Etienne... tiens-le bien !
La jobardise de Luc Cortebeek, président de la CSC, n’a d’égale que la veulerie d’Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB, comme tous les cadres soi-disant émancipés des syndicats, tous fourrés au PS et au CDH, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Le coup de chapeau à Etienne Davignon « pour ce civisme et ce sens des responsabilités sociales », signé Cortebeeck, est de trop.
Que le type à la pipe soit plus malin que Léopold Lippens, c’est évident. Il a compris lui, « le vieux sage » (la tentation a été forte d’écrire le « vieux singe »), qu’il était plus prudent de faire semblant de participer symboliquement à l’addition salée qui nous pend sous le nez, plutôt que jouer aux vierges effarouchées qui iraient prendre du bon temps ailleurs, si elles étaient mises davantage à contribution.
Son attitude témoigne malgré lui de la crainte qu’un jour un gouvernement (qu’il se rassure ce ne sera pas celui de Di Rupo) lui demande sérieusement des comptes pour sa participation aux coups fourrés du casino financier de 2008 à nos jours, dans lequel ses pareils se sont remplis les poches, même si d’autres ont été plumés, avant de mettre la clé sous le paillasson, dans certaines affaires délicates.
Certes, Fortis n’est pas tombé en faillite. Des compères d’Etienne ont même cessé de payer leur cotisation au Royal Zoute Golf Club, mais si certains ont ramassé des gifles, notamment les petits porteurs, d’autres s’en sont tirés beaucoup mieux en échangeant un papier qui ne valait plus rien contre des actions BNP-Paribas.
Alors, hein ! Etienne, des additionnels sur des déclarations qui ne représentent pas le dixième des avoirs et des biens de la gentry, on n’est pas « Founded in 1909, Royal Zoute Golf Club is a club with a very rich history. Our Course. Championship Course Par 72 (18 holes)”, pour rien !
L’affligeant, ce ne sont pas les 18 trous, c’est le dix-neuvième, ce con de la CSC qui se trouve soulagé des propos d’Etienne « après les pressions exercées depuis des semaines par la droite et les employeurs pour réaliser cet assainissement uniquement au niveau de la sécurité sociale et des équipements collectifs, au détriment des plus faibles et des travailleurs. »
Franchement, si j’avais eu la faiblesse de cotiser à la CSC, je lui aurais renvoyé ma carte avec mention.
Ces personnels que nous avons l’illusion de mettre en place par nos suffrages, encore que l’élection dans les syndicats relève d’une nébuleuse difficile à percer – au PS ce n’est pas mieux – ces mandataires déshonorent ceux qu’ils représentent en se déshonorant eux-mêmes. Comment désigner cette espèce de dévotion qui a saisi nos instances dans les rapports qu’elles entretiennent avec les personnages de la finance et des banques ?
Peur de l’évasion des capitaux ?
Sans blague ! C’est par la flagornerie et la platitude qu’on traite ainsi des gens en vue parce qu’ils sont capables de foutre le camp dans des paradis fiscaux avec le pognon qu’ils ont ramassé sur notre dos ! C’est-à-dire des gens qu’on suspecte d’être de parfaits voyous !
Mais, c’est Mélanchon qui a mille fois raison, quand il annonce que s’il était élu (ce qu’il ne sera pas malheureusement) président de la république, au-dessus d’un certain nombre de fois le SMIG, l’argent carotté par les filières du système serait automatiquement versé dans les caisses de l’Etat.
Voilà le langage que les syndicats et les partis de gauche devraient tenir, s’ils ne s’étaient pas retranchés complètement du peuple, pour se fourrer le museau dans la farine à faire des princes et des puissants.
Dorénavant pour ces zombies de la servitude, le progrès social est plutôt considéré comme un obstacle à la compétitivité en langage libre-échangiste mondialisé.
Pour un peu, Cortebeek pourrait accompagner la feuille d’impôt d’Etienne Davignon des excuses de la CSC pour les quelques milliers d’euros qu’il verserait en plus à l’Etat !
Le comble c’est que le syndicat chrétien croit avoir finement joué « afin d’amorcer une prise de conscience ».
Et on se demande pourquoi des gens de gauche virent anarchistes !