Se dépouiller.
Indépendamment du respect que l’on doit à toutes les victimes, comment réfléchir à l’effet de modification de la société qui s’accélère, sans paraître inconvenant ?
Est-ce le développement prodigieux des moyens de communication, la caisse de résonance des médias, une nouvelle approche plus médiatisée des intellectuels spécialisés en communication au service des politiciens, les catastrophes comme les faits-divers trouvent partout un écho surmultiplié proprement prodigieux.
Un accident de la route devient une affaire d’Etat, un tueur mobilise un président de la république et les candidats pressés de le remplacer. A la lecture des journaux, aux commentaires des événements, on pourrait croire à un effet bénéfique de civilisation : l’empathie a enfin gagné sur l’égoïsme ! Une nouvelle solidarité transforme notre société !
Eh bien ! non, le monde n’évolue pas dans ce sens. Les temps paraissent aussi durs qu’il y a un siècle. L’égoïsme est à son comble. L’accaparement de tout ce qui est possible reste le levier majeur en chaque individu. La compétition n’est pas l’art de se faire des muscles, ni de s’améliorer soi-même en-dehors de la performance que l’on accomplit, Elle n’est qu’un moyen de dresser des compétiteurs, les uns contre les autres, pour n’en payer que les plus performants.
Les marques de sympathie, les lâchers de ballonnets, les nounours déposés à côté d’une bougie, ne seraient que de la sensiblerie face à l’horreur.
Force est de constater, à partir de cette hypothèse, que les surhommes qui nous cornaquent ont parmi les scissures des circonvolutions de leurs quinze kilos de cerveaux, la même sensiblerie que celle du peuple et qu’ils ne seraient pas différents.
Je ne le crois pas.
Ils sont à la fois les démiurges et les esclaves de la machine moderne de l’information rapide. Ce qu’ils ont monté à grands peines se retournent contre eux.
Quand on vit de l’opinion générale, on ne peut pas lutter contre elle à contre courant. Dans leur for intérieur, ils ne sont pas dupes. Ils ont compris qu’une force qui ne fait ni appel à l’intelligence, ni à la morale, ni au bon sens, mais à l’esprit de meute ne pouvait ni être contrôlée dans l’immédiat, ni arrêtée par une volonté supérieure, sans encourir immédiatement des risques d’émeute, débouchant à coup sûr, sur des sanctions aux élections suivantes.
Aussi, ils ne se contentent pas de suivre l’opinion, ils la précèdent, en ajoutant des prévenances, en s’offrant en objet de consolation, en montrant aux interviews des visages bouleversés et, peut-être, le sont-ils vraiment, comme de bons acteurs qui finissent par entrer dans la peau du personnage au point de l’incarner parfaitement, même en-dehors des studios.
Quand ils font le bilan de leur prestation, s’ils ont scrupuleusement lu leur texte, s’ils ont suivi attentivement les mouvements des foules allant de la tristesse au désespoir, ils constatent l’effet positif sur leur image.
L’opinion générale leur devient favorable.
Les gens sont satisfaits à la pensée que les grands sont des gens comme eux et que les glandes lacrymales sont les mêmes. Ils n’arrivent plus à considérer les différences de vie, de traitement, d’être en tout très privilégié de l’homme public, comme étant une faute grave.
C’est ainsi que l’on acquiert de la sympathie à bon compte, quand on fait commerce de la parole pour diriger les autres.
Voilà pourquoi les foules se piègent elles-mêmes en laissant à d’autres le soin des cérémonies.
La vraie fraternité n’est possible qu’entre pauvres. Cette fraternité-là est le contraire de la charité.
Il y avait plus d’humanité entre les gens des corons ou des banlieues industrielles jusqu’au début du siècle dernier, qu’aujourd’hui dans les grands ensembles comme Droixhe. La seule solidarité qui vaille, c’est celle de celui qui n’a presque rien et qui partage avec celui qui n’a rien.
Comment un ministre qui trompe le fisc, peut-il sans honte vouloir aider les gens ? Vider sa garde-robe des choses dont on ne met plus, plastronner à des réunions d’urgence quand on va faire un bon repas arrosé le soir, payer de sa personne, même quand il pleut, à se faire expliquer les circonstances d’un drame, s’afficher un casque de chantier sur la tête quand on n’a jamais rien fait d’utile de ses dix doigts et chausser des bottes en caoutchouc quand on reste chez soi le plus souvent dès qu’il tombe une goutte, ce n’est pas être charitable, ce n’est pas aller au-devant des gens, c’est donner aux autres l’illusion de ce qu’on n’est pas.
Donner, doit avoir des conséquences pour celui qui donne, que cela soit vraiment un partage.
Di Rupo et les autres ne partagent rien, ne donnent rien, jamais. La seule chose décente qu’ils devraient être capables de faire dans des circonstances de souffrance des autres, c’est de fermer leurs gueules et d’attendre que ça passe.
Commentaires
La fille a tort et Richard ne sera jamais assez dur envers les "avocats" qui nous "cornaquent"...mais pas parce que nous sommes des éléphants, non, nous sommes des moutons et il faudrait que les moutons deviennent des loups enragés.
Postée le: Reiter | mars 22, 2012 12:13 AM
La bourgeoise a raison : Richard III nous fait chier : il nous parle de ce qui n'a jamais connu : les corons, les immeubles de Droixhe. Il doit fréquenter avec empressement les propriétaires de Lasne tout en dénonçant hypocritement Elio qui ne partagerait rien alors qu'il s'adapte - publiquement aujourd'hui - à toutes les couleurs de noeud papillon.
Postée le: Henry | mars 22, 2012 02:56 PM