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La carpe et la loi.

Quitte à passer pour un affreux jojo qui défend Dieudonné à chaque fois qu’il le peut, c’est-à-dire quand il fait un crochet par la Belgique, je reviens sur cette information du Soir, selon laquelle la procureure du roi de Liège, Danielle Reynders, a demandé aux services de police d'examiner les vidéos qui concernent la prestation de l’artiste le 14 mars, à la salle « La Fabrik » de Herstal, afin de lui chercher des poux antisémites.
Encore une fois, je ne vole pas au secours de Dieudonné, je suis simplement contre les lois d’anciens Régimes remises à la mode, qui bafouent le droit à l’expression, droit fondamental, dans une société qui s’affiche « libre » et qui ne l’est pas vraiment. Du point de vue personnel, je trouve que Dieudonné était plus drôle avant, quand il faisait équipe avec Elie Semoun.
Bien entendu le Centre pour l'égalité des chances ( !) et la lutte contre le racisme (CECLR) ont emboîté le pas de la sœur de Didier et s'apprêtent à déposer une plainte.
Avec la présence des flics dans la salle et les ligues de la vertu outragée, Dieudonné est assuré de ne pas faire le guignol devant deux rangées de chaises vides. C’est toujours ça !
Je ne le répéterai jamais assez, la liberté d’expression permet à chacun de dire ce qu’il pense et donc de montrer qui il est. Les lois, les ligues et tout le tremblement qui prétendent fermer les bouches inopportunes font des hypocrites et empêchent au sens critique du citoyen de s’exercer en se fondant sur des témoignages et sur ce qu’il voit et entend.
C’est prendre le public pour ce qu’il n’est pas que de prétendre dire à sa place ce qui est bon et ce qui ne l’est pas dans la vie de tous les jours. Celui qui m’empêche de savoir par mes propres moyens, m’outrage !
Au mieux, cela voudrait dire que le peuple n’est pas capable de distinguer le bon du mauvais, le vrai du faux. Les autorités par ces lois le considèrent immature à vie ! Au pire, il y un fond d’autoritarisme antidémocratique assez troublant dans toute autorité.
Le droit à la liberté d’expression est rarement conçu comme absolu. Les législateurs aiment à s’occuper de tout sans demander l’avis de personne.
La liberté d'expression est issue des luttes d’émancipation des peuples d’Europe. Elle a commencé d’émerger vers la fin du 18ème siècle, avec la Révolution française. Les autorités actuelles qui veulent apprécier à leur façon les limites à la liberté d’expression rejoignent les anciennes baronnies médiévales qui réservaient ce droit aux autorités royales, seigneuriales ou religieuses.

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Cette liberté contestée par les lois en Europe, ne l’est pas aux USA. C'est le First amendment qui garantit aux citoyens la liberté d'expression : « Congress shall make no law...abridging the freedom of speech or of the press”.
En Belgique, nos nunuches apeurés et rétrogrades bafouent la Déclaration des droits de l'homme dans son article 11 : « tout citoyen peut...parler, écrire, imprimer librement ».
La Convention européenne des droits de l'homme protège clairement la liberté d'expression dans son article 10 « Toute personne a droit à la liberté d'expression...sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publique et sans considération de frontières ». Les flics assis dans la salle de la Fabrik à Herstal et qui ont peut-être rigolé aux vannes de Dieudonné, en surveillant un artiste dans l’exercice de son métier, contrevenaient eux-mêmes à l’article 10 !
Alors, pourquoi cet acharnement à vouloir sanctionner Dieudonné ? Sinon pour la principale raison que nous ne puissions l’entendre !
Dès les débuts de cette liberté si chère à l’expression du public, comme des écrivains et des artistes des Arts de la parole, des esprits imbus de la préservation de certains privilèges s'y sont opposés. Sieyès voulait que la liberté d'expression soit limitée et définie par la loi. Robespierre et Marat estimaient que cette liberté devait être indéfinie et illimitée.
On voit bien à quel camp appartient la justice. En mettant le zèle qu’il convient à l’application d’une loi, elle y ajoute une promptitude qui prévient l’action des ligues et de tous les machins entourant la loi, mieux, elle éveille en eux le désir de déposer plainte !
"La liberté de tout dire n'a d'ennemis que ceux qui veulent se réserver la liberté de tout faire. Quand il est permis de tout dire, la vérité parle d'elle-même et son triomphe est assuré."
Voilà qui clôturerait le débat, s’il n’y avait quand même un petit ajout qui chiffonne : "sauf à répondre de l'abus de cette liberté ».
Qu’est-ce que l’abus de la liberté ? L’abus ne pourrait être que dans la désignation de personnes privées, dans leur vie intime et dans leur intégrité morale et physique. Elle ne concerne en rien des personnages publics, qui se mettent en scène eux-mêmes pour attirer les regards et déterminer les choix.
La loi est donc abusive quand elle se mêle d’empêcher des artistes de pratiquer leur art. Elle est en contradiction avec les déclarations des droits de l‘homme et n’a donc que pour seul objectif d’obliger les gens à penser, comme les autorités veulent qu’elles pensent.
Le citoyen idéal serait la carpe dont la fable compare le silence à la vertu.
Que faire quand on subit une loi qui porte atteinte à la liberté d’expression ?
La dénoncer et s’informer des parlementaires qui souhaiteraient l’abroger.
Ils ne sont pas nombreux. C’est là le drame !

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