS s’emballent et plus royalistes que le roi, plus déterminés que le patronat tout entier, se lancent dans une guerre qui ne devrait pas être la leur !
La génération précédente, c’était le contraire. Nous avions des léopoldistes, défenseur de la monarchie en majorité chez les Flamands, et des républicains chez les Wallons.
Il a suffi que nous tombions sur un chef de file royaliste et accessoirement socialiste, pour que tout bascule ! Dans la foulée nous pourrions demander à Di Rupo s’il est aussi pour le rétablissement de la Maison de Savoie sur le trône d’Italie !
Mieux encore, les chefs notoires du parti ne se sont-ils pas frottés, en préambule, aux réunions informelles, aux dîners entre patrons, afin de rassurer l’industrie sur leurs intentions de la servir au mieux dans le cadre inchangé du commerce et des banques, tel qu’il était avant 2008 !
Ensuite, complètement inconscients, ne les voilà-t-ils pas à se créditer des bassesses qu’ils ont perpétrées aux tribunes de ces aréopages bourgeois !
N’avons-nous pas encore en tête les propos de Rudy Demotte et de Di Rupo dans des clubs huppés, comme le club Lorraine ?
Qu’invoque le sire de Mons pour sa défense : l’intérêt supérieur de la Nation, le sentiment d’être Belge, la capacité de rester unis et solidaires ! Toutes notions, certes, qui conservent des partisans surtout en Wallonie, mais fort étrangères au destin des plus démunis, au rêve de justice sociale et à l’internationalisation – pourquoi pas dans une Europe sociale – d’une communauté qui pourrait alors, sans honte, s’appeler socialiste.
De quel droit Di Rupo confisque-t-il les voix de ces adhérents pour en faire le soutien de ceux qui les exploitent ?
Mais qu’est-ce qui leur a pris de suivre les cadres du PS dont la seule intention est de faire durer un système économique qui accable chaque jours un peu plus le peuple qui travaille, tout ça par complaisance devant un nationaliste qui se fout autant des droits des gens que de la démocratie et qui attend son heure pour chausser ses bottes et enfiler sa chemise brune !
J’aurais cru le peuple wallon plus averti, moins enclin à trouver grands, les hommes qui le dirigent, plus fier aussi et capable de sacrifier à la justice et à l’honneur une partie du confort établi sur des habitudes et le conformisme.
Sachant définir ce qui est du socialisme et ce qui n’est que sa caricature, il faudra que ceux qui ont fait la différence, se taisent et s’adaptent.
La consigne sera de rester impassible devant les trémolos du désastre annoncé. Ecouter les explications qui porte à croire que toute la responsabilité vient du camp d’en face ; et rester de glace, devant les compliments et les applaudissements de cette foule malheureuse pour ses leaders « de gauche ».
Il faudra bien supporter un certain temps qu’ils occupent les places en vue, que nous écoutions leurs raisons et regardions les naïfs les approuver.
Les élites ont servi les intérêts du peuple en 1789. Dans les circonstances actuelles, ils les abaissent !