Di Rupo à la pêche aux gros sous.
Ce n’est encore qu’un murmure, mais le gouvernement Di Rupo est dans l’impasse, avant même d’avoir mis en pratique son plan anti-crise.
Il a déçu ses militants par l’absence d’un programme de gauche. Il a endossé le costume de Papandréou pour un programme conforme à celui des Etats endettés en Europe, qui ont un gouvernement de droite, ou assimilés.
Le nouveau cavaliere assimilé, c’est lui !
L’absence de solutions de gauche, et donc un pur programme d’assainissement de droite, a jusqu’à présent retenu la NV-A dans des pourcentages peu évolutifs depuis un an. On pensait le contraire, mais l’économie est passée au premier plan des inquiétudes et fait reculer le nationalisme flamingant. Frédéric Ries croyait émouvoir l’Europe sur le cas de Grimbergen, c’est loupé. Du coup Bart De Wever ne peut pas sortir sa grosse artillerie.
Elio peut donc arborer son nœud gris perle pour s’atteler à la pêche aux gros sous.Il n'a d'autre choix dans la logique adoptée, que de réduire ses dépenses de façon durable et sérieuse. Selon le rapport annuel de la Banque Nationale, il manque 2,3 milliards pour revenir à un déficit convenu avec l’Europe. C’est clair, le plan Di Rupo, avec une croissance ridiculement faible de 0,1 % est à revoir dans le sens de l’austérité.
Ce gouvernement qui a fait les choix que l’on sait, ne peut pas faire autrement, sans se faire désavouer auprès des Agences de notation et aussi de la Commission européenne.
A la faiblesse de l’économie belge s’ajoute la faiblesse d’un gouvernement déjà empêtré dans ses arrêtés lois sur le chômage, le recul de l’âge de la retraite, la sécurité sociale, l’index, qu’il hésite à prendre, devant la montée des réclamations, alors que les libéraux et le CV&P pressent Di Rupo de réaliser ce qui a été convenu tel quel et même de prévoir des modifications plus musclées, afin de réduire les dégâts de la récession sur la dette. La solution proposée par De Croo pour « garder l’index », est en réalité une manœuvre afin de vider cet outil de contrôle de son utilité.
Quand les marchés financiers attaqueront-ils le programme de Di Rupo, pour mettre la notation du pays à niveau de l’Italie, par exemple ?
Quels effets auront les points perdus, sur les taux d'intérêt qui grimpent ? L'Italie, à l'automne, était à 6,5% ?
Si la BNB se met à jouer les Cassandre auprès de Standard & Poor's, c’est toute la crédibilité budgétaire de Di Rupo attaquée sur deux fronts, et comme il ne peut plus compter sur les appuis traditionnels du PS, le voilà à peine installé, en grande difficulté et contraint de se « droitiser » davantage.
Si l'Italie et l'Espagne parviennent, comme elles sont en train de le faire, à se mettre à l'abri des marchés, la Belgique va se retrouver avec la France en première ligne.
C’est une partie du drame des socialistes wallons, les leaders n’ont jamais vraiment expliqué à leurs électeurs, la politique qu’ils allaient faire au gouvernement, à part sauver la royauté et faire patienter De Wever dans l’antichambre du pouvoir. Ce que tout le monde a compris, puisque personne n’a protesté après l’échec des 541 jours de palabres, conclu sur un accord au détriment des Francophones de la périphérie bruxelloise et la disproportion inflationniste de la représentation flamande à Bruxelles au vu de la minorité linguistique qu’elle y représente.
On a fait passer les accords sociaux et économiques comme des accessoires, alors que Laurette Onkelinx, savait très bien qu’on allait commencer par là !
Di Roublardo va devoir finasser, quand après en avoir dit le moins possible à l’électeur, il lui demandera beaucoup, en ajustements « qui n’étaient pas prévus ».
Afin de ne pas se faire piéger comme la Grèce, ce sera une grande première d’imposer une politique du long terme, pour des élus qui vivent dans un court terme qui correspond à leur réélection.
Le dilemme est simple : une rigueur publique forte aura besoin d'un soutien de la croissance privée. La clé, c’est donc bien, dans l’optique capitaliste, le retour accéléré de la croissance.
Or, les données et les rapports de force ont beaucoup changé dans l’économie mondiale. Il semble bien que la croissance privée se soit déplacée durablement vers des pays émergents et n’est pas prête malgré les appels de pied à renflouer l’Europe, ni même les USA qui ne doivent de conserver leur numéro Un de l’économie mondiale que par l’accélération de leur planche à billets et l’impossibilité pour les pays créanciers de ruiner l’économie américaine, s’en prendre le risque de ruiner la leur.
On ne l’a que trop bien vu par le passé, une croissance tirée par l'endettement public et l’accroissement des personnels d’Administration de l’Etat n’est plus possible à l’heure d’une grande rigueur publique, synonyme de plus de compétitivité privée.
Les temps qui s’annoncent seront amers. En refusant de prendre le problème autrement, c’est-à-dire en rompant avec les formes traditionnelles de l’économie capitaliste, on est tout simplement dans l’optique d’un pouvoir de droite. Di Rupo en est le prisonnier en même temps que le garant.
La Belgique et les autres Etats endettés sont sans alternatives de gauche. Si bien que l’alternance n’a plus aucun sens et les foules, plus aucun espoir non plus.
Les partis socialistes d’Europe pourraient s’en mordre les doigts.
Commentaires
Les foules.
Postée le: Joseph MEYER | février 16, 2012 07:04 PM