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Puisque c’est Aristote qui le dit !

Cornelius Castoriadis nous manque, en ces temps troublés, pour décrypter la parole de nos dirigeants.
Il dénoncerait notre élite politique réduite à appliquer l’intégrisme néolibéral.
On était loin d’imaginer, il y a à peine vingt ans, que les formidables progrès qu’ont apporté les sciences appliquées, que les populations allaient accepter une telle régression sociale, que la pauvreté s’installerait durablement et qu’il y aurait un consensus pour la non-pensée et le triomphe de la servilité au grand capital !
« Je suis un révolutionnaire favorable à des changements radicaux » disait Castoriadis quelques temps avant sa mort. « Je ne pense pas que l’on puisse faire marcher d’une manière libre, égalitaire et juste le système français capitaliste tel qu’il est. »
Nous pensons évidemment au système belge, tout à fait identique, victime de la même logique.
Ce qui frappait Castoriadis, mort à Paris il y a juste quatorze ans, c’est l’insignifiance.
C’est-à-dire les envolées d’avocat que sont les débats parlementaires d’aujourd’hui, les explications interminables des décisions… pour ne rien faire d’innovant, sinon appliquer ce que tout le monde applique, comme une sorte de médecine traditionnelle qui n’aboutira à rien d’original, qui alourdira, en fin de compte, la misère du peuple.
En pensant cela, Castoriadis évoquait la politique de Balladur et de Bérégovoy, pour aboutir à Chirac, mêlant au pouvoir socialistes et libéraux, sans que s’en détachassent les différences.
Le parallélisme avec nos dirigeants est saisissant. De Gaston Eyskens, Dehaene et Leterme à Elio Di Rupo, où est la différence ?
Le philosophe répond « Ce ne sont pas des politiques, mais des politiciens au sens de micropoliticiens. Des gens qui chassent les suffrages par n’importe quel moyen. Ils n’ont aucun programme. Leur but est de rester au pouvoir ou de revenir au pouvoir, et pour cela ils sont capables de tout. Il y a un lien intrinsèque entre cette espèce de nullité de la politique, ce devenir nul de la politique et cette insignifiance dans les autres domaines, dans les arts, dans la philosophie ou dans la littérature. C’est cela l’esprit du temps. Tout conspire à étendre l’insignifiance. »
Il est vrai que faire de la politique est un métier bizarre.
Il consiste à se faire remarquer pour accéder au pouvoir et savoir y rester.
Rien ne garantit que quelqu’un qui sache gouverner sache pour autant accéder au pouvoir.
Et c’est là tout le drame. Qui nous dit que ceux que nous avons élus, parce qu’ils ont su captiver notre attention, sont les meilleurs ?
Qu’est-ce qui me fait croire que le premier ministre est mieux à même de diriger le pays que mon voisin de palier ?

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Le bilan calamiteux du pays, perte du pouvoir d’achat, montée du chômage, dilapidation de l’argent de la collectivité, démantèlement des services que l’Etat rendait à mes concitoyens, au profit d’intérêt particulier, n’indique-t-il pas à suffisance que mon voisin de palier ne pourrait faire pire ?
Castoriadis tranche la question « J’ai toujours pensé que la démocratie dite représentative n’est pas une vraie démocratie. »
Plus de deux mille ans avant lui Aristote disait « Qui est citoyen ? Est citoyen quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné. »
Nous sommes paraît-il onze millions de Belges. Il doit certainement en exister plus de cent mille qui seraient capables de gouverner le pays mieux que notre premier ministre.
Pourquoi ne le seraient-ils pas, premier ministre ?
Parce que le système le leur désapprend !
Enfin, la règle par excellence du plus grand nombre, qui en principe fait la loi, n’est pas du tout appliquée en Belgique et ailleurs.
Et pour cause, toute proposition tendant à améliorer le sort du plus grand nombre serait adoptée, par contre, toute proposition de nature à faire régresser serait rejetée.
C’est ainsi, par exemple, que les mesures visant à détériorer les conditions de travail, de pension ou de chômage n’auraient aucune chance de voir le jour.
Autrement dit le premier ministre n’a aucune légitimité démocratique pour appliquer son programme !
S’il l’applique contre l’opinion, c’est qu’il est parvenu à nous faire croire, que c’était la seule issue pour sortir le pays de la crise.
Il y a plus de dix ans, Dehaene nous disait la même chose !
Et si dans dix ans le successeur de Di Rupo nous concocte un nouveau plan de rigueur, on pourra dire que, tous nous ont menti !
Les citoyens doutent à présent que le marché, à la longue, leur garantira le bien-être. Pourtant, c’est en parlant des sacro-saintes lois du marché qu’on fait appel au civisme des citoyens.
Et si le voisin de palier avait raison ?
Comment la démocratie s’exerçait-elle à Athènes du temps d’Aristote? On n’élisait pas les magistrats. Ils étaient désignés par tirage au sort ou par rotation.
Le système pour simple qu’il était, ne devait pas être inefficace, puisqu’on l’admire toujours en 2011 !

Commentaires

Parce que Aristote l'a dit et puis beaucoup d'autres et puis Castoriadis et même Richard3 et moi aussi, mais alors pourquoi des citoyens comme vous et moi et auxquels je pense, ne se révoltent-ils pas contre cette "insignifiance" qui va finir par nous détruire, nous anéantir!!!

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