Un Tobback peut en cacher un autre.
Les journaux en font beaucoup pour décourager les gens de faire grève lundi. Briseur de grève RTL, aussi ? On n’en est pas loin avec l’interview d’un patron musclé qui offre une prime à son personnel, s’il surpique les commandes de matelas le jour stratégique.
C’est tout juste si la télé, en plus du matelas, ne met pas une stagiaire volontaire dessus, pour une passe gratuite !
Madame RTL distribue des godes pour mettre ses speakerines en train.
« Les gars, restez chez vous, quoi !... Hakima passera après les infos vous faire les yeux humides, comme après un reportage sur la princesse Mathilde qui presse sur son sein des enfants qui n’ont pas mangé depuis huit jours ! Une seule condition : faut pas y aller !...
Une frousse bleue que ça dégénère s’est emparée de la Belgique 58.
La patrie du bourgeois qui a toujours raison, pour une toute petite grève d’un jour, se met au Prozac. C’est dire comme ça va mal et comme personne n’est sûr de rien !
Les syndicats non plus d’ailleurs. Peut-être n’y aura-t-il quasiment personne ? Un trou du cul de la statistique nous a prévenus : un Belge sur deux n’est pas d’accord pour faire grève. Comme il y a plus d’un Belge sur deux qui ne travaille pas pour mille et une raisons (trop vieux, trop jeune, malade, chômeur, trop riche, etc.), il est difficile de se faire une idée de ce que veulent les Belges. Le savent-ils eux-mêmes ? Tout ce qu’ils savent, c’est qu’au ras-du-sol les vers de terre ne trouvent plus à bouffer. Le capital ne veut plus rien laisser au travail. Dans le monde Antique, les esclaves ne votaient pas et pourtant, c’était le berceau de la démocratie.
Le citoyen d’honneur de San Valentino est près de soudoyer les météorologues. Le franc-maçon irait bien mettre une bougie à saint Médard. Evidemment, les plus furax à la trouver mauvaise sont les politiciens hissés au faîte de l’impopularité, eux qui n’ont plus rien à perdre fors leur salaire (l’honneur, ils l’ont déjà perdu).
Et quels sont ceux qui tempêtent le plus ? Le PS et le SP.A !
Laurette Onkelinx, en rôle de composition, a le personnage indigné bien en main. Elle aurait pu faire une carrière à la Paramount, si elle avait été plus glamour.
Ah ! il est beau le socialisme dans les mains de ces gens-là… Les militants de base doivent être bien emmerdés, enfin ceux qui se mêlent aux réunions syndicales et qui bossent avec tout le monde. Il est vrai qu’ils ne sont plus très nombreux, puisque le cran au-dessus, la catégorie des Pas-Mal-Placés sont des avocats qui ne savent pas ce que c’est de bosser en usine, même si dans leurs envolées rhétoriciennes, ils en mettent plein la vue sur les efforts à faire
Pour le Soir, le très Belgique 58, Bruno Tobback, SP. A, « ne mâche pas ses mots au sujet de l'attitude des syndicats et de leur grève générale de lundi prochain ».
La grève générale devrait être - paraît-il - quelque chose d’aussi rare que le One Penny noir de l'Ile Maurice.
Si le fils ressemble physiquement au père, par contre, il n’a pas cette forme d’ironie grinçante qui faisait tout le sel d’une rencontre avec le vieux. Celui-ci a le raisonnement un peu juste, même tout à fait con, si on chipote.
« Je comprends l'inquiétude, mais une grève générale, c'est quelque chose de très rare, et il faut garder la bombe atomique pour la guerre mondiale, pour le dernier combat, pour le gouvernement de droite qui applique vraiment des mesures de droite ! »
Bombe atomique, dernier combat, gouvernement de droite, à part le dernier terme, les autres sont excessifs.
Qu’est-ce qu’un type qui gagne 1500 euros par mois, qui chôme une semaine par ci, par là, et qui peut se faire virer d’un instant à l’autre, en a encore à foutre des jérémiades de Tobback ?
Il est tout chose d’apprendre que s’il rejoint les autres dans la rue, ou pire, s’il brandit une pancarte « Elio, tu nous as eus », il devient le détonateur d’une bombe atomique !
La fin de l’interview au Soir est triomphante de bêtise absolue : « ils ont raison (les futurs grévistes) pour beaucoup de leurs soucis et de leurs inquiétudes. Allez trouver aujourd'hui un travail à 55 ans ! Et que penser du patron d'Arcelor qui pousse tout le monde dehors ? »
Et voilà le plus beau : « Mais là où je ne suis pas d'accord avec eux, c'est qu'ils tirent de tout cela des conclusions pessimistes et négatives. »
On le ferait à moins, non ?
Quand on ne fait pas grève et qu’on n’est qu’une poignée à surpiquer des matelas, pendant que les autres se les gèlent dans la rue, on se fait chouchouter par la femme du directeur qui décommande le coiffeur, pour servir le café et offrir des petits fours l’après-midi…
Ceux qui ont déjà tringlé la rombière d’un patron, savent comme c’est plus facile d’encaisser les engueulades, après. Mais, ce n’est pas donné à tout le monde, sauf dans certains cas…
Pour le reste, Tobback peut toujours essayer qu’Elio verse effectivement 5 % de son magot annuel, lui-même se fendrait d’une double cotisation à la FGTB, que ce ne serait pas de refus.