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Bart De Wever, conducător !

Il n’y a pas que Guy Spitaels pour s’inquiéter de l’avenir des négociations menées par Elio Di Rupo en vue de la formation d’un gouvernement.
Tout le personnel politique le sait, on s’avance à pas comptés vers la liquidation du partenariat avec la Flandre.
Ce qui fait craindre le pire pour la Wallonie, c’est que nous n’y sommes pas préparés. Non seulement le pouvoir de Namur ne donne pas des signes qu’il a compris la situation ; mais, au contraire, Rudy Demotte et les autres affichent une inconditionnalité pour un Etat « Expo 58 » qui ressemble furieusement à la Belgique Joyeuse de nos pères.
Nous assistons à un jeu dans lequel nos responsables s’y sont tellement mal pris, qu’ils ne pourront que perdre au coup suivant, même s’ils réussissent à nous faire croire à un accord possible dans un gouvernement qui sera selon toute vraisemblance le dernier.
Pourquoi les partenaires Flamands montrent-ils une âpreté sans précédent sur les discussions qui entourent la scission de Bruxelles – Hal – Vilvorde ? Mais pour la raison évidente que lorsqu’il y aura scission, l’adjonction des territoires par arbitrage d’une autorité européenne se basera sur l’existence juridique des frontières antérieure à la volonté de séparation des parties.
Le plus bel exemple que l’on puisse donner pour comprendre l’enjeu est la situation actuelle des Fourons, territoires jadis wallons, archi flamandisés depuis avec l’aide des résidents néerlandais. Peut-on croire qu’une autorité internationale puisse trancher autrement d’un litige éventuel, qu’en faveur de la Flandre ?
En vertu de ce qui précède, vous voyez l’importance de l’actuel marchandage autour de BHV. Ce sera en fonction de ce qu’aura concédé Di Rupo que les Flamands estimeront venu le temps de se séparer des Wallons en empochant l’environnement de Bruxelles, étouffant ainsi la ville, dans le secret espoir de l’englober dans les frontières du futur Etat flamand.
Nous devons à notre situation pitoyable de minorité, le désir des responsables francophones d’aboutir à un accord prolongeant la Belgique fédérée. Les Flamands poursuivant un objectif opposé, il va de soi qu’ils sont dans une situation bien meilleure, puisqu’ils sont indifférents au sort final d’un pays qui ne les intéresse que pour en détacher le plus de territoires « flamandisés » qu’ils peuvent, pour la formation d’un Etat flamand.
Le baromètre trimestriel de La Libre et RTL-TVI sur les intentions de vote est clair à cet égard. La NV-A, après des mois de crise politique, sortirait renforcée si on devait voter, avec 33 %. Son président, Bart De Wever est plébiscité par 57 % des Flamands.
Avec le Vlaams Belang et la « Lijst Dedecker » avec ou sans élection, comment voulez-vous que Di Rupo ne négocie pas avec la peur au ventre de perdre son roi et sa Belgique, sans se soucier de savoir si, pour les Francophones, à défaut d’un leader séparatiste du type De Wever, ils ont le même sentiment que lui ?
Dans un autre temps, pour un même conflit, les partenaires devenus rivaux se seraient depuis longtemps retirés sur un constat d’échec, afin de se préparer à une guerre de conquête du territoire de l’autre.
Heureusement, on n’en est plus là. Il y a l’Europe. Nos gesticulations attirent l’attention sur nous, par un effet de curiosité. Le record de durée d’un gouvernement non élu a fait l’objet de moquerie. Nos constitutionnalistes sont ridicules. Seuls quelques historiens et juristes européens s’étonnent de l’archaïsme des revendications flamandes niant le droit des gens.

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C’est peut-être une chance pour les Francophones. Parce qu’en liberté du choix des personnes, il n’est pas certain que les frontières par le droit du sol, soient supérieures devant la Cour européenne au droit des gens. D’autant que la frontière linguistique est artificielle et ne peut en aucun cas être considérée comme une frontière naturelle.
En attendant la suite, sans doute tumultueuse et malheureuse des consultations de Di Rupo, Bart De Wever se conduit déjà en conducător de la Communauté flamande, il rend visite au Premier ministre David Cameron et annonce d’autres contacts internationaux dans les prochaines semaines.
Quand donc un parti francophone mettra-t-il fin à la mascarade, en se retirant de la table des négociations ? L’opinion n’est pas encore mûre semble nous dire l’espèce de résignation avec laquelle certains présidents de parti lorgnent vers les caméras de la télé, à chaque fois qu’ils s’en vont négocier.
Peut-être y a-t-il une amorce de mise en condition par l’effet d’annonce qu’il s’agit de négociations de la dernière chance et qu’après c’est le chaos ? C’était peut-être une erreur de propager cette idée de chaos. Et si, encore une fois, les négociations échouaient ?
N’est-ce pas là le rôle des partis d’habituer les gens à vivre la réalité du monde telle qu’elle est, afin de combattre avec lucidité les injustices d’où qu’elles viennent ?

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