Déterminé… en toute humilité !
S’il y a bien un terme récurent dans la bouche de Di Rupo, bien avant d’être premier ministre, c’est « humble » (omile en italien, humilis en latin) avec ses variantes « humblement » (umilmente) et « humilité » (umiltà) expressions courantes dans la prêtrise italienne, jamais entendue en Belgique de la part d’un personnage politique de ce niveau.
A voir son parcours, usant de ses relations, très tôt affilié à un ordre maçonnique influençant le parti au pouvoir dans la région du Centre, assidu aux réunions qui comptent, aux amitiés décisives, boulimique d’emplois rémunérés, on peut douter que ses différentes consécrations soient le résultat de sa grande humilité.
N’y a-t-il pas, par goût du pouvoir, au contraire, une fausse modestie qui professe n’en pas avoir ? Ce serait sur l’insistance des autres qu’il accepterait, pour le bien général, de se mettre au service de tous !
Bourdaloue a écrit « Un vrai humble est aussi soigneux de cacher son humilité que toutes ses autres vertus ».
Or, le discours de Di Rupo abonde de cette vertu dont il se pare.
C’est l’occasion de découvrir ce qui se cache derrière les mots.
Dans son Tartufe, Molière fait dire au faux dévot « Avec des sentiments d’humilité, il faisait des soupirs, des grands élancements, et baisait la terre à tous moments ». Les démonstrations d’humilité du « pauvre homme » n’apparaissent pas dans la manière de s'habiller de Di Rupo, toujours soigné de sa personne, élégant même dans des vêtements de prix. On le voit parfois sortir de sa grosse limousine enfilant à la hâte sa veste dont la doublure apparaît moirée, une sorte de cachemire sans doute. Si la mode eût été d’en mettre, sous Louis XIV, on ne voit pas bien Molière affublé son tartuffe d’un nœud papillon, Beaumarchais, peut-être, un siècle plu tard, son Figaro.
Di Rupo aime peut-être le parfum de la violette, il ne semble pas aimer vouloir se cacher, comme elle, humblement sous les herbes.
C’est plutôt dans l’affectation du mot seulement que notre homme cherche à se montrer humble.
Balzac, notre maître à tous dans la connaissance de l’âme humaine, nous révèle peut-être l’essentiel de la nature de notre premier ministre « Ce précepte de se connaître soi-même, qui est pour tous les autres une leçon d’humilité, doit avoir pour votre regard un effet tout contraire et vous oblige de mépriser tout ce qui est hors de vous. »
C’est probablement ce que pensait Di Rupo l’autre soir à RTL info devant Hakima Darhmouch, après lui avoir dit combien il acceptait humblement la lourde tâche qui lui était dévolue, tandis qu’elle ne tarissait pas d’éloges « devant la difficulté de l’entreprise ».
« Comment moi, qui accepte une tâche aussi immense avec un tel sentiment d’humilité, pourrais-je ne pas mépriser ceux qui occupent des emplois subalternes, avec l’orgueil de toucher au sommet de leur carrière ? »
Di Rupo est bien trop intelligent pour ne pas être dupe de son propre jeu. Il a fait sienne la maxime de La Rochefoucauld « C’est un artifice de l’orgueil qui s’abaisse pour s’élever, et qui n’est jamais plus capable de tromper que lorsqu’il se cache sous la figure de l’humilité. »
Si cela est vrai, seule une fine mouche comme Laurette Onkelinx qui fréquente le personnage au point d’en être la complice depuis longtemps, pourrait nous dire les ressorts profonds de l’homme. Evidemment, elle ne nous en dira rien, puisque son amitié pour lui est son fonds de commerce.
L’ambition, partout, chassa l’humilité, nous prévient Boileau. Et le parcours de notre homme ne manque pas d’ambition, dans un parti socialiste où la guerre des places commence à partir de la compétition de trois socialistes pour une place de conseiller communal !
« En toute humilité » est une expression souvent entendue dans les prises de parole du leader PS. C’est du Voltaire tout crû « …il y a plusieurs vers ‘de vous’ que je serais bien glorieux d’avoir faits. », écrit Voltaire, « en toute humilité, aussi humblement qu’il est possible », dans sa lettre au prince royal de Prusse en février 1740, n’hésitant pas le ridicule d’être en état d’humilité et aussi humblement. On voit très bien le premier ministre d’Albert II, dire à peu de choses près, la même chose entre deux portes à Laeken, à propos des passages à la télé du monarque.
- Ah ! sire, vous étiez… vous étiez… comment vous dire ? En toute humilité, je n’aurais pu humblement mieux parler !...
On m’a rapporté que certains « hauts » placés dans la hiérarchie du parti ne savaient pas se détacher de ces chroniques qui leur en apprenaient beaucoup (sur eux-mêmes ?).
Si c’est le cas, il se pourrait que vous n’entendiez plus jamais le premier ministre user d’expressions du genre qui le dépeignent si bien.
Commentaires
C'est sûr que le montois est à la Une des médias,mais pourquoi toujours, en tout cas si souvent vous focaliser sur cet individu (bien décrit dans cet article), il y a tellement d'autres personnages aussi malfaisants, aussi méprisants dans "son équipe" des "bleus" le 1er, il ne le restera pas bien longtemps et ses partisans vont fondre comme neige au soleil, j'avoue que c'est cette nouvelle prochaine situation qui me chatouille. Ceci étant , je ne suis pas le rédacteur en chef, donc ne tenez pas compte de mes remarques, donc je ferais preuve d'humilité très humblement mon cher Duc...bonne journée.
Postée le: Anonymous | janvier 6, 2012 09:36 AM
« humble » se dit "umile" en italien et non pas "omile"
Postée le: Do-mi | janvier 7, 2012 02:54 PM