Quand la RTBF exclut l'extrême.
La RTBF remettait le couvert ce midi sur le populisme « une voix sans issue ».
C’est l’antienne favorite de la chaîne. Le populisme, c’est une manière qu’ont les autres partis d’acquérir de la visibilité en forçant la sympathie du plus grand nombre.
A ce compte, tout le monde est populiste.
Voilà encore une belle foutaise soulevée pour faire du vent.
Si l’extrême droite donne quelques inquiétudes aux « vrais » démocrates, c’est parce qu’on a fait des lois l‘empêchant d’exprimer ce qu’elle ressent, sans se voir aussitôt, passible d’une éventuelle poursuite judiciaire.
Voilà des années que je l’écris : ces lois, loin de concourir à rendre de la clarté dans les débats sur les libertés, empêchent de savoir qui est qui. Elles rendent les plus mauvais services aux vrais défenseurs de la démocratie qui ne connaissent leurs adversaires que parce que des chefs de partis les désignent comme tels.
Parmi les invités des ineffables Maroy et Gadisseux, Olivier Basile, directeur de Reporters sans Frontières à Bruxelles (RSF) a tenu quelques propos intéressants.
Lors d’une interview en 2011, il avait déjà laissé entendre sur la question de la liberté de la presse, que parmi les 27 pays de la Communauté européenne, il y avait une dégradation de la liberté. Parmi les mauvais élèves, il citait la Roumanie, l'Italie, mais aussi... la France. Ce dimanche, il a complété la liste en citant le cas de la RTBF qui, en accord avec d’autres médias, a conclu une sorte de pacte selon lequel « elle ne recevrait pas l’extrême droite ».
Sans doute, l’extrême droite étant ostracisée par le boycott des partis également, ses troupes sont-elles réduites à quelques poignées d’activistes en Belgique. Devant les succès en France de Marine Le Pen, 18 % de vote au premier tour de l’élection présidentielle, cela devenait difficile d’organiser un débat sur le populisme et ne pas inviter un membre de l’extrême droite. On a donc fait place sur le plateau de Mise au Point à Modrikamen, co-fondateur du « Parti populaire ».
Force est de constater que le MR Alain Destexhe, un habitué du dimanche, était assez proche des thèses de l’extrême droite. C’est très utile pour se faire une opinion que tous les partis aient un représentant qui puisse s’exprimer de façon égale, au même titre que les autres participants.
Il aurait été inconvenant, puisqu’on dérogeait à la règle du boycott pour Modrikamen, de ne pas inviter dans ces conditions, un membre de l’extrême gauche. Ce fut le cas de Raoul Hedebouw du PTB.
On comprend la réticence des partis de débattre avec des représentants de l’extrême droite, c’est qu’ils n’y sont pas préparés. Les arguments sont inadéquats, de sorte qu’ils tombent plus facilement dans la dénégation pure et simple, avec haussement d’épaules et gestes de mauvaise humeur.
Marie Arena pour le PS et Anne Delvaux pour le CDH s’envoyaient des regards complices, tandis que Modrikamen leur balançait ses fausses solutions sur de réels problèmes. Seul Javaux d’Ecolo, malheureusement dans un flux oratoire trop rapide, donnait une meilleure impression que ces deux rentières du parlementarisme alimentaire.
On n’est plus au temps de Périclès. La démocratie a du plomb dans l’aile depuis qu’on s’est aperçu à la crise de 2008, que le pouvoir économique dicte sa loi. Comme la croissance est nulle, chacun s’accorde à penser que le modèle actuel de la démocratie ne convient plus.
Malheureusement, les partis traditionnels n’ont pas encore intégré la nouvelle donne. Ils s’accrochent aux anciens schémas, se défendent mal contre le Front National, puisqu’ils ne conviennent pas du fait qu’un changement important des relations entre le travail et le capital est une urgence, et que le Front propose des solutions. Elles sont inacceptables, certes, mais les partis traditionnels dans leur déni, les ignorent. Au lieu de les contester par des arguments, ils les réfutent en haussant les épaules.
Comme le public se méfie dorénavant des partis qui l’ont conduit à la situation actuelle, il a tendance à s’affilier au Front, puisqu’on ne lui propose rien d’autres, sinon des solutions d’extrême gauche, dont il ne se sent pas encore assez proche pour y adhérer.
Autre erreur de bravache, nos partis de gouvernement ont la fâcheuse tendance à ne jurer que par l’Occident qui détiendrait les secrets de l’ADN de la démocratie des premiers âges.
Comme Javaux, ils n’ont qu’à se proclamer « progressistes » un mot valise, comme « populisme » est à tiroir, pour faire croire qu’ils sont les uniques détenteurs du progrès.
Eh bien ! c’est faux. Et si les partis de gouvernement ne se réforment pas rapidement, ce qu’ils baptisent « illusion », le mélanchonnisme en France et plus modestement, le hedebouwisme en Belgique, pourraient devenir les seuls partis d’opposition à la montée de l’extrême droite, renforcée des partis de droite, comme le MR, et plus près d’une échéance qu’on ne le pense, d’un UMP défait par François Hollande.