Gentrification du PS à Lasne.
Comme l’écrivit si bien Kenneth Galbraith « Pauvres et riches ont toujours vécu côte à côte, toujours inconfortablement, parfois de manière périlleuse... Les problèmes résultant de cette coexistence, et particulièrement celui de la justification de la bonne fortune de quelques-uns face à la mauvaise fortune des autres, sont une préoccupation intellectuelle de tous les temps. Ils continuent de l’être aujourd’hui. »
Nous avons vu ces jours derniers, Laurette Onkelinx, depuis sa propriété de Lasne, se débarrasser de sa mauvaise conscience vis-à-vis des pauvres, en s’apprêtant quand même à approuver des mesures à l’encontre des chômeurs.
Nous n’arrivons plus à nous indigner dans un monde où il y a tant de sujets de le faire. Pourtant, à regarder de près la prospérité de beaucoup de gens, force est de constater qu’elle est souvent le résultat des efforts des plus pauvres. Cette propriété de Lasne de Laurette Onkelinx, appartenant à une personne qui a fait métier de la politique, n’est-elle pas le fruit des indemnités très libérales que lui ont octroyé tous les cotisants de base que nous sommes, en ce y compris les plus pauvres d’entre nous, ceux, justement, que pour faire son métier, Laurette Onkelinx s’apprête à étrangler ?
Ce que les Sept « sages » qui mettent Di Rupo en selle vont faire vis-à-vis des chômeurs, relève de cette préoccupation « morale » et de la posture qui donne bonne conscience, en restant soi-même dans le confort.
Deux moyens sont proposés par la gauche patricienne : la poubelle et le boulot (pour tout autant qu’il y en ait). Le premier moyen part grand favori. Il est de rendre de plus en plus précaire la vie d’une personne sans travail en diminuant voire en supprimant les indemnités. On assortira cette façon de mille bonnes/fausses raisons sur un chemin bordé d’accompagnateurs, d’apprentissages et de mises en condition. Ces mesures ne servent pas à grand-chose, mieux, elles coûtent plus que les indemnités que l’on récupère par la radiation des chômeurs non-collaborants. Le second, c’est de rendre le sourire et la délicatesse aux esclavagistes qui ont besoin de mains-d’œuvre, en même temps que des Steve Jobs créent des entreprises.
C’est dire comme les riches qui nous dirigent, après avoir bénéficié de nos largesses, manquent à ce point d’imagination, vu que c’est le premier moyen qui a la cote.
Il faut dire aussi l’hypocrisie de rayer du marché du travail un chômeur de longue durée quand le taux de chômage est de 15 % en moyenne et de bien davantage dans certaines régions.
Et justement ce fort taux de chômage permet aux esclavagistes de tasser les rémunérations et d’augmenter les pressions sur le rendement. Si bien que certaines âmes fières préfèrent ne pas s’humilier davantage. Elles restent chez elles en regardant tomber la pluie et en se serrant la ceinture, la même pluie, du reste, que Laurette Onkelinx contemple derrière les doubles vitrages de sa propriété payée par la Communauté à Lasne.
Sauf, me direz-vous, que cette dernière « travaille » au point de passer des nuits, penchée sur ses dossiers et que l’autre ne fiche rien.
C’est là qu’on voit bien que le mot travail est bien trop vague pour qualifier des occupations différentes et qu’on ne peut pas préjuger a priori de l’utilité de l’une par rapport à l’autre, ni même des efforts et des qualités respectives.
On arriverait facilement à démontrer que l’activité de Laurette Onkelinx pourrait être bien plus préjudiciable à la société, que la contemplation innocente de la pluie de l’autre. Mais, cela nous entraînerait sur le chemin de la philosophie, alors que nous vivons dans une société marchande où, ce qui ne peut être évalué à un prix, ne vaut rien.
Bref les Sept ont bel et bien adopté la stratégie des libéraux au pouvoir.
C’est en connaissance de cause que les socialistes auront ainsi montré leur impuissance en défendant une philosophie sociale qui n’est pas la leur, à savoir que les riches seraient plus entreprenants s’ils ne payaient pas d’impôts et les pauvres plus travailleurs s’ils étaient moins nourris aux frais des propriétaires de Lasne et d’ailleurs.
A quoi bon, dès lors, élever une protestation morale à des gens qui n’en ont pas ? Mieux, qui sont assurés d’avoir raison, en croyant qu’ils sont, eux-seuls, les détenteurs de cette morale au nom de laquelle il est devenu vain de protester !