Maman à Guernesey.
La reprise d’une information de l’Agence Belga, par le Soir (1) semble asseoir sur le cul le journaliste préposé à sa rédaction.
« La Société belge d'investissement pour les pays en développement (BIO S.A.), dont l'État belge est actionnaire à 84%, a placé plus de 150 millions d'euros dans des fonds d'investissement situés aux Bahamas, à Guernesey et dans d'autres paradis fiscaux. »
Ah ! nos puceaux des gazettes… ils se font déflorer dix fois par semaine, et pourtant, pour eux, c’est toujours une divine surprise !...
Il suffit de consulter le NET pour être édifié de la facilité avec laquelle, n’importe qui peut investir aux Îles Caïmans ou à Guernesey, depuis nos sociétés réputées morales.
Ce qui semble être une interdiction dans l’esprit des gens et s’apparenter à une évasion fiscale est au contraire fortement encouragé par les autorités bancaires et même les autorités tout court. Autrement dit, copier un film pour son usage personnel sur la Toile revient à piquer des sous dans la poche d’un malheureux artiste, et est donc inacceptable ; mais, ne pas jouer le jeu et contraindre les contribuables belges honnêtes à remplir seuls les caisses de l’Etat, est plutôt bien vu.
D’autant que l’Etat lui-même donne l’exemple !
On a fermé des sites qui touchaient aux droits d’auteur pour beaucoup moins que ces innombrables sites qui vantent la création de Sociétés Offshore dans des paradis fiscaux.
Vous avez dix millions à lessiver, rien de plus facile.
« Où que vous choisissiez de constituer votre société offshore, nous vous proposons tous les services nécessaires à votre création d'entreprise : - Immatriculation/constitution société Offshore - Ouverture de compte bancaire - Solution de domiciliation - Suivi juridique et administratif - Diverses options à la carte. » Vous n’avez que l’embarras du choix.
Là-dessus les braves pigistes qui sont bien heureux de recevoir des sous d’un généreux sponsor, sans trop aller voir de quelle lessive bancaire le tonton providentiel resape une rédaction, tombent des nues « Quoi, il y aurait des vers dans les fruits de l’Etat ! » :
« Depuis 2002, BIO a engagé pas moins de 151,7 millions d'euros dans 36 fonds d'investissement domiciliés dans 11 juridictions. L'île Maurice est la destination privilégiée de BIO avec 11 fonds totalisant 42,7 millions d'euros. Viennent ensuite le Luxembourg et les îles Caïmans. L'essentiel de ces fonds spécule sur des PME à forte croissance dans les pays émergents. Ces fonds achètent des participations dans des entreprises non cotées qu'ils revendent quelques années plus tard, quand ces sociétés ont pris de la valeur. Par ces investissements légaux, l'argent du contribuable belge emprunte les mêmes circuits financiers que l'argent du crime organisé, de la fraude et de la corruption. La directrice du secteur financier de chez BIO, Carole Maman, justifie l'installation de fonds dans ces territoires en invoquant "la sécurité et la stabilité politique, la sécurité juridique et l'environnement réglementaire propice, et une fiscalité favorable".
L’ange des fonds d’Etat si judicieusement placés s’appelle « Maman » ! C’est admirable, comment ne pas craquer ?
« Ague…ague… bêtifie bébé Elio qui tette Maman du bon lait de sa mamelle généreuse fortifiée sur les Îles de la bonne fortune, entre les jeux de plage et la banque locale.
Ah ! le Chastel va avoir dur de nous faire un ultime lavement pour récupérer les deux milliards… faudra veiller à bien huiler la canule…
La faiblesse d’Elio-la-Justice, dans sa lutte socialisante contre le capitalisme financier, ouvre un boulevard à la spéculation internationale. On se file des renseignements entre voyous. La Belgique est ce qu’on fait de mieux en intermédiaires pour les bons placements.
Faut dire que, jusqu’il y a peu, Reynders au ministère des finances était une référence.
On en rigole encore du discours anti-maffia de Laurette, la petite fiancée des amours impossibles entre la gauche et la droite. La revanche des petits contre les gros à bon dos dans un Etat qui place ses billes à Guernesey, grâce à Maman !
On s’attend à en entendre davantage au Premier Mai qui approche. On se passe les formules, on achète les bons mots aux agences publicitaires, on compulse internet afin de trouver dans le fouillis déversé sur la Toile par des imbéciles de mon espèce, celui qu’on attendait.
Convaincre la faune au pouvoir d’une nécessaire rupture avec le fric lessivé, autant faire du pet sur une toile cirée, la piste de saut en longueur de Garmisch-Partenkirchen.
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1. A moins que ce ne soit une information du Soir reprise par l’Agence Belga !