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Les socialistes bitument à gauche !...

Ça sent tellement le roussi, que les élus du PS, prévenant la fureur des gens quand ils découvriront les accords du futur gouvernement, se sont fendus d’une lettre au Soir qui vaut son pesant de trouille verte.
Le premier paragraphe démarre sec « Mais que diable irait faire le PS dans cette galère ? Pourquoi Elio Di Rupo, Laurette Onkelinx, Paul Magnette… qui participent aux groupes de travail, consacrent-ils tant de temps à négocier pour une direction du pays qui serait amenée à prendre des mesures difficiles, parfois issues de compromis avec des partis de droite ? ».

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Que voilà la bonne question ! Et le raisonnement se poursuit « La place du PS n’est-elle pas, ʺparmi les siensʺ, aux côtés des militants, des syndiqués, des manifestants, des ʺindignésʺ, à crier sa colère contre les dérives du capitalisme débridé ? »
Des sociaux-démocrates qui parlent de capitalisme débridé, mais qui le soutiennent !
« Oui, c’est là, dans la rue, avec les citoyens, que bat notre cœur de socialistes. C’est aux côtés des victimes d’Arcelor et de tous les travailleurs qui se battent pour leur emploi que nous nous sentons à notre place. Parce que nous partageons leurs idéaux et leur combat contre les inégalités. »
Là, on se dit « enfin des gens qui voient clair » et on s’attend à ce qu’ils lâchent les trois aventuriers qui négocient la couleur de la corde qu’on nous mettra autour du cou, puis qu’ils téléphonent à Mélenchon, en France, pour se renseigner sur une autre possibilité que le capitalisme débridé !
C’est compter sans la rustine de la mallette du vélo de nos socialistes, champions de la pédale et bons grimpeurs. Eloi Di Roublardo, leur boîte à outils, peut se rassurer. Voilà le « Mais » qu’il attendait.
« MAIS opter aujourd’hui, en tant que responsables politiques, pour le bitume des manifestations plutôt que l’action au sein d’un gouvernement, cela reviendrait à nier nos responsabilités. »
Du bitume et l’action, on croirait que cela va de soi. Erreur ! Action certes, mais à côté du chauffage central au sein d’un gouvernement. C’est dommage, parce que s’ils étaient restés à leur place sur le bitume avec tous ceux qui souffrent du système économique désastreux, il n’y aurait PAS DE GOUVERNEMENT ! Il y aurait la lutte anticapitaliste.
La gauche parlerait à voix haute, puisque sans elle, il n’y aurait pas d’accord possible.
Et même si les libéraux, qui ne sont pas à ça près, s’embarquaient avec la fine fleur de la Kommandantur de Bart De Wever dans un raout gouvernemental, les prochaines élections verraient un triomphe socialiste.
Ecrasés sous le poids de leurs responsabilités, ils n’oublient pas que 36 % des Wallons, des Bruxellois et des Germanophones ont confié leur voix au PS, lors des dernières élections. C’est même ça qui les inquiète vraiment. Si les Gus n’appréciaient pas la manière de les accommoder en sauces diverses pour les fins palais écrasés de responsabilités ? Et si les élections futures voyaient les bonnes places prises par les autres partis ?
C’est pas drôle d’arpenter le bitume, quand on ne peut pas faire autrement, hein, camarades ?
Alors, il faut donner du superlatif, leur responsabilité ne peut être qu’« énorme ».
Les bureaux de l’Etat seront leur bitume. Ils s’y battent déjà depuis des mois, sauf les week-end et jours fériés. Ils ne baissent jamais les bras, sauf quand ils vont pisser dans les lavabos de la Chambre. Ils ferraillent contre les mousquetaires gris de Thatcher-Reagan, icônes d’un Didjé Reynders, âme damnée du cardinal Charles Michel. L’ennemi vaincu recule. Il a signé l’impôt spécial des plus fortunés, la taxation des spéculateurs et l’allègement de la fiscalité sur le travail.
Des victoires comme celle-là, ça se fête !
Nos Conventionnels de 2011 gagnent, pourquoi le peuple ferait-il la gueule ?
Saluer les 500 jours de crise comme une date glorieuse, il fallait le faire. Faire croire qu’ils ont négocié ferme plus d’un an pour nos salaires, ils nous prennent pour des imbéciles !
Le texte devient un morceau de bravoure : « Continuer à négocier, discuter, travailler pour former, enfin, un nouveau gouvernement est un devoir moral. »
On est en plein argument suprême, le devoir moral ! Le pas au-dessus, c’est le dépôt de gerbe à la colonne du Congrès, Di Rupo, en Cromwell, tenant la main du roi pour ranimer la flamme.
Ça dérape encore le chapitre suivant « Le PS est le seul parti qui, après 125 ans de progrès sociaux, a la force de dire NON à l’austérité, mais aussi le courage de dire OUI à ses responsabilités ». La phrase se décrypte par un expert de l’économie, en « coup d’arrêt du progrès, après 125 ans d’espérance. Oui à l’austérité et Non à nos responsabilités. »
La suite, c’est le baratin à l’identique des économistes de la FEB et du secteur bancaire : situation exceptionnelle, question de survie à cause des vieux qui ne se décident plus à claboter à des âges raisonnables, 65, 66 ans, par là, équité pour redistribuer la richesse, etc…
Tout juste est-on fixé sur le prix que le PS obtiendra pour son ralliement à la cause juste et noble de l’économie de marché « ce ne sera pas à n’importe quel prix ! ». On peut leur faire confiance.
Le prochain discours ne sera livré au peuple qu’avec les nouveaux taux de la TVA.
Il servira d’antidérapant sur le bitume d’hiver.
Voulez-vous que je vous dise ? La social-démocratie est incapable d’élaborer une alternative à ce qu’il faut bien considérer comme un échec, incapable d’imaginer une autre version capital/travail avec un Etat social qui serait l’arbitre. L’échec du néolibéralisme est aussi celui des socialistes qui n’ont pas senti l’inanité de leurs théories qui, d’une collaboration équilibrée jusqu’en fin des années quatre-vingts, sombrent dans une collaboration honteuse, une vingtaine d’années plus tard.

Commentaires

Madame a raison.

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