Pareto n’avait pas tort…
Ils le disent tous : c’est obsolète d’encore parler de la lutte des classes au XXIme siècle, alors que les barons du socialisme, champions de la social-démocratie, l’ont formellement répudiée.
Comme les faits sont têtus et que l’expérience du terrain démontre le contraire, je n’en tiendrai pas compte, en toute liberté d’opinion. Libre au PS à ne plus défendre que la classe moyenne et, ce faisant, démontrer par l’absurde le contraire de ce qu’ils disent.
Les marxistes ont tort de croire que la lutte des classes en 2011 diffère de celle que l’on pût observer au XIXme siècle sous différentes latitudes. Comme c’est une autre illusion de croire que la victoire du prolétariat y mettra un point final.
La victoire du prolétariat serait en réalité la victoire de la bourgeoisie ! Elle ne conduirait pas à la dictature du prolétariat, mais à l’âge d’or de ceux qui parleront au nom du prolétariat.
C’est-à-dire d’une minorité quasiment éternelle de dirigeants interchangeables et hyper efficaces, définie à partir d’une certaine position dans les pouvoirs de décision, à peu près la même dans tous les régimes.
La lutte des exploités pour au moins partager le pouvoir n’a jamais modifié celui-ci dans son train de vie et n’a jamais abouti à l’âge d’or de la réconciliation générale, à savoir un réel partage des ressources.
La fréquentation des livres d’Histoire de la Révolution française me porte à croire que ce fut seulement un déplacement du pouvoir qui passait de l’ancien régime aristocratique à la bourgeoisie, déjà dominée par les avocats.
Les peuples ont toujours crû qu’une nouvelle génération de politiciens aurait plus de chance de réaliser des choses pour le bien général, que l’ancienne.
Les révolutionnaires sont unanimes à ce sujet.
Alors que les révolutions n’ont jamais réussi à changer fondamentalement l’ordre des choses, mais, par contre, ont toujours magnifiquement réussi à tromper le peuple.
Tant qu’une nouvelle mentalité n’apportera pas un souffle nouveau à l’action des hommes, les « vraies » révolutions, soi-disant conçues pour durer des siècles, seront impossibles.
C’est pourtant ce que brûlait d’organiser… en 1848, les révolutionnaires rédigeant le « Manifeste du Parti communistes ».
« Tous les mouvements historiques ont été jusqu’ici, des mouvements de minorités au profit des minorités. Le mouvement prolétaire est le mouvement spontané de l’immense majorité au profit de l’immense majorité ».
Sauf que l’immense majorité, des millions d’hommes dans les sabots de la misère, n’a jamais réussi par l’action, à le prouver. D’où cinquante ans plus tard, le lancement par les Bolcheviks de la théorie des minorités « agissantes ».
Par contre ce qui est le plus visible, c’est l’alternance quasi régulière des minorités gouvernantes. Pareto dans son « Manuel d’économie politique » démontre que « L’histoire des sociétés humaines est en grande partie l’histoire de la succession des aristocraties. » Ce dernier terme est étendu à tout qui se succède à lui-même dans une fonction élective ou y pousse ses descendants et ses pareils, que cela soit le cas du MR, du PS, du CDH ou du Kominterm de 1919.
L’histoire contemporaine est donc celle d’une succession ininterrompue de minorités privilégiées qui se forment, exercent le pouvoir, en profitent, puis finissent par tomber souvent par l’excès d’en avoir profité, immédiatement remplacées par les suivantes qui, à peu de choses près, opèrent de la même manière et finissent de la même façon.
Toujours Pareto, dans son Traité d’économie « Ce phénomène des nouvelles élites… est un des principaux de l’histoire, et il est indispensable d’en tenir compte pour comprendre les grands mouvements sociaux. »
Voilà bien une des raisons du désintéressement populaire de la vie politique du pays.
Ceux qui disent « tous les mêmes » n’ont pas tout à fait tort.
Si ce n’est qu’à un détail près, avec certains chefs, la facture présentée au peuple est plus salée qu’avec d’autres.