Le cas Philippe Moureaux
Ce n’est pas évidemment une histoire arrangée à la gloire du sheriff de Molenbeek, ni un portrait d’un jeune marié qui n’est pas tombé de la dernière pluie, encore moins l’écrivain qui a brisé la « soupière chinoise » (son dernier livre), depuis qu’il préfère la lampe d’Aladin et surtout pas le navigateur des relations entre familles mixtes.
Il s’agit d’un portrait politique.
Mais quel Philippe Moureaux choisir ? Le Philippe Moureaux intransigeant des assises du socialisme, l’ami d’André Cools toujours prêt à la castagne pour des idées ou le Philippe Moureaux, marié, réputé sage, et membre du bureau du PS à l’égal des Onkelinx et du nouveau chouchou d’Eloi Di Roublardo, Paul Magnette ?
Deux personnages en un ? Non. Celui que nous avons vu dimanche à la télé donnant la réplique à Olivier Maingain, est bien le second. Un socialiste à l’image de son président, tout entier à la réussite d’un projet de gouvernement sans l’esprit du peuple, modérément enthousiaste à la collaboration avec le CD&V, et pas gêné du tout de renier les anciens engagements pris entre partis wallons.
Un homme, coincé entre les principes et les engagements pris, d’une part, et d’autre part son identité belge et la belle carrière politique qui fait bouillir sa marmite, depuis qu’il a quitté l’enseignement depuis plus de trente ans.
Les sociétés humaines se transforment par le refus des hommes d’accepter leur situation quelle qu’elle soit. Ce n’est plus vraiment le cas. Philippe Moureaux à tort de penser que l’insatisfaction d’Olivier Maingain est pathologique. C’est la logique de l’honnête homme. Nous verrons bien par la suite si Philippe Moureaux à raison de croire le président du FDF pareil à lui, c’est-à-dire qu’il va rentrer dans les rangs des résignés, tôt ou tard, pour signer des accords sur Bruxelles, aussi honteux que ceux qui furent jadis signés à propos des Fourons, par d’autres socialistes !
« Oh ! la belle chose que de n’avoir point de principes, que de savoir prendre le vent, et qu’on est heureux d’être une girouette. », l’historien qu’est Philippe Moureaux a sans doute lu quelque part cette pensée de Camille Desmoulins (1). Je jurerais qu’il ne se l’attribuerait à lui-même pour rien au monde. Et pourtant, c’est aussi bien de lui qu’il s’agit que des détracteurs du pauvre Camille, il y a plus de deux siècles !
Oui, Philippe Moureaux est une girouette. Oui, il ne sait plus ce que signifie être socialiste.
Il n’en est plus un vraiment, vieil habitué de l’appareil, cela lui suffit de donner son avis au bel étage du boulevard de l’empereur, avis qui n’a jamais été si bien partagé par le chef, que depuis qu’il est le copié-collé de son maître.
A-t-il jamais eu la parrhésia, cette franchise qui invite à tout dire, même ce qui scandalise le plus ? Alors que l’historien sait bien qu’il y a ceux qui font les révolutions et ceux qui en profitent. L’histoire de sa vie démontre à qui veut s’en donner la peine, il y a plus de trente ans qu’il est entré dans cette deuxième catégorie, sans être jamais allé jusqu’à se mouiller dans la première.
Le cynisme se retrouve à gauche comme à droite, mais la façon dont le PS s’est approprié la morale fait peser sur lui un poids particulier de responsabilité. Un jour de 1894, Jaurès eut cette réflexion « Le socialisme, c’est une morale ». Ce n’était pas un effet de tribune, il le pensait profondément.
Aujourd’hui, pour s’être acoquiné avec le capital, le PS et Philippe Moreaux n’en ont plus rien à foutre, ni de la morale, ni de Jaurès.
Le PS de Martine Aubry est le poisson pilote du PS d’Eloi Di Roublardo. Qu’y voit-on ? Et les dernières journées de l’Université d’été à la Rochelle avec les candidats à la présidence l’ont encore une fois démontré : une gauche médiatique et branchée, fonçant tête baissée dans le tout-jeune et le tout-culture, larguant les vieux principes et même les impératifs de la classe ouvrière dans ses revendications d’égalité des droits, allant jusqu’à considérer « les couches populaires comme composée de beaufs invétérés (Marianne N° 748). C’est tout-à-fait ce que pense Eloi Di Roublardo. Alors, pourquoi voulez-vous que Philippe Moureaux, pense autrement ?
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1. « Révolutions de France et de Brabant », journal dont Desmoulins était le seul rédacteur. L’auteur en incluant le Brabant à la révolution française, sans le vouloir, avait comme un pressentiment.