Si on passait aux conneries joyeuses ?
On est tous à écouter les conneries venues d’en-haut, comme si elles étaient des révélations divines ; tandis que l’on attribue aux conneries d’en bas tout le populisme démagogique du monde, la somme des inconséquences concentrée sur la tête des farfelus venus du ruisseau.
Tout ça, parce que le discours de la connerie des sous-sols est mal torché, lapidairement exposé et inexploitable par les médias, en raison du manque de notoriété des sous-hommes élucubrant (le minimum de crédibilité étant le diplôme en droit dans la Belgique démocratique) et surtout, ô surtout, parce que ce discours est de loin bien plus sincère que l’autre !
Connerie pour connerie, mes préférences vont aux conneries d’en bas, pour une multitude de raisons. Elles tiennent au désintéressement de ses propagateurs. Et puis, celles d’en-haut, on voit le résultat : c’est un désastre !
C’est une question de bon sens. Pourquoi devrais-je croire ceux qui défendent un monde aussi moche, si j’en crois mes yeux et mon expérience ? N’en sont-ils pas les créateurs, par délégation ? Ne nous le présentent-ils pas sous des dehors qui nous le rendent suspect ?
Qui ne les voit en train de contempler les plans et les projets épars à leurs pieds, échappés de leurs mains, tout en ne perdant pas de temps à nous présenter un pot de colle, pour réparer ce qu’ils ont gâchés ? Enfin, ils nous accusent de maladresse, en oubliant la leur !
On connaît l’antienne : responsable, mais pas coupable ! D’autres l’ont déjà fait ailleurs, pour le sang contaminé. La crise, ils ne l’ont pas voulue ! C’est vite dit. Les voilà non-coupables absolus, même de n’avoir rien prévu et de s’être laissés avoir par l’Europe et la mondialisation !
Un comble ! Mais alors, nos illustres servent à quoi, au juste ?
Ce n’était pas la gloire lors des Trente Glorieuses, mais à côté du capitalisme toujours insatiable, le public avait construit des formes de répartition qui tendaient vers l’équité. Dans sa forme « adoucie» de la société d’alors, le socialisme, genre « libéral », était crédible. Des garde-fous empêchaient la liberté du commerce de manger la liberté du citoyen. On espérait beaucoup à l’orée du troisième millénaire.
De ce progrès incontestable, que reste-t-il ?
Rien !
On pourrait même dire que non seulement il ne reste rien, mais, qu’en plus, nous stagnons dans une médiocrité inconnue jusque là. Nous avons emprunté aux banquiers, à ceux-là même autour desquels nous avions établi des barrières de sécurité ! Comme si ces avides n’allaient pas devenir les voyous qui nous menacent de l’huissier aujourd’hui !
L’erreur fatale fut de baisser la garde et d’accorder notre confiance aux déconneurs officiels, qui déconnaient déjà en 1990, vis-à-vis desquels nous ne nous sommes pas assez méfiés et qui se fichaient de nous, au point qu’ils allaient nous avoir jusqu’au trognon.
Et ce sont ces mêmes déconneurs ou leurs successeurs – après avoir tout raté – qui prétendent rester nos timoniers, qui nous donnent des leçons, jusqu’à nous menacer si nous n’obtempérons pas aux recettes qu’ils prodiguent du haut de leur non-savoir, de restrictions à la mesure de celles qui accablent les pauvres gens de Grèce !
C’est qu’ils ont la cote. On ne voit qu’eux. Les médias usent les poils de dix brosses à reluire par jour sur leur demi-saison. Leur martingale a été baptisée imparable. Elle porte un nom : la mondialisation.
Après avoir été endormi eux-mêmes par des petits fumiers, du genre d’Alain Minc qui n’avaient pas de métaphores assez grandioses pour injecter dans nos veines cette merde qu’ils avaient baptisées « mondialisation heureuse », ils ont fini par être intoxiqués de leurs propres saloperies.
Devant un tel désastre qu’il n’est plus possible de défendre sans passer pour un vendu, ils jouent la carte de la fatalité. La pente descendue, plus personne n’est capable de la remonter. Il faut la subir. Se donner d’autres objectifs, biaiser en quelque sorte, pour faire le tour du tas d’immondices, pour rebondir de l’autre côté du monceau de ruines.
Voilà le programme des déconneurs qui portent le label de l’Europe et aussi celui du gouvernement Di Rupo, nécessairement.
Comme des veaux qui attendent l’abattoir en paissant dans la prairie juste devant le site d’abattage, nous nous soumettons à l’arbitrage de répartition de ces près de deux milliards d’argent à trouver. Le petit Chastel en frétille à l’avance. Il doit bander, quand on l’interroge sur les douleurs qu’il voit s’abattre sur nos graisses.
Tous les déconneurs patentés, révérés, sont là autour du chef. Il n’en manque pas un et une. Le vieux Narcisse en pap gris perle est l’image du pater protégeant les siens.
Est-ce que ce n’est pas bientôt fini les conneries d’en haut, les vaselines médiatiques et le rassemblement des enculeurs de mouche ?
Si on se payait un peu de bon temps en ouvrant l’oreille aux conneries d’en bas ?
Pour ce qu’on a à perdre… Au moins, on retrouverait ce qui nous manque le plus, une bonne humeur que nous perdîmes définitivement décembre 2008.
Commentaires
Bel article, je ne chicane pas , mais il manque un E aux "vaux" et un U à "atour"
Bonne nuit mon cher Duc..
Postée le: Reiter | février 29, 2012 11:54 PM
En effet, il m'arrive souvent, vu l'heure tardive, de corriger sur le tas, voire de ne pas me relire du tout. C'est
l'inconvénient des "instantanés", mais c'est aussi ce qui fait leur spontanéité. Ces blogs se font souvent en une petite demie heure, du premier jet, juste avant de me mettre au lit. Perfectionniste, comme je le suis, s'il me fallait leur donner "du cachet", du style si vous voulez, je crois bien que je n'en pourrais produire qu'un par mois et encore, je serais toujours en train de me dire qu'il n'est pas bon !
Postée le: Richard | mars 1, 2012 12:03 PM