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La grosse compète…

Suivre Belgique-Géorgie en live ou poser des questions à la sœur de Kevin et Jonathan Borlée, c’est à peu près le choix que les mordus de l’actu ont devant eux ce mercredi 31 août 2011.
Je n’ai rien contre la famille Borlée. Des gens de belle apparence et probablement fort aimables. Est-ce suffisant pour faire la Une des journaux ? N’y a-t-il pas des événements plus importants ?
Eloi Di Roublardo, d’un colloque singulier l’autre, a perdu l’intérêt du public. On commence à se foutre du pataquès wallon-flamand dans les grandes largeurs. A tel point que si, par hasard, dans quelques mois, Roublardo sortait du dernier colloque qui l’institue premier ministre, un bon conseil : ne pas faire une première avec ça, si vous ne voulez pas la chute des ventes. Que les Flamands prennent tout, périphérie, Bruxelles, annexent Arlon, les Eaux de Spa, déménagent le Palais des Princes-Evêques en Campine, on s’attend à tout.
Depuis qu’on sait Di Roublardo sensible à la peur de se faire couper les couilles comme les vétérans italiens d’Abyssinie, il voit Wouter Beke en Négus Haile Selassie Ier.
Reste donc le côté « info sportive » de notre promoteur du jeunisme piscicole montois.
Le sport en pointe, la médiatisation des sportifs, les exploits d’aventures hors normes, le brol du sport illustre le côté « réussite sociale » qui va de paire avec l’apologie de la consommation. Ça tombe bien, les Belges adorent.
A défaut de sauter 5 m à la perche, il se mange par concours du côté de Namur, plus d’1 kilo et demi de boudins par sportif. Au jet de vomi, Rudi Nihoul est devenu le Roi du boudin. On attend le champion des œufs cuits durs, pour les fêtes de Wallonie.
Nous nous sommes convertis au culte de la performance. Pas toutes les performances, par exemple éradiquer la pauvreté, faire payer les banquiers afin de réparer leurs conneries (pour le coup ce serait une sacrée performance), éviter de taper dans la TVA quand on a à trouver un milliard d’impôt pour lequel on ne sait plus où se tourner, non, mille fois non ! On rejoint la peur di-roublardeuse de se les faire couper par Beke-Haile.
- Wouter, tu veux Mons aussi ? D’accord. On va te découper ça…
Mais descendre en-dessous du chrono minimum du 400 m, sauter deux millimètres plus haut qu’une gazelle de la savane, marquer un beau goal (il y a même un prix du beau goal), ça oui, on adore. Surtout quand on sait qu’on est bien payé dans l’exploit. Dix euros le coup de raquette, voyez ce que ça fait en trois sets ! C’est du fric pas pour nous, mais on admire…
Les ministres se sont livrées au charme rude de la concurrence. L’air guilleret de Laurette, l’ornement kitsch au poignet de Joëlle, c’est le mental et l’équipement de la sportive politique.
Le sport est devenu le vecteur d’un épanouissement de masse en ce sens que chacun incarne le champion et qu’au sortir du stade, il l’est au même titre que l’idole.
Le sportif avec l’étiquette « haut niveau », c’est Claudia Schiffer qui pisse dans un violon devant Karl Lagerfeld étranglé dans son col de chemise : prodigieux !...
Pour comprendre la promo sociale, il faut mesurer l’enthousiasme des gamins au sortir des vestiaires du Standard. Ils se ruent sur tout ce qui sort, afin de s’assurer les autographes des illettrés millionnaires du jeu de jambes, devenus soudain les Victor Hugo de la signature.
En moins exalté, c’est le même engouement chez les patrons qui s’organisent en fédérations, sorte de clubs où les cotisants s’auto-admirent. Pour s’amuser, ils se paient de temps en temps un extra qui au lieu de faire la plonge vient dire qu’il est le président du gouvernement wallon, ou le self made man président d’une organisation politique dont la mission est d’organiser un cocon autour des industriels, qui s’appellera gouvernement Di Rupo.
Pas de compétitivité dans l’entreprise, alors pas d’efficacité de protection sociale, comme pas de liberté publique sans liberté du marché.
Le chef d’entreprise est un sportif de haut niveau, n’importe quel subalterne qui veut de l’avancement doit le savoir. Le patron est un personnage d’avant-garde d’une attitude plus générale de masse. Sa priorité dans l’équipement qu’il sponsorise dans la commune où il a son usine, est le parcours santé. Sa vocation est d’aménager. Il doit bien ça à ceux qu’il empoisonne par ses fumées.
L’opposition entre la démocratie et l’entreprise à disparu. Di Roublardo se voit en coach de l’instrument de domination sur les classes populaires. Il n’a pas la popularité de Steven Defour, mais son « challenge » est de faire un gouvernement à la mesure d’une version athlétique de la performance, un gouvernement « mémorial » en concurrence avec le « Van Damme ».
Le sport est sorti du sport. C’est un état d’esprit, une formule miracle qui sert admirablement à consolider l’échafaudage du système économique.
Ne nous enjoint-on pas depuis l’école de nous réaliser par un état d’esprit, un mode de formation, sans tenir compte du lien social, pour une société de compétition généralisée ?
Moi, par exemple, si chicaneur sur tout, absolument contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre, n’ai-je pas contribué à être l’exemple du blogueur compétitif et finalement d’avoir hissé la contreperformance au rang de performance ?

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Bravo

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