Les créanciers sont rois !
On aura tout vu. Mais là, cela passe l’imagination !
L’Agence de presse officielle de Pékin « Chine Nouvelle » titre son éditorial sur la mauvaise tenue de la dette Américaine, et, par la même occasion, dénonce le manque de rigueur d’Obama !
Pour un peu, Pékin soutiendrait les Tea Party ! Hu Jintao, le responsable suprême, serait favorable à ce qu’on diminuât les salaires des ouvriers américains.
« La Chine, le plus gros créancier de la seule superpuissance mondiale, est tout à fait en droit désormais d’exiger que les Etats-Unis s’attaquent au problème structurel de la dette et assurent la sécurité de ses avoirs en dollars ».
Quel retournement de l’histoire ! Un pays communiste qui donne des leçons de capitalisme à l’Amérique, Mao Tse Tong doit gigoter dans sa tombe !
La Chine possède, dit-on, 1.200 milliards de dettes américaines et 3.200 milliards de dollars de réserve. N’oublions pas, dans cet étrange pays communiste, que le parti est majoritaire dans les grosses boîtes et qu’il cumule les rentrées en dollars des exportations. Les membres du Comité Central sont en réalité inquiets pour les grosses fortunes en dollars qu’ils ont planquées dans les paradis fiscaux. C’est en qualité d’actionnaires d’une affaire qui n’est plus si rentable, qu’ils protestent, tout comme ont fait des milliers d’Américains « refaits » par la faillite de Lehmann Brother.
Que faire quand on a un taux de croissance de 10 % l’an, sinon exporter et encaisser en échange des bons du trésor américain, en sachant bien qu’il se pourrait pour le malheur de la Chine, qu’ils se transformassent un jour en emprunts russes !
D’après les économistes chinois, l’Europe avec ses pays peu fiables, comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie est encore moins sûre que les Etats-Unis. Voilà qui laisse une chance au pays européens de se refaire une santé, à l’abri des âpres actionnaires chinois.
De toute évidence, le problème européen d’assainissement est aussi compliqué et aussi aléatoire que celui d’Obama pour les USA, d’autant que le président vient d’obtenir à l’arraché un réajustement du plafond de la dette, laissant aller celle-ci vers des sommets jamais atteints, sans vraiment chercher une porte de sortie à la spirale.
En Europe, les sommets franco-allemands se ressemblent et très peu de choses s’en détachent susceptibles de rassurer les marchés.
Sarkozy prépare un plan. Les socialistes tergiversent dans l’attente de leur scrutin interne qui désignera leur leader.
Côté Belge, Eloi Di Roublardo s’ébroue au sortir de son périple sur la terre de ses ancêtres. Les consultations vont reprendre. Voilà plus d’un an que ça dure et les citoyens sont lassés. Cependant, il faudra bien que les socialistes sautent dans le bac capitaliste pour passer du statuquo actuel aux mesures d’économie, puisqu’ils défendent une social-démocratie dont le sort est lié au système économique capitaliste.
Ils pourront toujours se vanter que la note aurait été plus salée encore sans eux, mais personne ne pourra infirmer ou confirmer que la purge sans leur petite touche l’aurait été, en effet.
Les journalistes qui traitent de l’économie poursuivent toujours leur boulot d’étouffement de l’actualité pour nous présenter une situation qui est loin de refléter la réalité.
L’incohérence de la situation leur échappe et ils sont incapables de nous dire pourquoi, par exemple, la situation est bien pire au Japon que partout ailleurs et que c’est la Grèce qui trinque ? L’essentiel n’est pas de chercher à comprendre, mais plutôt de chercher à apaiser l’opinion, quoi qu’il arrive.
Mais voilà, un nouvel interlocuteur qui fait l’opinion s’est inséré entre les partis et les syndicats patronaux, c’est le monde de la finance et des prêteurs, qui entend bien dire comment il faut sortir des dettes afin d’honorer leurs créances.
Nos journalistes économiques ne le diront pas, mais ce troisième larron est celui que les gouvernements respectent le plus. Ce sera lui qu’on voudra rassurer dans les mesures qui vont être prises et ce au détriment des deux autres.
Et si nous voulons en plus régler nos problèmes communautaires en pleine tourmente économique, on peut dire que nous avons le pompon.
Eloi Di Roublardo va finir par déplaire aux Chinois et aux Agences de notation, je le sens, déjà que Bart De Wever ne peut plus le blairer, cela fait beaucoup de monde.