Quand la mer monte…
J’ai honte !
Tandis qu’au sommet de l’Europe, on compte et recompte ses sous, que tout le monde à la tremblote l’œil sur les Agences, un autre sommet, celui de Durban en Afrique du Sud sur l’effet de serre et le réchauffement climatique, bien plus important pour l’avenir de l’humanité que nos méprisables désastres de boutiquiers… est en train de passer inaperçu. Tout le monde s’en fout !
On en parle à peine, seuls les spécialistes et les partis traitant de l’écologie font des commentaires, émettent des idées, ont des formules d’espoir.
Pourtant, tandis qu’à Bruxelles Merkel et Sarko donnent chaud aux roubignolles des populations, si on loupe Durban, ce sera bien plus chaud encore avec 4 à 5 degrés de plus pour bientôt (moitié du siècle).
Vous pensez si dans trente ou quarante ans, les économistes et les démocraties s’en tamponnent, eux qui vivent sur de courtes échéances, six mois, un an, voire deux… le temps de passer un cap électoral. Alors, l’avenir de nos enfants et de nos petits enfants, qu’ils finissent en œufs cuits durs devant une mer montante, ils n’en ont rien à cirer… et nous non plus, en admiration devant les exploits du génie des Abruzzes, très photographié à l’Europe et on sait que le grand modeste, adore ça !
Changer le mode de vie, se récrie-t-on, mais la crise va nous en faire changer et vite. L’océan, de cinquante centimètres fin du siècle plus haut, on construira des digues, disent les bétonneurs qui voient déjà les bénéfices à en tirer. Alors qu’on sait bien que cela va toucher des centaines de millions de gens, parmi les plus pauvres de la planète, que des pays entiers à fortes populations seront rayés de la carte. A côté de ce désastre, qu’est-ce que la côte belge et les travaux pour lesquels Bart De Wever et son successeur auront drôlement besoin de la Wallonie pour les cofinancer... rien !
Pourtant quand on les compare avec le reste de la planète, malgré la dèche de l’euro, les Européens sont à la pointe de l’écologie. Ce n’est pas difficile, l’Europe n’est que pour 18 % dans l’effet de serre, c’est-à-dire presque rien à côté des USA, de la Chine et de l’Inde qui font 65 % à eux trois, avec plus de 35 % pour l’Amérique d’Obama à elle toute seule. La déforestation du Brésil joue un rôle également dans l’accélération de l’effet de serre. Au lieu de planter des arbres, on les coupe, les branches et les feuilles partent en fumée… l’arbre qui absorbait du CO² n’est plus là. Vous voyez le genre. (A propos, vous êtes satisfait du plancher en bois imputrescible de votre terrasse de jardin ?) Cela à coûter peut-être un arbre entier, si pas davantage.
Ce qui est râlant, c’est que nous soyons les bons élèves de l’écologie, tandis que les autres s’en moquent.
Evidemment le réchauffement prévisible ne se borne pas à la montée de la température et de l’eau. Il y aura une accentuation des éléments extrêmes : tempêtes, typhon, raz-de-marée, etc. avec à la clé des disparitions de mammifères, dont l’ours polaire, des épidémies et autres calamités.
Quand on pense que pour éviter les hautes marées, on a investi des milliards pour préserver la place Saint-Marc et que ces hautes marées ne font que quelques centimètres d’élévation momentanée, on frémit à la pensée d’une mer Adriatique plus haute de 50 cm de façon permanente, ce qu’elle pourrait atteindre en marée haute !
Les océans saturés, la combustion du charbon et d’autres énergies fossiles en pleine croissance de consommation, la liste est longue de nos initiatives malheureuses à deux jours de la fin de la 17e Conférence des Nations unies sur le climat.
La dynamique qui permettrait de relancer la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre aurait dû être lancée par Obama. Ce président dont on attendait tant, prend la suite de Bush, dans son refus de réduire la production de CO² par habitant.
Quant à la Chine, comme l’Inde, on ne peut pas leur reprocher d’élever le niveau de vie des habitants, encore si bas par rapport à celui des pays occidentaux.
Reste le protocole de Kyoto, qu’on avait un peu perdu de vue, si l'Europe joue seule les bons petits soldats cela ne sauvera pas le climat.
On parle d’un futur traité global à l'horizon 2020. Dans neuf ans !... mais les scientifiques le savent, c’est beaucoup trop tard !
Fichue idée d’un boulanger industriel d’appeler ses magasins « points chauds » ! L’avenir est aux points froids, et si possible loin de la mer. Si Chamonix voit disparaître la mer de glace, on pourra faire du canot dans les creux. Les malheurs qui s’annoncent ne sont pas pour tout le monde.