Yellow peril.
Voilà une information qui ne nous intéresse pas, puisque nos télés et nos radios ont arrêté la crise, d’un commun accord, sur la bonne tenue des Bourses en fin de semaine.
Hakima ne fera pas ses yeux tristes en interviewant un messager de la mauvaise nouvelle, rien que du beau, du bon et du gros bonnet, dirait Séguéla.
Pourtant, ce n’est pas le moment du fou rire…
Aux yeux de Robert Zoellick « l'économie mondiale est entrée dans une phase inédite et plus dangereuse, et ce n'est que le début d'une tempête nouvelle et différente. Ce n'est pas la même crise qu'en 2008. Dans les quinze derniers jours, nous sommes passés d'une reprise difficile - avec une bonne croissance pour les pays émergents, mais bien plus hésitante pour les pays les plus développés - à une phase nouvelle et plus dangereuse ».
Nous voilà prévenus. Nous sommes à un carrefour, pas encore changé en rond-point.
Robert Zoellick est depuis juillet 2007 président de la Banque Mondiale. Ce n’est pas un de ces petits malotrus prétentieux dorlotés par Hakima, c’est un ponte. Quand un ponte soupire, ce n’est pas du n’importe quoi, c’est qu’il a du souci à se faire pour ses économies.
Il n’y va pas par quatre chemins.
On n’est plus en vacances. Eva et moi sommes revenus de la plage. On rentre. Ça tombe bien, Robert Zoellick nous aide à avoir un motif de faire la gueule. Eva n’est plus la rigolote qui se fichait de moi sur la photo du bord de mer. C’est du sérieux comme a dit Sarko, à propos de Carlita.
L’équilibre géopolitique remis en question, pas moins !
La leçon de 2008, c'est que plus on attend et plus les mesures doivent être sévères, a rappelé le ponte. Même si nous ne partageons pas les mêmes recettes, nous sommes d’accord sur le diagnostic.
La plupart des pays développés ont déjà utilisé ce que leur permettaient la politique fiscale et monétaire. M. Zoellick, en qualité de responsable principal de la finance mondiale, est pour la rigueur. Il saluera dorénavant tous les chefs d’Etat qui appliqueront des mesures d’austérité, comme il félicite David Cameron, qui serre la vis en Angleterre.
Par le temps qu’il fait, l’imperméable en août est de rigueur !
En attendant d’être félicité par Zoellick notre futur premier ministre remonte tout doucement de San-Valentino, ivre de chianti, gonflé de pâtes et languissant déjà de la vue qu’il va perdre de tous ces beaux jeunes gens qui, à défaut de travail, se dorent au soleil sur les murs du village natal de notre héros régional.
Tandis qu’Elio quitte à regret une contrée où il était enfin honoré et célébré, que les radios cartonnent une dernière fois des tubes de l’été, Robert Zoellick estime que cette crise va provoquer des changements dans l'équilibre géopolitique de la planète. Toute cette agitation est en train de transférer "très rapidement, du point de vue de l'histoire", le pouvoir économique de l'Occident vers la Chine.
Pas moins. Ne rions pas. Le péril jaune, voilà 38 ans que Peyrefitte en fit un livre (1). Nous sommes en train d’écrire le second tome « Les Jaunes attaquent ». Sauf, qu’il y a une chose étonnante que l’auteur n’avait pas prévue. Pékin ne tient pas au rôle de chef du monde ! Il a assez de ses merdes sans prendre en plus celles des autres. Eviter la surchauffe de son économie, limiter la pollution, réformer son système fiscal et maintenir l'équilibre entre entreprises publiques et privées, lui semblent suffisant.
Dévaluer le yuan aiderait à modérer l'inflation, certes, mais les produits étrangers moins chers sur le marché intérieur pollueraient l’âme chinoise. En clair, Pékin ne veut pas voir ses ressortissants débuter une carrière démocratique que nous finissons si mal.
Robert le sait. Aussi, a-t-il reporté ses espoirs sur la zone euro et le grand défi qui nous attend. Avec la Grèce et le Portugal assommés par leur dette et d'autres pays menacés, et sans possibilité de dévaluation, c'est en effet non seulement l'économie de la zone euro qui est en danger, mais l'existence même de la monnaie européenne.
Les investisseurs, a-t-il souligné, commencent à se demander combien de temps l'Allemagne et la France vont pouvoir continuer à soutenir les pays exposés, sans risquer de perdre un « A » aussi.
Obama passe le relais à l’Europe. Il a trébuché sur Sarah Palin et entend que nous ne le fassions pas sur Angela Merkel !
Du coup, la responsabilité m’écrase. Et si Di Rupo était assez con pour le croire ?
Berlusconi est tombé dans le piège. A qui le tour ?
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1. Alain Peyrefitte « Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera », essai1973.
Commentaires
J'écoutes Jérôme De Warzée, il me fait rire, je lis vos chroniques et parfois, elles me font sourire, remarquez la nuance..mais ce qui me plaît c'est la justesse (très souvent de vos articles)et ça , ce n'est nullement comique..si vous saviez à quel point, je suis frustré de ne pouvoir m'exprimer comme vous le faites, bien sûr vous avez très souvent mis le point sur le "I", mais à travers vos articles trop souvent impossible à comprendre par une majorité des citoyens de ce pays, vous passez à côté de quelque chose d'important. Rassurez-vous, j'ai compris , oui, j'ai compris et cherché parfois le sens de vos ....et puis merde, vous compliquez tout et au bout du compte, n'est-ce pas se que vous voulez? ..sans rancune.
Postée le: Reiter | août 14, 2011 11:45 PM