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François Hollande, président ?

Les gazettes françaises bruissent d’échos depuis dimanche sur l’aptitude de François Hollande à devenir président de la République.
En Belgique les commentaires après « Des paroles et des actes » (France 2) de Pujadas, ont vu Jupé convaincant et Hollande sur la défensive. J’ai trouvé au contraire, Jupé emprunté, à court d’arguments et Hollande développant à l’aise son programme de gouvernement.
Comme quoi, nos gazettes et télés sont encore plus conservatrices qu’en France.
Je n’ai pas rejoint les rangs des Hollandais pour autant, comme on va le voir.
Quel que soit celui qui montera sur le trône républicain, tant qu’il prêchera pour la pérennité de l’économie libérale, sera bienvenu dans le système.
Ce n’est pas pour rien que les journaux français décrivent les faits et gestes du candidat socialiste avec bienveillance. François Hollande est donc crédible. Il ferait aussi bien l’affaire que le sortant Nicolas Sarkozy.
Nathalie Artaud, de Lutte Ouvrière, Mélenchon et Marine Le Pen ne sont pas si bien traités. Marine Le Pen est à part. Au pire, elle pourrait servir de réserve à la république, si, par aventure, le peuple ne pouvait plus être maintenu paisiblement, entre les murs des cités et des usines.
Hollande est lisse comme un Gouda jeune. Il est à l’aise là où nous pataugeons depuis longtemps. Sauf, qu’il y eut 2008 et une situation nouvelle à partir de laquelle, on ne peut plus dire qu’on ne savait pas.
Alors, plutôt de commenter les nuances qui séparent Sarko et Hollande, même si ce dernier est hostile à la TVA dite sociale, visant à augmenter le poids des taxes qui pèsent sur les plus pauvres, il serait plus intéressant de se demander pourquoi la connivence du candidat est évidente avec le système.

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C’est tout le travail de la social-démocratie qu’il faudrait analyser du début des Trente glorieuses à la crise actuelle et à partir de quelle année, son travail productif est devenu improductif pour le monde du travail.
Ce n’est pas dans le cadre de ces quelques lignes que cette analyse peut se faire. Mais des études existent, des économistes en parlent et des philosophes en écrivent
La pensée de Hollande est aussi intolérable que celle de Sarkozy. On la retrouve dans la démarche de Heidegger, mort en 1976, avec le soupçon d’avoir fleureté dès 1936, avec les Nazis.
Le concept d’Heidegger de l’herméneutique colle bien aux socialistes en général et à François Hollande en particulier. Cette interprétation d’Hermès intermédiaire dans le passé entre les dieux et les hommes, s’est actualisée entre le capital et le travail.
Hollande s’est bien dépeint. Il préfère à l’affrontement, le règlement à l’amiable. Or, où il se trompe c’est dans la nature des relations entre le capital et le travail. Nous sommes bien dans un casus belli, celui du rapport de l’assassin à sa victime, là où il n’y a pas de conciliation possible. Il faut que l’assassin meure, pour que la victime en réchappe.
Selon Heidegger, la nature a été « arraisonnée » par une technique incontrôlable. Il décharge de ce fait toute responsabilité dans le développement de l’industrie de guerre hitlérienne. François Hollande procède du même raisonnement, puisqu’il attribue aux lois du marché la nature divine des tables de la loi.
Pour Heidegger, prétendre l’irresponsabilité dans le drame allemand, c’est faire porter à la technique la responsabilité éthique du crime et, par conséquent de s’en exonérer.
Hollande, c’est pareil. Il ne veut en rien troubler ce qui cause tant de mal et est responsable de tant d’excès, tout au plus veut-il en adoucir certains angles, dans l’espoir que le harnais passé au cou des peuples soit encore pour un temps supportable.
Lui, l’intermédiaire, se dégage de toute complicité, se déculpabilise d’avoir accepté une collaboration, sinon qu’elle est de circonstance et incontournable.
Hollande a tort ! L’herméneutique n’est défendable qu’entre deux écoles de savoir. L’échange et la transmission entre elles sont souvent matière délicate. La responsabilité du drame social est aussi la nôtre. Les socialistes se rendent responsable de ne pas vouloir choisir leur camp, ou plutôt de nous faire croire qu’ils l’ont choisi, quand Hollande pratique l’herméneutique de Heidegger.
Je n’ignore pas le confort du non-choix ; mais, la conduite est inqualifiable. Ne pas choisir, c’est tomber dans le pire des scénarios. C’est indigne.
Heidegger se fût grandi en choisissant l’alternative de l’exil ou du camp de concentration à l’empirisme d’une conduite prudente. Hollande, entre une société capitaliste et une société morale, s’il ne se sent pas homme à défendre cette dernière, doit s’effacer pour Montebourg, Mélenchon ou Artaud.

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