La meute et l’émeute.
Les émeutes urbaines, c’est comme le milieu favorable à la schizophrénie, elles prennent naissance, la plupart du temps, dans le tissu social dégradé. Ce qui fait dire aux auteurs de la langue de bois et de la « pensée unique » que les jeunes n’ont qu’à travailler. Ainsi, ils renvoient ces mêmes jeunes au paradoxe d’une misère galopante, une main-d’œuvre en surnombre dans un environnement de luxe.
Tant que les « braves gens » voient l’émeutier en voyou, il n’y a pas de problème. L’Etat nettoiera ça au karcher quand les poules auront des dents. Plus grave serait que l’opinion se retournât contre son maître et décide que les voyous ne sont pas ceux que la police désigne.
Caroline Fourest, dans son livre « Le choc des préjugés » s’élève contre l’idée reçue que « 80 % des émeutiers étaient des délinquants ».
Délinquants ou révoltés, écrit-elle, « c’est une question clé pour savoir si nous avons affaire à un mouvement de protestation en vue de construire ou un défouloir uniquement destructeur. »
On n’en est pas là, qu’Eloi Di Roublardo se rassure, comme les responsables de la France à Marseille et de la Grande Bretagne à Londres, le phénomène que la société de consommation n’a pas su résorber, n’a pas dégénéré en révolution.
Reste que pour beaucoup, la prospérité est un mythe.
Et les publicités qui vantent les vertus de la qualité, du luxe et de l’élégance de tout ce qui est « hors de prix », au lieu d’émerveiller les masses, les plongent dans la fureur.
Les magazines people dont le métier consiste à montrer dans les médias la vie des riches comme si dans le futur ce serait celle de tout le monde, sont devenus des « pousse-au-crime », sans le vouloir, puisqu’ils se rattrapent aussitôt en qualifiant les émeutiers de Birmingham, de racaille venues des bas-fonds pour casser du riche comme du pauvre.
Avec les débris de verre qui jonchent les trottoirs, se balaie aussi le « rêve » américain. Cette formidable supercherie a tenu les générations précédentes jusque fin des années 90. Plus personne n’ose aujourd’hui y faire référence devant le tableau d’une Amérique sur les genoux et d’un Obama qui essaie de rassembler les débris d’une société ultralibérale en miettes.
Le système inventé par le monde anglo-saxon ne fonctionne plus. Mieux, il se retourne contre ceux qui l’ont « vendu » à la planète entière, puisque demain, ce sera la Chine qui aura colonisé Londres et Washington, comme jadis les Blancs, colonisèrent les Noirs et les Jaunes.
Entretemps, l’inégalité aura fragilisé les masses, les Chinois n’auront même pas besoin de nous botter le cul, comme les colons l’ont botté jadis aux Congolais et ailleurs, puisque nos contremaîtres sur place, se seront chargés d’augmenter les cadences et de réduire les salaires, sous l’œil attentif des gouvernements, bien avant l’arrivée d’un vice-roi asiatique.
Ceux qui voient un rapport entre les violences urbaines et les populations émigrées sont les mêmes qui, par ailleurs, se focalisent sur le racisme ordinaire pour en stigmatiser les méfaits du show-biz aux partis politiques.
Depuis l’ère industrielle, on aura absorbé des populations extérieures à nos frontières plus que ne le pensent les autochtones. Si bien qu’un bon quart des Belges a au moins un arrière grand-parent qui n’est pas né en Belgique, sans qu’il n’y ait jamais eu de confrontation entre les Belges de souche et les autres, puisqu’il y avait du travail et que l’industrie avait besoin de main-d’œuvre. Si les étrangers sont cités dans les émeutes et dans les faits-divers, c’est parce qu’ils sont les plus vulnérables et les premiers touchés par la pauvreté.
Le tissu social se détricote peu à peu en calquant l’organisation sociale sur l’efficacité apparente du monde économique.
Croire que la démocratie peut vivre en harmonie avec le système économique libéral, c’est de bonne guerre au MR ; mais, c’est une erreur complète pour la gauche que d’y adhérer dans ce qu’il est convenu d’appeler la social-démocratie.
Le multiculturalisme britannique a engendré de nouvelles formes de racisme et, essaimant en Europe, s’est révélé aussi néfaste en France dans les Cités.
La Belgique ne sera pas épargnée par les déferlements futurs dans les villes d’une population qui se radicalise surtout chez les jeunes.
Pour le moment BHV, ça occupe. Quand Roublardo, enfin installé premier ministre, tranchera dans le lard pour faire rentrer des sous, qui financera tout : fédéral, régions et les trois AAA ? Mais, nous, cher lecteur, nous…
Aux clowns des Flamands de choc se mesureront les « voyous » francophones. Mais, ce ne sera pas pour des facilités. Le Nord croit à la relance, à la croissance, au triomphe de l’économie libérale. Le Sud ne croit plus à rien.
Nos villes sont relativement petites comparées à Londres, Manchester, Paris ou Marseille.
On dirait que dans le Nord du pays, la haine de la langue française et de ceux qui la parlent est de nature à satisfaire et à limiter les revendications sociales des populations des faubourgs. Si nos universitaires n’étaient pas si vains et si sots, il serait même intéressant de faire des recherches sur les facteurs qui font un décalage entre l’orientation de la population en Wallonie, en gros à gauche, et celle de la Flandre plus conservatrice.
Par contre, il n’est pas exclu de voir des émeutes à Charleroi, à Mons et à Liège.
Issu des partis qui gouvernent l’Etat, qu’il soit libéral ou socialiste, le futur premier ministre n’aura pas de mots assez durs pour désigner les émeutiers, tandis qu’il s’exonérera de toute responsabilité, comme de bien entendu.
Ah ! pour être une belle réussite, ce sera une belle réussite…