« D’efforts et des faibles. | Accueil | C’est pour quand ? »

Quand Périclès périclite…

Bien sûr, du point de vue de l’Europe, le choix de Georges Papandréou d'organiser un référendum sur le plan d'austérité imposé par l'UE et le FMI, est quelque chose qui ne se fait pas. Les grands chefs de nos pays ont l’habitude de se passer de l’opinion des gens quand il leur semble que l’intérêt supérieur est de dire « oui » comme allant de soi, alors pourquoi risquer que les gens disent « non » ?
Di Rupo l’avait bien compris qui s’était passé d’un référendum à propos du Traité de Lisbonne, que certains pays ne ratifièrent pas au point que les votes furent en quelque sorte annulés, jusqu’à une nouvelle consultation et le « oui » que l’Europe souhaitait.
C’est une conception assez bizarre du rôle de l’électeur dans le cadre de la démocratie, à moins qu’elle ne soit en pleine évolution autocratique, à notre insu.
Voilà qu’un dirigeant grec s’effraie, alors que personne ne lui demandait de se tourner du côté de ceux à qui il devait faire les poches pour faire plaisir à Merkel. Devant l’ampleur des efforts pour rembourser sans étrangler tout à fait les Grecs, Papandréou recule !
Il plaide donc pour laisser la décision dans les mains des citoyens, du coup les autres partenaires se gendarment, Sarkozy et Merkel décident de se voir avant le G20 de Cannes, de convoquer Papandréou au rapport, pour obtenir des garanties de remboursement avant le référendum, c’est-à-dire avant la décision populaire ! Tout Bruxelles bruisse de ce sursaut démocratique du dirigeant grec et que conclut-on « Papandréou s'est placé sur un siège éjectable » ! Les Bourses s'effondrent, et tout semble aller au plus mal, alors que les bourses s’attendrissaient sur les mille milliards de fonds de secours de la zone euro.
Et si Papandréou avait pris acte de l’absence d’une majorité au parlement grec ?
En cas de ‘oui’, le premier ministre serait renforcé politiquement. Le parlement oserait-il licencier un premier ministre fort de l’appui du peuple ? En cas de ‘non’, comme c’est le plus probable, il pourra se vanter de ne pas avoir pris les électeurs en traître et faire une sortie sous les applaudissements.
L’organisation du référendum a deux mois, d’ici janvier 2012, pour une explication des partis. Que va-t-il se passer entretemps ? Une renégociation ? C’est fort improbable, puisque l’accord actuel n’a pas été ratifié par le Bundestag. On ne voit pas bien les députés allemands approuver Merkel, sans l’assurance que les Grecs respecteront les accords. Papandréou le sait. Les Européens ont à penser aussi en fonction de l’Irlande qui est mal en point.
Papandréou sait bien que deux mois à attendre vont déchaîner les agences de notation et les marchés boursiers. Veut-il faire plonger tous les Européens avec lui ?
Des élections anticipées éviteraient le piège du référendum. L’opposition démissionnerait en bloc, et ainsi les provoqueraient. Papandréou porterait le chapeau du désastre.

59g000.jpg

C’est oublié que la Grèce est le berceau de la démocratie et que ses hommes politiques ont une longue culture de savoir-faire derrière eux. Papandréou ne veut pas entrer dans l’histoire, en portant l’étiquette de celui qui a ‘vendu’ son pays. Il ne veut pas paraître traître à sa patrie.
Quant au plan lui-même surtout élaboré par l’Allemagne, il est loin de correspondre aux besoins réels du pays. On a vu les populations les plus fragiles souffrir terriblement des premières mesures. Le plan nouveau renforcerait la crise sociale et politique. Il sabrerait dans les retraites, et achèverait la ruine des classes moyennes.
Adopté sans demander l’avis des gens, le plan risquerait de provoquer un soulèvement populaire majeur, mettant en péril les frontières de l’Europe avec la Turquie et le Moyen-Orient.
La crise économique que nous vivons, vient de subir un coup d’accélérateur. C’est devenu la crise du système capitaliste, tout simplement.
Le G20 de jeudi sera déterminant pour notre avenir immédiat et pas seulement pour les Grecs.
Les peuples sont inquiets. Les destins se jouent. Les démiurges des puissances financières vont être obligés de s’exposer. Ils risquent gros… ils y risquent tout simplement leur peau.

Poster un commentaire