A vos larmes !
A de rares exceptions près, nos politiques agissent de façon instinctive comme le sergent Branledore du « Voyage… » à l’hôpital militaire avec Céline, troufions blessés, tenaillés par la trouille d’y retourner et de finir gazés sur la Somme, troués de balles, retrouvés façon puzzle, par un agriculteur dix ans plus tard.
Pour ne pas sortir de l’hosto une seule formule, c’est Bardamu qui l’explique à travers le sergent : « Alors entre deux étouffements s’il y avait un médecin ou une infirmière à passer par là : ‘Victoire ! Victoire ! Nous aurons la victoire !’…Ainsi rendu conforme à l’ardente littérature agressive, par un effet d’opportune mise en scène, il jouissait de la plus haute cote morale. Il le possédait le truc, lui. »
Le politique, souvent un ancien de la basoche, connaît aussi « le truc » sur le bout des doigts ! Pour le militaire la peur de retourner au front, pour le politique, la peur de perdre un gagne-pain bien rémunéré, agréable et attaché à une haute considération.
Spitzer, l’ancien gouverneur démissionnaire de l’Etat de New-York, émule de Branledore nous file la formule par le truchement d’un extrait du New-York Times du 13 mars 2008 « Abattu par le scandale, Spitzer déclare qu’il se concentre sur sa famille. »
Spitzer s’était fait élire sur l’éthique et la « moralisation » de la société, alors qu’il utilisait régulièrement les services des prostituées de haut vol. Cela ne regarderait que lui et ne constituerait en soi rien de répréhensible, si Spitzer n’avait fait enfermer plusieurs de ses concitoyens pour atteinte à la morale publique, quand il était attorney général, dans des circonstances similaires aux siennes. Précurseur de DSK, il allait jusqu’à sortir de sa poche 4000 dollars pour des « spéciales », alors qu’il mégotait trois sous à sa femme pour nourrir ses enfants.
Pris en flagrant délit, une seule issue « se vanter de sa famille et de ses enfants ».
Méfiance donc, quand ils mettent en avant les vertus, c’est qu’ils ont commis quelque part une saloperie. Ils s’en prémunissent par avance de sorte que l’opinion s’écrie à la lecture d’un petit potin graveleux « Pas lui ! Impossible ! Un homme si vertueux, si bon père de famille ! C’est sans doute encore une invention des journaux. »
Au stade supérieur, ce qui fait réélire à tout coup, c’est de jouer le violon du patriotisme, la corde sensible, l’ultime émotion « des imbéciles heureux qui sont nés quelque part ».
Jugement du docteur Johnson « Le patriotisme est le dernier refuge des voyous ».
Ces temps-ci nous avons été surpris par les cris assourdissants de nos gens de pouvoir. « Vive la Belgique » des uns, aux « Vive la Flandre » des autres et rarement (on ne s’y est pas encore fait) « Vive la Wallonie ». Il paraît que la Belgique était en danger et que les patriotes se devaient d’avoir un sursaut national. Après la Muette de Portici, revoilà Bart De Wever à la porte d’ici !
C’est un de nos plus bruyants ténors de « Vive la Belgique » qui aura convaincu qu’il était le fin rassembleur de plus de patriotes possibles. Le match n’est pas fini. Il ne suffit pas d’exclure les « mauvais Belges » qui deviennent illico de « bons Flamands, mais de les ramener au bercail de la « mère patrie », rassemblés dans un seul cri « Vive la Belgique » !
Alors méfiance. Quand la glotte se met au patriotisme, il y a du sanglot de violon qui va suivre, du fric à ramasser sur nos viandes, des intérêts à percevoir.
Voyez les Français qui s’apprêtent à élire le plus fortiche de Sarko et de Hollande.
En attendant le choc, c’est à celui qui arbore la plus belle cocarde, qui a la larme la plus scintillante aux spots de l’actu, la plus grande émotion dans des deuils nationaux, le visage le plus marqué lors des commémorations d’inoubliables oubliés des deux guerres, d’Algérie, d’Afghanistan, de partout enfin, là où la présence française n’était pas nécessaire, mais cependant indispensable, sans oublier les victimes innocentes, thème inépuisable, dont Sarkozy attend encore de généreux sacrifices dans les quinze jours qui restent avant le verdict.
Les hommes de pouvoir savent y faire dans les grands moments. Que n’y mettent-ils autant d’ardeur dans les petits ; car, ce sont ceux qui font la vie de tous les jours et qui comptent le plus !
Commentaires
Encore une chronique creuse . . . tarabiscotée, sans fond. Lecture réservée aux imbéciles heureux qui philosopheront sur chaque phrase du texte en s'inspirant du sourire inintelligent d'Eliot.
Postée le: Henry | avril 9, 2012 10:45 AM
Là,je suis d'accord avec Henry...chronique creuse ...tarabiscotée etc...
Postée le: Reiter | avril 9, 2012 03:57 PM