Confusion expectative et machine à vapeur.
Les Huit sont aussi emmerdant qu’une meute de journalistes aux trousses de DSK et de madame. Nous sommes à la phase « au finish » des huit babillards pour la formation d’un gouvernement plus d’un an et trois mois après les élections. Et le « Florentin » reporte la séance décisive à mardi 9 heures ! Voilà la meute plus clairsemée que celle affectée à DSK, qui a, comme l’autre, aussi peu de matière écrite et « mastiquante » à boucher les trous d’un journal.
Rien à se mettre sous le stylo. Sinon faire ce que les curieux ont fait pour DSK ce dimanche, regarder en boucle « l’homme qui aimait les femmes » entrant dans le jardin aux buis taillés de son bel appartement de la place des Vosges, suivi d’Anne Sinclair en pleine décontraction et l’air amoureux !
En Belgique, sans vedette de gros calibre (oui DSK est bien pourvu) et à défaut d’une déclaration d’Eloi Di Roublardo, nous nous sommes farcis les émissions phares à prétention politique du dimanche matin de nos deux chaînes représentatives de notre surréalisme hébété.
Le mimétisme était parfait : même horaire de RTL à RTBF, thème identique (l’enseignement) et invités interchangeables.
Le hochepot côté Reyers était agrémenté de nos deux fines herbes, Maroy et Gadisseux, tandis que l’autre télé arborait une moumoute et Vrebos en-dessous, sinon, tout pareil : même questions et même répliques, de la transmission de pensée exemplaire, un travail à l’identique étonnant. Je ne sais pas si les dames avaient eu l’occasion de se changer entre les coups du direct au différé. Si vous avez observé des modifications vestimentaires, vous seriez gentils de me le faire savoir. Je n’ai vu personnellement aucune valise de vêtements qui traînait dans un coin.
On le devine, pour cet accord parfait, le papier à musique n’avait aucune portée. L’accent liégeois prononcé de Marie-Dominique Simonet donnait à ces deux télés ce petit côté un peu suranné d’une visite au musée de la vie wallonne, quand vous vous branchez à un des magnétophones mis à la disposition du public.
Question de vide, le beau monde représentatif du juste milieu belge fut parfait. Aucune discordance, pas de bruit de fond, rien, la prévisibilité pouvait vaincre toute espèce d’insomnie. C’est à se demander pourquoi les deux chaînes ne repassent pas les émissions à une heure tardive de la nuit, afin d’aider les insomniaques à sombrer dans un sommeil réparateur.
Seule différence, le décor. Celui de RTL est une sorte de bois empilé dans un dépôt dans lequel sèchent les planches en établissant un vide entre elles. Avant, quand on s’emmerdait ferme aux propos trop étudiés pour être honnêtes, que faisait-on ? On regardait sous la table, les souliers des orateurs et les jambes des « orateuses ». A ma grande confusion, lorgner par en-dessous conférait un certain voyeurisme au spectateur. Fini l’émoi d’une découverte inattendue, une jupe trop courte, des jambes croisées. Derrière les piles de bois, on n’en a pas pour sa redevance ; à claire-voie, chez Brico-RTL, on ne voit rien !
Par contre ce nouveau décor remet le témoin du jour à sa place. En effet, si les brillants invités qui entourent Vrebos sont assis, ceux qui viennent les interpeller sont debout, comme à la barre d’un tribunal.
Ce n’est pas génial, à moins que cela ne soit voulu. Ne pas avoir l’habitude des spots et être debout devant des gens en quart de cercle qui vous observent, pour dire en deux minutes ce que vous avez mûri dans votre tête pendant quinze jours, n’importe qui perdrait contenance, sauf maître Magnée, peut-être ?
Elio Di Rupo est un être merveilleux et compatissant à l’égard des mirliflores de l’information. Ainsi moi, qui m’empêtrais dans les décors de nos deux chaînes, je peux les abandonner à l’aise pour commenter un événement « considérable » en comparaison avec ce qui précède et que je me rappelle à l’instant.
Je cite « La réunion entre les huit partis engagés dans la négociation autour du formateur débutera mardi à 9h et non lundi à 12h comme c’était prévu. En cause : les difficultés d’agenda d’un négociateur.
Lequel de ces messieurs a eu un week-end prolongé jusqu’au lundi et avec qui ?
Si pour le coup le Soir mettait un journaliste sur l’affaire ?
Laissons donc la pression monter dans ces vieilles machines Papin qui ont la prétention de nous gouverner. Elles finiront bien un jour par exploser, à la grande joie des enfants que nous sommes restés.