Burn-out
Ce qui est cruel dans la crise actuelle, ce n’est pas Moody's qui abaisse la note de la Belgique de deux crans, à "Aa3", mais les analyses des événements de décembre 2008 qui de cette date à aujourd’hui ont permis à des personnages qui tiennent encore le haut du pavé, de nous dépeindre la situation à leur façon et d’agir en conséquence. Si bien que nous sommes entrés dans une spirale bien connue depuis la République de Weimar : une inflation galopante, une augmentation du chômage et une aggravation de la dette.
La totale.
Alors qu’ils n’ont fait que nous endormir sur la situation réelle du pays. Incompétence ? Volonté délibérée de nous mentir, parce qu’ils nous considèrent dans l’incapacité d’accepter la réalité en face ?
Je crois surtout qu’ils défendent leurs intérêts, qui n’apparaissent plus comme les nôtres. L’ont-ils jamais été ?
Quand il fallut suivre le ministre Reynders dans son sauvetage des banques – sous prétexte de sauvegarder l’emploi – toute l’Europe s’est mise à sauver ses banques de la même manière, sans réfléchir à deux choses : on ne pouvait ignorer que ce premier sauvetage ne serait pas le dernier et on n’a entouré ce prêt d’aucune garantie, non pas de remboursement, mais d’organisation de la banque sous deux formes séparées : banque industrielle et banque spéculative ; secondement, à une époque où l’on nous assure que la liberté d’entreprendre, de prospérer ou de péricliter, était une des conditions essentielles du capitalisme avec les règles de concurrence, les Etats se sont portés garants de particuliers qui n’offraient plus aucune garantie. Ils ont ainsi montré que cette loi n’était pas faite pour tout le monde. Ils ont donc contrevenu à la règle.
La situation actuelle découle en partie de la dérive d’un capitalisme qui conserve les bénéfices et socialise les pertes.
Pour le reste, c’est l’Everest de la dette souveraine due en partie à des prévisions de croissance qui en Europe ne correspondent pas aux prévisions des économistes et des ministres du budget et ce depuis si longtemps, qu’il fallait bien un jour ou l’autre que l’on déguste la patate chaude.
Les dirigeants européens sont à court d’imagination. Une issue de la crise de la dette dans la zone euro n’est plus à l’ordre du jour.
La détérioration des conditions de financement des Etats de la zone euro se poursuit. La banque Dexia va plomber les finances belges un peu plus.
La lutte contre les déficits a montré que cette politique se bornait à pénaliser les populations, ce qui accentue la méfiance et la perte de consommation par l’effet produit. En langage capitaliste, un pays sans croissance, est un pays en récession. Un PIB à plat, c’est la certitude qu’on ne remboursera pas les dettes, ni même une partie des intérêts.
Les tensions, qui affectent le crédit, menacent de s’aggraver. Comme le gros du financement des entreprises provient des banques, Yves Mersch, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, considère qu’une pénurie de crédit « jetterait toutes les économies dans la récession ».
On voit la partie de bras de fer, entre les Etats et les banques. Le type de financement qui consiste à soutenir des projets et la capacité de les réaliser en relançant l’industrie, avec un revenu faible, malgré un risque réduit, ne séduit plus le monde de la finance.
Signe que la situation se dégrade, les banques sont de plus en plus en-dehors du marché, leur dette à la BCE augmente. Avec l’embarras de leur trésorerie, elles ne sont pas en mesure d’intervenir en soutien de la dette publique. Si elles restreignent l’accès au crédit, les dépôts de bilans dans l’industrie et le commerce vont se succéder en cascades !
C’est sur ces perspectives d’apocalypse budgétaire que le gouvernement Di Rupo est à la manœuvre. Il ne faut pas s’attendre à des solutions hardies et innovantes. Reculer l’âge de la retraite ainsi que la prépension, purger les allocataires sociaux tant que l’on peut et manœuvrer pour une ankylose progressive de l’index, n’apporteront que de la misère supplémentaire à la population. Sans une solution non-conformiste du capitalisme d’aujourd’hui, nous n’en sortirons pas indemnes..
Pendant que nous vivons ces heures graves et difficiles, les gazettes font la soudure entre les douloureux événements de Liège, le vent violent et les matches de foot de fin de semaine.
Commentaires
Avec cet article, je suis tout à fait d'accord avec vous et le citoyen "normal" que je suis comprend sans problème le contenu de votre explication. " Reculer l’âge de la retraite ainsi que la prépension, purger les allocataires sociaux tant que l’on peut et manœuvrer pour une ankylose progressive de l’index, n’apporteront que de la misère supplémentaire à la population. Sans une solution non-conformiste du capitalisme d’aujourd’hui, nous n’en sortirons pas indemnes..
Pendant que nous vivons ces heures graves et difficiles, les gazettes font la soudure entre les douloureux événements de Liège, le vent violent et les matches de foot de fin de semaine."l'article précédent me faisait penser, bien sûr à quelqu'un "tourmenté" comme par exemple les médecins psychiatres qui paraissent souvent plus malades que leurs patients..
Postée le: Reiter | décembre 18, 2011 12:44 PM
Il faut bien dire que tout ceci nous échappe et que nous sommes entrés dans une autre ère où tous nos repères sont obsolètes. Alors que faire? Casser? (quoi?)Mettre une bombe?(Où?) Flinguer? (Pourquoi?)Râler? (comme vous?) S'en foutre?
Postée le: Do-mi | décembre 18, 2011 03:13 PM