Wesphael se tire…
Les Ecolos n’ont pas de bêtes politiques assoiffées de pouvoir et prêtes à tuer père et mère pour un petit nougat supplémentaire comme au PS ou au MR. Leurs pollutions sont internes. Les réunions écolos émettent des particules fines dangereuses pour les militants en salle. Ces particules se soulèvent à l’appel d’air dû aux discours sur le mal être de la planète. Les militants ont mal à la terre et cela se sent.
Qu’ils aient été et qu’ils soient encore utiles pour une prise de conscience des problèmes généraux réels qui concernent aussi bien un habitant de Singapour, qu’un quidam de Louvain-la-Neuve, c’est un fait ; mais, il y a chez eux une incapacité notoire dès qu’un événement local déborde sur le social, de se définir dans le paysage politique à droite ou à gauche des partis dits traditionnels.
Pendant longtemps, Javaux, le moine de Cîteaux, sitôt entré en présidence, a endormi les siens sur les pelouses de recueillement aux jets de la poudre aux yeux.
Débarrassé du père, les fils, au nom d’une logique planétaire, font éclater leur irrationalité au grand jour sur les quotidiens. Elle conduit à des irrésolutions dommageables ou des solutions idéales mais impossibles.
On le voit bien à propos du nucléaire. Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut s’en débarrasser, le tout est de savoir comment ? le remplacer par quoi ? et dans quel délai raisonnable ?
Les Ecolos sont donc considérés comme des fantaisistes par le grand public qui les juge incapables d’une gestion du social, tant les milieux écologistes sont un mélange de petits bourges, d’enseignants vaguement de gauche et de sybarites ruraux vivant de lait de chèvre et cultivant du bio.
Malgré tout, à l’occasion de l’explosion d’une centrale nippone, d’un désaveu à Schaerbeek ou d’un congrès à Chevetogne, le grand public en reçoit les échos et retient des noms.
Bernard Wesphael n’était pas de ceux-là, jusqu’au vote à Louvain-la-Neuve du renouvellement de la coprésidence.
Singularité au demeurant sympathique, la présidence chez Ecolo se désigne par paire, couple occasionnel dans la volonté d’équilibrer le pouvoir entre les sexes.
On connaît les résultats. C’est bien évidemment le couple le plus connu – indépendamment de ses nombreux mérites qui l’a emporté. Ecolo, pas plus que les autres partis, ne saurait se dissocier du star-system. Reste que Bernard Wesphael et Marie Corman n’ont ramassé que 15 % des suffrages, ce qui les plaçait bons derniers dans le cœur des Amis de la Nature biologique, Gerkens et Hellings faisant mieux avec 36 %, pour céder le podium à Emilie Hoyos et Olivier Deleuze, 47 %, les stars actuelles.
Depuis ce non-événement bien médiatisé (c’était avant l’accident de Sierre et les meurtres de Toulouse), le cœur n’y est plus chez Bernard Wesphael.
Voilà qu’il n’est plus question que de lui ! On apprend qu’il fut le co-fondateur historique d’Ecolo, que sans lui Deleuze finissait dans un monastère tibétain et que Jean-Michel Javaux était tout disposé à porter la serviette de Didier Reynders, dans ses nombreux déplacements !
Vexé du peu d’intérêt que les affiliés d’Ecolo lui ont réservé, Bernard Wesphael se retire du parti pour méditer sous sa tente d’un Armageddon social, mais néanmoins fleuri.
Les médias le découvre et lui font un pont en or dans les offres d’emploi, afin que l’homme déçu trouve une nouvelle famille politique d’accueil !
Las ! l’offre publique actuelle est assez maigre, seul le PTB l’a chaleureusement invité. Il paraît que des offres plus sérieuses courent sous le boisseau (plus sérieuses s’entend comme devant lui garantir un mandat rémunéré).
Enfin, nous savons que Bernard Wesphael est un homme de gauche, mais pas trop, sa limite, c’est Mélanchon. Comme Mélanchon est Français, l’homme hésite à se donner à Di Rupo ou fonder un nouveau parti !
Après la sortie de Bernard Wesphael, il revient à l’esprit de chacun que voilà un fondateur d’Ecolo bien peu ancré dans ses convictions, puisqu’il ne lui a fallu qu’une élection malheureuse pour s’en détourner. Après avoir produit par le passé un chômeur de luxe (le co-président Deleuze), Ecolo possède aujourd’hui un démissionnaire empressé à la conservation de son mandat ; car, selon les propos de l’intéressé, il reste député wallon jusqu’en 2014. Continuera-t-il de reverser à Ecolo une partie de son revenu de parlementaire ? Ce serait intéressant de lui poser la question.
Comme quoi, Ecolo, même s’il se défend d’être un parti comme les autres, a du mal de se différencier de ses chefs de file, d’autant plus démocrates intransigeants qu’ils en ont fait un métier.
Dans sa nécessaire quête de popularité, Ecolo est sans cesse écartelé entre l’écologie et le social. Comme il se revendique des deux, ce n’est pas facile.
Un dernier exemple : Des experts de la FAO s’inquiètent de l’épuisement des poissons. En cause les pêches intensives et la destruction des fonds marins par des filets traînant. Ecolo, comme vous et moi, s’alarme et crie au scandale. Oui, mais, pour que la pêche mondiale devienne durable, il faudrait que 15 millions de pêcheurs fassent autre chose pour nourrir leurs familles ! Allez donc parler d’écologie à ces gens-là !
Tout est là. La planète est mise en coupe réglée, chacun en a sa part et tous la détruisent en entier !
Le destin d’Ecolo est tout tracé, quand la terre sera couverte de décombres et que les mers ne seront plus que des marécages, Ecolo dira qu’il avait raison. Mais nous, nous serons morts, mon frère et Bernard Wesphael aussi !