Ça ne va que d’une fesse.
Au 527me jour de crise, Elio Di Rupo est allé présenter sa démission de formateur au roi.
Alexandre-le-Petit De Croo fait la fine bouche. Il a peur d’être avalé par la N-VA, s’il canait devant les socialistes.
Notre crisette n’est rien devant la grande, celle qui secoue aux intestins le système capitaliste. La BCE a racheté 8 milliards d'euros d'obligations publiques du marché sur une semaine, contre près de 4,5 milliards d'euros les sept jours précédents.
Alexander voit bien et le mouvement libéral avec lui, que les mesures d’austérité prises par la Grèce et l’Espagne qui touchent les gens jusqu’aux classes moyennes, n’est pas une solution pour relancer la croissance.
Par contre, rééquilibrer les avoirs des riches par rapport à ce que gagnent les travailleurs paraît être – non pas la solution miracle – mais au moins une meilleure manière de relancer la croissance, puisqu’on la vénère encore partout.
Il faut croire que cette formule ne préserverait pas l’avenir de l’Open VLD qui risque de disparaître en Flandre coincé entre la N-VA et le CD&V.
C’est donc sur cette considération politicienne qu’Alexander a poussé la surenchère jusqu’à devenir le fol enchérisseur qui a précipté les choses. Il y eut des mots, des invectives. Di Rupo s’y attendait, puisqu’il avait gardé sous les fenêtres de la présidence de la Chambre l’escorte motorisée, à sa disposition.
Est-ce pour autant que Di Rupo se soit finalement rangé du côté des syndicats et qu’il a craint les menaces d’Anne Demelenne ? Ce que voyant Alexandre-le-Petit a explosé ?
Pas du tout.
Il est bel et bien des leurs, ce président du PS là. Un seul exemple : la taxation des hauts revenus. La taxe de 5 % proposée par Elio Di Rupo ne toucherait plus les revenus additionnés du travail et du capital à partir de 100.000 euros mais de 120.000 euros, soit 10 fois la pension annuelle (12.000 euros) d’un retraité qui se voit lui, s’il vit seul, taxé de 500 euros supplémentaires dans sa déclaration fiscale, qu’il ait 65 ou 90 ans, qu’il ait besoin de soins coûteux ou non. Tout le monde s’en fout ! Qu’on ne vienne pas me dire que le montois est de gauche !
La preuve, malgré les rodomontades de tribune de Charles Michel au congrès du MR de Marche-en-Famenne, les envolées lyriques sur les bagnoles de direction, les intérêts notionnels et même sur le laxisme en matière de chômage pour faire plaisir au fils De Croo, invité d’honneur, le patron du MR a clairement dit ce soir aux journaux télévisés, qu’on était près d’un accord. Elio maltôte le Beaujolais nouveau.
Alors ?
Alors, le public en a ras la casquette.
Un rapide examen montre qu’en Belgique tous les partis de gouvernement sont sur une ligne libérale funeste.
Et ce n’est pas les accords que souhaitent Di Rupo qui seraient susceptibles de changer quoi que ce soit dans l’organisation des marchés et l’économie des peuples.
Bien sûr, en attendant que ça craque dans des pays comme l’Italie ou la France, que nous nous alignions sur l’économie de grand-papa et que nous fassions des efforts pour nous purger de 11 milliards, avec les guignolos qui nous promènent depuis 527 jours, ça ne changerait rien à la crise du capitalisme ; mais, que nous ne le fassions pas, en attendant l’émeute générale, la Belgique plongerait dans les cotations des Agences, avant les voisins !
Que nos artistes du rire se rabibochent après cette ultime scène dramatique, c’est vraisemblable. Ce qu’on retiendra dans le Piss-pot national, c’est qu’à l’avenir faire des coalitions à six ou huit partis, allier la chèvre et le chou, la pseudo gauche et la droite molle, c’est fini. La fameuse négociation à la belge, le compromis savantissime auquel personne ne comprend rien (c’est même pour ça que ça a marché), c’est terminé !
Si on sort du merdier, encore une fois, il faudra trouver autre chose.