La table ronde était rectangulaire !
Bètchette Onkelinx- en jupe paysanne à fleurs - en aura été pour ses frais (rare chez un ministre), le silence qu’elle voulait absolu à l’ouverture de la deuxième année de négociation a déjà été rompu.
La photographie ci-dessous le montre à l’évidence : la table ronde était bien rectangulaire !
C’est déjà une première difficulté.
Je ne sais pas si vous avez déjà participé à une table ronde avec une table rectangulaire, mais il y a quelques mauvaises places à éviter absolument : les coins !
Vous n’y voyez à peine qu’un quart des participants et vous devez faire des contorsions inouïes pour apercevoir les autres.
Comment discuter dans de pareilles conditions ?
Et encore, quand je dis le quart, pour tout autant que votre voisin immédiat le veuille. S’il a les coudes sur la table, vous ne verrez bien que deux ou trois personnes de face.
Sur la photo on voit la position stratégique de Bètchette, plutôt vers le centre et qui devine-t-on derrière ? Le pauvre Wouter Beke, assis presque à l’angle mort !
La dame tourne le buste du côté de l’objectif, mordant carrément sur la table. Si bien qu’on ne voit que les lunettes de l’ancien étudiant Beke. Un désastre de la Com. du CD&V !
Enfin, en face, prêt à endosser la tunique du Christ, Eloi Di Roublardo, quasiment hors alignement, le buste projeté vers le centre de la table. Il semble d’une humeur excellente prêt à damer le pion de Simon le Magicien, repris sous les traits du juvénile Alexandre-le-Petit De Croo. Sur l’autre mauvais coin, on voit Milquet, pas mise en valeur, avec pourtant un avantage sur la tête d’œuf assis en face et anonyme (Michel junior).
Autre indiscrétion grave, des journalistes postés à l’entrée des locaux ont noté l’entrée et la sortie des négociateurs. Ces beaux messieurs-dames ont discuté pendant trois heures, rien que pour établir le programme des négociations !
C’est pas du DSK, ça, madame, qui entre et qui sort au bout de cinq minutes, le cœur léger et la dame en pleurs. C’est du solide, un poker d’enfer de trois heures et sans gâteries !
Elles commenceront mardi. Les trois premières heures ont été le premier round d’observation, pour un championnat du monde de boxe poids lourd.
Mardi, on s’attaquera à BHV.
On suppose que la bande à Michel demandera à Maingain de rester chez lui, afin de ne pas choquer Beke. On voit d’ici l’Olivier de ma périphérie reprendre son dernier discours au FDF
« Il y a 40 ans, le « Walen buiten » de Louvain était impensable, il y a 10 ans, la manipulation du suffrage universel pour donner une représentation garantie aux partis flamands dans les institutions régionales bruxelloises alors qu’ils ont de moins en moins d’électeurs, était une idée grotesque. Il y a quelques mois encore, la contestation de l’existence d’un arrondissement bilingue au cœur du pays alors qu’il permet la coexistence pacifique de deux communautés, paraissait incongrue. »
Pour abandonner tout ce qui reste à la Flandre triomphante, ce n’est pas le moment de remuer la série des renoncements du passé.
Eloi Di Roublardo pourra dire les consignes qu’il veut à Bètchette, la table ronde rectangulaire sonne la fin de l’alliance MR – FDF. C’est du tout bon pour le PS, sauf que pour exister, il faut bien qu’il y ait un Etat derrière. Et plus le PS sortira vainqueur du match avec le MR, plus seul sera-t-il à décevoir les Wallons.
Reste qu’au regard de l’histoire, on retiendra du Montois la volonté de maintenir à tout prix l’Etat belge, quelles que soient les suites d’une capitulation en rase campagne de la francophonie, à seule fin de servir les desseins des royalistes, dont il est un des fleurons.
Le discours de Maingain à la Commémo des 40 ans du FDF aurait pu s’appuyer sur un autre homme politique que P.-H. Spaak, spécialiste des retournements de veste.
Condorcet, par exemple, qui s’écria à la tribune de la Convention « …il est important, pour le maintien de l’égalité réelle que le langage cesse de séparer les hommes en deux classes ». Pour le conventionnel, les deux classes, ce sont ceux qui savent le français et ceux qui ne le savent pas.
C’est exactement ce que pensent aujourd’hui les nationalistes flamands qui veulent exclure les francophones de toute vie associative et administrative en Flandre. Alors que Bruxelles quasiment francophones à 95 % fait la part belle aux 5 % de flamands.
Qu’à cela ne tienne, devrait dire les francophones à propos de BHV qui va servir de prétexte à flamandiser de force les francophones de la périphérie, donnons aux 5 % de flamands bruxellois, la part démocratiquement échue à cette population, c’est-à-dire un vingtième du quota politique et administratif de la Ville.
Bien entendu, cela ne se dira pas, ne se fera pas.
Que va faire Maingain ?
La suite nous le dira. Quant aux autres, on connaît le courage politique de Di Roublardo qui consiste à capituler vite fait, quitte à se montrer « grand » dans la défaite.